La CEDEAO dans son idéal restera une institution qui défendra toujours les principes de la démocratie. Mais la CEDEAO, certes avec ses textes précis, fonctionne malheureusement selon la volonté des chefs d’Etats qui la composent et non un réel système qui régit les intérêts des populations communautaires. La situation actuelle qui prévaut au Mali impose qu’on se pose de réelles questions sur le positionnement de la CEDEAO face aux coups d’Etats.
Comment éviter de tomber sous les sanctions qui n’ont que des effets sur la population et non sur les véritables auteurs ? L’union sacrée autour de la nation est une méthode qui marche le mieux pour contrer sinon empêcher la CEDEAO d’aller à des sanctions controversées (on suspend le Mali mais on lui demande de désigner un PM civil immédiatement), est-ce une sanction ou une pression ?
Dans un régime démocratique, il est normal de voir la CEDEAO s’agiter et prendre des sanctions contre les auteurs d’un renversement de pouvoir par les armes, mais quand un pouvoir conquis par les armes est déposé par les mêmes armes, il y a lieu de se demander ce qui n’a pas marché et de voir comment rectifier la situation. « Quand les hommes en armes s’imposent aux politiques au Mali » à l’instar du Tchad des années 1970, la prolifération des politico-militaires devient monnaie courante. Souvent les hommes en armes deviennent des solutions pour le salut du peuple. Le peuple malien trouverait-il le sien avec le Colonel Goïta ? L’affirmatif serait la meilleure des choses qui puisse arriver au peuple malien, mais ce serait sans compter sur les défis majeurs de la transition actuelle.
Pour les uns, l’organisation d’élections transparentes suffirait à donner une bonne note à la transition ; pour certains, il faut d’abord résoudre la question sécuritaire avant toute autre chose. Alors que pour les autres, il faudra mettre à profit la transition pour faire le toilettage des textes et remettre les pendules à l’heure en vue d’une gouvernance réussie. Un dilemme qui fait planer le doute sur le respect de la durée de la transition avec les dates déjà proposées.
Il est désormais temps que la CEDEAO comprenne qu’il est aussi beaucoup plus important de dénoncer et de sanctionner les chefs d’Etats auteurs de mauvaises gouvernances comme de tripatouillages constitutionnelles pour s’octroyer un troisième mandat que leurs constitutions interdisaient. Une telle sanction contre des dirigeants véreux, n’est-elle pas plus utile pour asseoir et renforcer le système démocratique dans les pays membres de cette institution sous-régionale que de sanctionner les peuples des Etats qui la composent. Ces peuples sont en réalité assoiffés de justice et de bonne gouvernance.
Un peuple offusqué ne peut qu’adresser des signaux d’opposition aux dirigeants. Ces oppositions sont menées en : usant du droit de vote ; intervenant dans les médias ; participant à des débats publics ou à des opérations de boycott (sentiment anti-français par exemple) ; organisant des manifestations de rue (M5 RFP) ; usant des armes (actuel cas malien) .
Lorsque les règles du jeu démocratique ne sont pas respectées par les autorités qui gouvernent, l’alternance au pouvoir devient difficile voire impossible. En ce moment que reste-t-il pour l’obtenir ? Les insurrections populaires ou les coups de force. Or par principe les coups d’Etat sont proscrits par la CEDEAO et l’ensemble de la communauté internationale. Est-ce vraiment juste d’adopter systématiquement une telle position, sans aucun discernement ?
Chère CEDEAO, le cas malien est un cas pratique qu’il faut traiter avec discernement mais surtout avec la souplesse diplomatique. Cela vaudra mieux que les pressions et les menaces. D’ailleurs, nous disons merci à la CEDEAO pour avoir, une fois au moins, ouvert les yeux en décidant d’accompagner le Mali que de lui infliger des sanctions.