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Suspension des opérations conjointes Barkhane-Fama : Quand les sentiments pro et anti ‘‘français et russes’’ polarisent les débats
Publié le lundi 7 juin 2021  |  L’aube
Célébration
© aBamako.com par FS
Célébration du 1er anniversaire du M5-RFP
Le M5-RFP a célébré son anniversaire le Vendredi 4 Juin 2021 sur la place de l`indépendance.
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Paris a décidé de suspendre temporairement toute opération bilatérale dans les Région du Nord de notre pays avec les troupes maliennes sur le front contre le terrorisme. Mesure ayant suscité des réactions au sein des populations maliennes.
A l’instar du Gouvernement américain, Paris vient de commencer à appliquer sur le terrain ses menaces de sanctionner Bamako pour avoir violer la charte de la transition mise en place sous l’égide de la communauté internationale suite au renversement du Régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta, en août 2020.

En effet, dès les premières heures de la démission du Président de la Transition, Bah N’Daw, et de son Premier Ministre, Moctar Ouane, de leurs prérogatives, le lundi 24 mai 2021, le Président français, Emmanuel Macron, a émis des condamnations du putsch qu’il a qualifié d’un « coup d’Etat dans le coup d’Etat » que la France ne cautionnera pas tout Gouvernement illégitime et n’accompagnera pas le Mali dans aucune logique de composition avec les terroristes.

La France “a décidé de suspendre les opérations militaires conjointes avec les forces maliennes”, a communiqué, jeudi 3 juin dernier, le Ministère des Armées, tout en précisant que cette mesure est prise à titre conservatoire. Donc, dans l’attente des « garanties » concernant le retour des civils au pouvoir à l’issue des élections prévues pour la période de décembre 2021 à avril 2022 inclusivement. Une sanction prise pour faire pression sur le nouvel Homme fort de Kati, Colonel Assimi Goïta, et ses compagnons d’armes afin que soit restauré l’ordre constitutionnel en vigueur au cours de cette période transitoire, troisième du genre au Mali depuis l’avènement de l’ère démocratique en mars 1991.

Face à cette situation, les commentaires et interprétation vont bon train du côté de l’opinion publique nationale. Les Maliens font des réactions partagées ; car, pour les uns, il est temps que le Mali assume sa souveraineté nationale en se dotant d’une Armée dans les conditions requises et à la hauteur de sa mission régalienne pour que le pays soit libéré des mains des mouvements terroristes et sécessionnistes, etc. Tant disque pour d’autres, il faut rompre directement avec la France au profit de la Russie.

Pour la troisième et dernière tendance, ce n’est ni le moment ni la manière de rompre cette coopération militaire franco-malienne ; car, non seulement très vieille et ancrée mais aussi et surtout notre pays est, au plan militaire, sécuritaire et financier, en position de faiblesse très profonde. Donc, étant un pays indépendant et souverain, le Mali peut coopérer avec tout autre pays mais sans sacrifier subitement les acquis avec ses partenaires traditionnels dont la France et l’Amérique au profit de la Russie. Là-dessus, des réactions :

Pour Ibrahima Sacko, un Analyste politique : « Ce genre de rupture de coopération militaire va laisser un vide sur le front qui n’arrange les FAMA opérant avec des moyens très précaires face aux mouvements terroristes très armés et maitrisant bien le terrain sableux et désertique. Ce qui veut dire que si l’Armée malienne ne comble pas vite ce vide laissé par les troupes françaises, ce sont les terroristes et les autres groupes radicaux qui vont s’implanter et chercher à s’enraciner sur le terrain puisque la nature même n’aime pas le vide. Donc, l’annonce de cette suspension, même étant à titre conservatoire, ce fut un coup de tonnerre, pour moi ; puisque les FAMA, malgré toute leurs bravoure et sens inné du patriotisme, ne peuvent à seules tenir longtemps ou jusqu’au bout face à cet ennemi du genre terroriste ».

Pour Madani Sidibé, Muezzin : « A cause de la persistance des tueries et attaques des terroristes dans nos Régions du Nord et du Centre toujours sous occupation et de l’aggravation du phénomène d’insécurité dans l’ensemble de notre pays alors que les troupes étrangères du monde entier sont au chevet du Mali, je demande l’évacuation de la Barkhane. Ces Français n’ont qu’à rentrer chez eux pour que les Russes assurent la relève ou, s’il le faut même, qu’advienne ce qui pourrait. Les terroristes n’ont qu’à venir jusqu’à Bamako ici nous trouver. Puisque le pays est malade de la mauvaise gouvernance, de la corruption et de l’injustice sociale, les terroristes n’ont qu’à venir, ils nous trouveront ici. Nous les populations, nous sommes prêts et engagés à défendre notre pays seul sans la France et les autres Blancs. Le Mali est notre pays, on le défendra jusqu’à la victoire totale ou la mort ».

Pour Jean Pierre Kéïta, Professeur d’Université : « Moi, objectivement parlant, je trouve que cette suspension n’est pas une bonne chose pour la coopération militaire qu’entretient depuis de longues dates notre pays avec la France. E pareilles circonstances, les ruptures ne doivent se faire comme on le pense. Car, n’oublions pas que le Mali est en état de guerre ; or, les troupes russes ne peuvent être parachutées sur un terrain inconnu à l’improviste. Aussi, il y a des procédures et préalables en termes de signature de coopération et partenariat ou convention de défense militaire qui sont un passage obligé. Ensuite, cette coopération militaire avec la France repose sur des textes t protocoles d’accord bien définis. De ce fait, toute rupture unilatérale ou de manière brusque entrainerait des conséquences négativement répercutâtes de part et d’autre. Enfin, n’oublions pas que le Mali et la France coopèrent rentablement aussi dans les autres domaines du Développement socioéconomique. Dans l’aide au Développement, la France apporte un grand appui au Mali. Dans la coopération multilatérale et au plan diplomatique, Paris intervient beaucoup aux côté de Bamako… ».

Pour Issa Cissé, Journaliste : « Ce n’est pas surprenant, cette mesure conservatoire de Paris. Car, le Président Emmanuel Macron avait ouvertement alerté qu’il ne restera pas du côté d’un pouvoir illégal et que la France soutiendra toute mesure envisagée par la CEDEAO et l’UA. Mais, vu la profondeur de la crise que notre pays traverse actuellement, ce genre de sanctions n’est pas du tout bien pour nous. Puisque la France épaule beaucoup le Mali tant au plan bilatéral qu’auprès des organismes et institutions spécialisés de la Communauté internationale. En plus, en 2013, les troupes françaises ont joué un rôle clé dans la libération du Nord du pays tombé aux mains des terroristes et du MNLA. C’est à la demande de l’ancien Président de la transition, Professeur Dioncounda Traoré. En fait, à mon avis, tous ces efforts et sacrifices consentis ne doivent pas être voués à l’échec ».

Djankourou
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