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Menace de retrait de Barkhane : Quand Macron heurte les Maliens !
Publié le jeudi 3 juin 2021  |  L’aube
Arrivée
© AFP par CHRISTOPHE PETIT TESSON
Arrivée du Président Français, Emmanuel Macron à Gao
Le Président de la République Française, Emmanuel Macron est arrivé à Gao le 19 Mai 2017 pour une visite à la force Barkhane.
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Dans un entretien accordé au Journal du DIMANCHE, la semaine dernière, le Président français Emmanuel Macron laissait entendre que la Fiance retirerait ses troupes si le Mali allait “dans le sens” d’un islamisme radical. Cette déclaration du Chef de l’Etat français a provoqué une vague d’indignations au sein de l’opinion publique. Non au chantage, clame-t-on à Bamako.
En effet, Emmanuel Macron a assuré, dans un entretien au Journal DU DIMANCHE, qu’il envisageait un retrait de Barkhane si le Mali allait “dans le sens” des jihadistes. Ces propos du Président français ont immédiatement attiré les foudres d’une frange importante de citoyens Maliens.

Aussi, ce Médecin ophtalmologue IT nous confie : « Il faut que Macron se met en tête que les Maliens ont une dignité. Ils n’accepteront jamais ni de chantages encore moins la soumission. Si la France veut se retirer, elle n’a qu’à retirer dès aujourd’hui la force Barkhane et les Maliens survivrons après eux. Et même dans le pire cas si les djihadistes envahissaient Bamako, les populations Maliennes sauront apporter les réponses idoines sans le concours de Macron ». Un Officier de l’armé à la retraite renchérit : « On en a marre des chantages venant de Paris. Si les troupes françaises se retirent, les Maliens trouveront un compromis avec Iyad et Kouffa ».

Même colère chez Ali Bah, Gestionnaire pour qui le Président français a manqué de respect envers le Mali. « Macron nous traire comme des enfants immatures. Il se comporte comme si le Mali était une préfecture de la France. Pour lui, nous serions incapables de survivre », s’indigne-t-il.

Selon Etienne Sanogo, Gérant d’une société de gardiennage ; les propos d’Emmanuel Macron sont une insulte à l’ensemble des Maliens : « Nous ne pouvons tolérer que notre pays soit mis sous tutelle et que c’est la France qui décide de son agenda. Les propos de Macron ne sont qu’un chantage au quel nous ne dévons pas céder. Il est temps que l’on s’assume ».

Montée en puissance du sentiment anti-français

Le constat est là : cette sortie d’Emmanuel Macron contribue à développer plus le sentiment d’hostilités à la France qu’autres choses.

En effet, pour beaucoup de citoyens, les sorties de Macron ont pour objectifs de réduire au silence les voix dissonantes qui s’élèvent à Bamako à propos de la présence française au Mali. Et cacher le double « jeu de la France » dans notre pays.

Ainsi, applaudie en 2013, la France a vite perdu l’estime que lui vouaient les populations maliennes. Celles-ci la suspectent de prêter main forte aux rebelles de Kidal.

Aussi, dans les rues de Bamako, ils sont nombreux à penser à une duplicité de l’Hexagone. Pour beaucoup, le Nord du Mali, plus précisément la Région de Kidal, serait le symbole du « jeu trouble » auquel s’adonnerait la France au Mali. Les Maliens ne comprennent pas toujours pourquoi, à l’entrée de Kidal, les troupes françaises avaient interdit l’accès des troupes maliennes, pour en reprendre le contrôle.

Aussi, au sein de l’opinion malienne, l’on est convaincu que la rébellion touarègue a fait un compromis avec l’OTAN et la France en abandonnant Kadhafi en pleine crise libyenne. Le marché était que si elle quittait le Sud de la Libye, la France l’aiderait au mieux dans ses revendications au Mali. Vrai ou Faux ? Au vu de certains évènements troublants, l’on est tenté de croire à la thèse du complot contre la République du Mali. Mais pas explicitement par la France.

Aussi, combattu par leurs Alliés djihadistes, Serval, dans son intervention pour libérer le Mali, a permis la régénération du MNLA. Et certains médias français se sont investis pour séparer théoriquement ce mouvement des djihadistes. Alors que, lors de l’occupation du Nord, les populations locales se sentaient beaucoup plus en sécurité avec AQMI et MUJAO qu’avec le MNLA qui violait, pillait, volait et tuait sans état d’âme. Autant d’actes qui ont longtemps cristallisé la colère des Maliens contre la puissance colonisatrice. Et le fossé s’élargit, au rythme des actions de Barkhane en faveur de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), chaque fois que celle-ci est menacée.

L’autorité de l’État n’a pas été retrouvée (à Kidal) et ne peut pas l’être, puisque la France l’interdit.

La montée en puissance du sentiment anti-français au sein d’une large frange de l’opinion publique s’explique aussi par l’inefficacité des forces barkhane à sécuriser les populations civiles dans le Nord du pays. Il est clair pour chacun que le Nord n’est aujourd’hui ni plus sécurisé, ni plus stable qu’au moment du déploiement de Barkhane. La quantité de victimes civiles et militaires du terrorisme est en constante croissance et la zone d’actions des groupes armés s’est considérablement élargie. La réalité est qu’il semble difficile pour de nombreuses populations de croire que les troupes Barkhane, eu égard aux moyens considérables dont elles disposent, soient réellement incapables de réduire le pouvoir de nuisance des groupes armés terroristes ou, du moins, de les protéger contre ces groupes.

Au-delà, la question majeure qui se pose aujourd’hui est savoir ce que font les militaires français déployés au Nord du Mali ?

Mémé Sanogo
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