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Au Mali, le camp prorusse de plus en plus audible
Publié le mardi 1 juin 2021  |  lacroix
Marche
© aBamako.com par AS
Marche du mouvement panafricain
Le Mouvement Panafricain a organisé le vendredi 10 Janvier 2020, une marche contre la présence des forces étrangères au Mali.
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Depuis le coup de force des militaires contre le pouvoir exécutif de la transition au Mali, le 24 mai, des voix réclament le départ de la France et son remplacement par la Russie. Les récents propos d’Emmanuel Macron entrouvrant la voie à un possible retrait des troupes françaises du Mali sont perçus par eux comme une « bénédiction ».

Avec un sourire large, il a lu dans les médias français les propos d’Emmanuel Macron, dimanche 30 mai, menaçant de retirer ses troupes du Mali si « l’islamisme radical » s’étendait dans le pays. Adama Ben Diarra – dit « le Cerveau » –, leader du mouvement prorusse, savoure cette sortie du président français avec qui, pour une fois, il est « entièrement d’accord ». Une aubaine, même, pour le combat qu’il mène depuis des années.

Vendredi 28 mai, il avait organisé une manifestation à Bamako pour afficher son soutien aux ­putschistes et réclamer que la Russie supplante la France dans le conflit malien. Un millier de personnes avaient participé à ce quatrième rassemblement du genre en trois jours, dont deux devant l’ambassade de Russie, le dernier s’étant tenu à Kayes, dans le sud du pays. Une nouvelle mobilisation, prévue jeudi 3 juin, entend maintenir « la pression ». Adama Ben Diarra espère à terme mobiliser deux millions de Maliens, en particulier la jeunesse, pour « la Russie ».

Un acte patriotique pour contrer la France

Ce n’est certes pas la première fois que ce membre du Conseil national de transition (CNT), organe législatif de la transition, annonce de tels chiffres. Mais lui et son mouvement en ont, jusqu’ici, toujours été très loin. « Quand nous parlions de la Russie, nous étions traités de noms d’oiseaux, qualifiés de plaisantins, explique-t-il. Aujourd’hui, le peuple a compris notre combat, nous espérons que les autorités le comprennent aussi. »

Au sein de la société, le débat est remis au goût du jour depuis le 24 mai : aux premières heures du coup de force de l’armée et de son homme fort, Assimi Goïta, devenu depuis président du Mali, plusieurs pages à forte audience sur les réseaux sociaux se sont appliquées à présenter cet épisode comme un acte patriotique pour contrer la France.

« L’ex-président de la transition Bah N’Daw et son premier ministre Moctar Ouane étaient à la solde de la France. C’est elle qui leur a demandé d’écarter les deux colonels » du gouvernement, affirme l’une de ces pages. Sadio Camara, ministre de la défense dans le premier gouvernement de la transition, est réputé proche de la Russie où il s’est formé trois ans. Sa mise à l’écart, comme celle de Modibo Koné, a été le déclencheur des événements ayant conduit à l’arrestation, puis à la démission, des chefs de l’exécutif.

« Nous ne voulons plus de partenaire demi-dieu »

« Nous n’avons aucun doute que les nouvelles autorités s’ouvriront à la Russie qui, par la voix de son ambassadeur, nous a confirmé se tenir prête », assure Adama Ben Diarra, qui en veut pour preuve que leurs manifestations autrefois interdites ne le sont plus. Un signe, pour lui, « que nous regardons dans la même direction ».


Les partisans d’une intervention russe se disent conscients que ce ne serait pas par pure charité. « Nous connaissons les réalités des relations d’État à État, les intérêts priment. Toutefois, avec la Russie ce sera un partenariat gagnant-gagnant », veut croire Kibili Demba Dembélé, dont la plateforme Waati Sera porte aussi le discours prorusse. « Nous ne voulons plus de partenaire demi-dieu qui, même en cas de bavure, ne rend point de compte », fait-il valoir.

De bonne guerre, analyse le sociologue Bréma Ely Dicko, enseignant-chercheur à la faculté de Bamako, pour qui le Mali est un grand marché où chaque grande puissance militaire veut tirer son épingle du jeu. « Nous avons des équipements militaires du Brésil, de la Chine, de la Russie et d’ailleurs, dit-il, un grand jeu de pouvoir et d’intérêts. »

la-croix.com
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