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Les humeurs de Facoh : Bruits et rumeurs autour du nouveau découpage administratif
Publié le samedi 5 juin 2021  |  Mali Tribune
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Le Mali actuel, qui porta plusieurs noms durant la domination française, résulte de nombreux découpages administratifs et territoriaux de la période coloniale à ce jour. L’autorité coloniale, qui se disait démocratique à souhait, tout au moins en métropole, ne porta pas de gant pour faire les réformes nécessaires à sa domination, que cela plaise ou non aux colonisés qui passèrent du statut de sujets de l’empire français à celui de citoyens à partir de 1946.
Pour rappel, l’ancienne France féodale est devenue moderne par les réformes de la révolution de 1789 et celles de l’empire de Napoléon Bonaparte. Les autres régimes politiques qui suivirent jusqu’à la Vè République, ont patiemment amélioré cette copie jusqu’à donner à ce pays sa configuration administrative actuelle.

Le Mali passa de 6 régions administratives en 1960 sous Modibo Kéita à 8 sous Moussa Traoré et des applaudissements accompagnèrent toutes ces réformes. Mais maintenant que le pays est sous tension politique et que des conflits communautaires s’étalent un peu partout, la moindre prérogative de l’Etat, y compris dans le domaine régalien est perçue comme une trahison quand l’idée ne se répand pas que les hommes et les femmes à l’origine de ces initiatives ont vendu les territoires visés aux plus offrants.

Les opportunistes politiques s’agitent pour rien sinon la ville de Bamako fut érigée en district en 1978 sans consultation populaire et cela passa comme une lettre à la poste. De la même manière Kidal devint une région sous Moussa Traoré et personne ne contesta cette décision. De manière générale les manières de la démocratie de s’asseoir et de parler ensemble donnent la voix aux opportunistes et aux contestataires de jeter de l’opprobre sur les prérogatives de l’exécutif.

Que la région de Koulikoro englobe des zones aussi dissemblables que Kangaba et Doïla, cela résulte d’une incongruité administrative rarement observée en droit administratif. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres et on peut en dire autant à Kayes ou à Sikasso. Les contestataires du nouveau découpage proposé oublient certainement qu’une décentralisation est en cours depuis 1996 et que les mesures préconisées visent à corriger les imperfections de ce système.

Sur les 700 et quelques communes créées en 1996, plus de 100 ont été mal découpées et engendrent maintenant de multiples problèmes de survie. Dans les pays sérieux où la mission de service public est de rigueur, les réformes administratives font appel à l’expertise des professionnels du droit administratif et non aux harangues des hommes politiques plus soucieux des résultats électoraux que de l’amélioration de cadre administratif. Une réforme administrative n’est jamais faite selon l’humeur d’un groupe d’hommes mais plutôt par nécessité administrative réelle.

Reste à savoir si ces réformes sont du ressort d’un gouvernement de transition qui balance entre terrorisme, insécurité, islamisme et coups d’Etat à répétition et dont les chefs ont du mal à se faire reconnaitre par la communauté internationale.



Facoh Donki Diarra

écrivain Konibabougou
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