La communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest a-t-elle mis la charrue avant le bœuf en décidant de la saisine de l’ONU pour l’envoi d’une force internationale au Mali ? En tout cas, l’on apprend de sources proches de la Primature que cette décision revient au Premier ministre Cheick Modibo Diarra qui, après ses visites, ce vendredi, à Niamey et à Ouagadougou, se positionnera par rapport à la saisie des Nations Unies et déterminera les besoins de défense du pays, aussi bien en termes de troupes que d'armements pour la libération des régions du Nord du Mali.
Après son périple en Algérie et en Mauritanie, du 14 au 17, avec une escale à Paris pour rencontrer le ministre français, Laurent Fabius, et celui de la transition Dioncounda Traoré, le Premier ministre, Cheick Modibo Diarra, bouclera sa série de visites ce vendredi aux pays du champ où il est attendu, selon des sources primatoriales, dans les capitales nigériennes et burkinabè pour y rencontrer les Présidents Mahamadou Issoufou et Blaise Compaoré.
Objectif : consulter chacun des chefs d’Etats de ces différents pays, qui partagent avec le notre un État-major commun, par rapport à toutes les options qui sont à disposition, pour faire face aux dangers communs, à savoir le terrorisme, le narcotrafic et la criminalité transfrontalière.
Avec le président nigérien, le Premier va certainement a évoqué la sécuritaire qui préoccupe nos deux pays, la menace terroriste au nord du Mali, avec, en toile de fond, les dispositions à prendre pour conjurer cette situation.
Pas plus la semaine dernière, Mahamadou Issoufou s’est longuement entretenu avec le Président Français sur cette même question au cours de sa visite à Paris.
«Il y a une menace d'installation de groupes terroristes au Nord-Mali. Il y a une intervention extérieure qui déstabilise le Mali, qui installe des groupes dont la vocation est une intervention qui va bien au-delà du Mali, en Afrique et peut-être au-delà», a dit François Hollande. Avant d’ajouter : «Cette menace existe, c'est aux Africains de la conjurer, à eux de décider».
De la réponse à donner à cette situation, la position du voisin nigérien est déjà connue. S’inscrivant dans la logique de la CEDEAO et l’UA, le Niger souhaite l’ONU voir l'ONU adopter une résolution autorisant le recours à la force au Mali.
«Je ne vois pas comment le Conseil de sécurité refuserait cette intervention. On sait que cette résolution nécessite consultations et concertation. Cela prendra du temps. Mais il ne faut pas non plus que cela s'éternise dans des débats sans fin, car les djihadistes sont en train de se renforcer», a soutenu le président nigérien dans une interview au Journal du Dimanche.
A Ouaga, les discussions porteront avec le médiateur sur les points de la médiation avec les différentes délégations de groupes armés, MNLA et Ançar Dine, que le président Blaise a reçus au cours de la semaine pour échanger autour des possibilités d’une sortie de crise au Mali.
En tout cas, selon des sources très au fait du dossier, le chef de l’Etat burkinabè a foi en une solution négociée. Ses médiations passées lui ayant relativement réussi avec en prime les lauriers glanés çà et là, on comprend donc qu’il tienne à réussir cette énième négociation dont l’échec pourrait quelque peu ternir sa réputation.
Un autre point qui sera au centre des discussions : l’approche choisie par le président du Faso dans la résolution de la crise malienne. Un des volets de cette approche étant l’accompagnement financier de la communauté internationale dans la mise en œuvre de la feuille de route de sortie de crise.
C’est dans ce cadre justement que le ministre des affaires étrangère, Djibril Bassolé, a rencontré le corps diplomatique accrédité au Burkina dans la soirée du mardi 19 juin 2012 à Ouagadougou.
«Nous avons discuté avec eux de la nécessité de créer un groupe d’amis de la médiation au Mali, qui va accompagner diplomatiquement et politiquement l’ensemble des actions que va entreprendre le président», a indiqué Djibril Bassolé à la fin de la rencontre.
Selon lui, c’est une sorte de groupe de contact international qui sera mis en place pour accompagner Blaise Compaoré dans la médiation au Mali. Il s’agit aussi de créer un mécanisme de soutien financier à l’ensemble des médiations menées au niveau de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Car, affirme M. Bassolé, «la médiation coûte chère. Nous avons besoin d’organiser des séances de discussions, des séminaires avec l’ensemble des mouvements rebelles. Et toutes ces rencontres entraînent des coûts financiers énormes. Nous voulons donc qu’ils nous aident à financer la médiation.»
En tout état de cause, malgré tout ce ballet diplomatique sur le terrain, l’on apprend des sources proches de la primature que le dernier revient au Premier ministre Cheick Modibo DIARRA.
D’après ces mêmes indiscrétions, c'est après consultations de ces deux derniers pays concernés en partie par crise au Nord que le gouvernement pourra déterminer les besoins de défense du pays, aussi bien en termes de troupes que d'armements.
Ce sont ces consultations, poursuivent ces sources, qui vont aussi permettre au chef du gouvernement de transition de se arranger par rapport à la saisie des Nations Unies pour l'envoi d'une force internationale en appui à l'armée malienne bientôt engagée pour la libération des régions du Nord-Mali
En attendant que l'armée malienne se décide à donner l'assaut ou que les autorités de la transition donnent leur aval pour l'intervention d'une force internationale sous la bannière des Nations unies, les observateurs s’interrogent sur la pertinence des négociations avec ces fondamentalistes quand bien même on soit d’avis que l’option militaire n’offre pas, elle non plus, toutes les garanties de retour rapide à l’unité et à la paix au Mali.
En tout cas, le ver est dans le fruit et il va falloir beaucoup d’ingéniosité pour l’en extraire avec le moins de dégâts possibles.