Deux jours après avoir déposé le Président de la Transition et son Premier ministre, l’ex CNSP dont la dissolution n’était que virtuelle, a apporté des clarifications, par la voix du commandant Baba Cissé, conseiller spécial pour la Communication du vice-Président de la
transition Assimi Goïta, qui a animé un point de presse dans les locaux du Palais présidentiel. Objectif : justifier les destitutions du Président de la transition, Bah N’daw, et de son Premier ministre Moctar Ouane.
D’emblée il a précisé que le Président de la transition et son Premier ministre ont démissionné de toutes leurs charges et avec toutes les conséquences de droit. Ces démissions, a-t-il ajouté, font suite à une série d’évènements ayant empêché le fonctionnement normal de la
transition. Et le Vice-Président, à en croire son conseiller, aura tout essayé pour ne pas en arriver à ce niveau.
Les différents problèmes rencontrés, selon le Commandant Cissé, allaient affecter dangereusement l’unité et la cohésion au sein des forces de défense et de sécurité et les conduire à l’effritement. « Il y a eu des limogeages ou des changements abusifs (…). Cela allait avoir pour conséquences la démoralisation des troupes et une certaine rupture dans la chaîne de commandement », a déclaré Baba Cissé. Toutes choses qui, selon lui, pouvaient aboutir à des conséquences sécuritaires fâcheuses.
Et le commandant d’ajouter qu’à chaque fois que le Vice-Président Assimi Goita a pris des initiatives dans le sens du renforcement de la sécurité des Maliens, il en a été empêché par le Président Bah N’Daw officiellement et officieusement. Le Président bloquait Assimi dans
toutes ses initiatives, déploré le conseiller spécial en relevant l’opposition de Bah N’Daw à l’arrestation de dignitaires identifiés par les militaires pour leur mauvaise gestion des affaires militaires du pays, notamment dans la gestion de la loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM). Le Président de la Transition aurait ainsi bloqué l’ouverture d’une enquête contre les délinquants financiers du régime déchu. Le Président déchu est également accusé
de violation de la Charte de Transition, en procédant notamment à la reconduction du PM et à la nomination dans le gouvernement de ministres de la Défense et celui de la Sécurité. Selon le conseiller Cissé, Bah N’Daw, devrait consulter son vice-Président chargé des questions de défense et de sécurité par la charte ne l’a pas fait.
Pis, les deux ministres choisis à ces postes n’auraient aucune maîtrise du terrain et aucun lien avec les hommes au front, a affirmé le commandant Cissé. Et ce n’est pas tout. Bah N’daw aurait également bloqué toutes les initiatives d’Assimi Goita allant quant à
l’amélioration des conditions des hommes qui sont au front. Même le chronogramme des élections avait été bloqué par le Président de la transition, aux dires du Commandant Cissé. Comme pour remettre en cause la compétence du duo déchu, le Commandant Cissé s’est interrogé sur l’opportunité d’une démission du gouvernement au moment où la plus grande centrale syndicale était en grève.
Sur la gestion du pays, Bah N’daw est également accusé de carence intellectuelle pour n’avoir jamais tenu de séminaires gouvernementaux.
Et de préciser que certains ministres se sont même plaints face à cette situation.
Quant au Premier ministre, il lui est attribué «une gestion problématique et clanique» de l’État.
Face à cette posture du Président de la transition susceptible de moraliser les troupes, il fallait agir pour redresser la Transition et pouvoir tenir les élections selon le chronogramme et le calendrier prévus. Et c’est ce qu’a fait le Vice-Président, en sa qualité de soldat et garant de la stabilité, a soutenu son conseiller spécial. En attendant la version et la part de vérité de Bah N’Daw ses sur ses 9 mois de gestion, tant de questions brûlent actuellement les lèvres quant à une crise de loyauté plus profonde entre Bah N’daw et Assimi Goita, lequel était allé le cueillir dans son champ pour le porter à la tête du pays.