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Crises sans fin : Les démocrates maliens, une génération maudite
Publié le lundi 7 juin 2021  |  L’Inter de Bamako
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Ils sont là, toujours là. Et tant qu’ils sont là, le Mali n’aura jamais la stabilité souhaitée. Il s’agit des vrais faux démocrates maliens qui ont transformé le Mali en pays de crise permanente pour la satisfaction et la préservation de leurs intérêts privés, égoïstes et haïssables. Et pour couronner le tout, ils ont mis leur intelligence au service du mal pour détruire tous les ressorts pouvant rassembler les Maliens autour de l’essentiel chaque que la patrie est en danger.
Installés au pouvoir à la suite d’élections tripatouillées, frauduleuses et contestées, les démocrates maliens dont le peuple malien avaient placé un immense espoir en eux après la chute du régime tyrannique du général Moussa Traoré, le 26 mars 1991, pour assainir le pays se sont révélés des démons. Ils ont tous saccagé au passage pour installer un régime dé prévarication, de prédation, de la dilapidation des biens de l’État dont ils sont les seuls à tirer les ficelles chaque fois qu’ils tombent en panne financière. Comme si cela ne suffisait pas, ils ont transformé le Mali en pays de crises sans fin pour leurs concitoyens qui ne cessent de tirer le diable par la queue. Et au même moment, c’est eux qui tirent les dividendes de leurs crises artificielles par la création des postes de médiateur, de négociateur, de haut représentant, d’envoyé spécial, président d’organisation de sommet, président de commission d’un événement…

On ne pouvait mieux attendre de ce groupe de bandits habitués au gangstérisme sous le règne de Moussa Traoré. Ils ont aidé le général à brimer, à torturer, à piller le peuple malien avant de se retourner contre lui quand certains d’entre eux ont senti que les fonds qu’ils ont détourné dépassaient tout entendement. Les cadres de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ), devenus milliardaires sous l’ère Moussa Traoré, ne diront pas le contraire. Un des leurs, directeur d’une grande compagnie d’État, avait logé le compte de cette société dans une banque parisienne. Aussi, avait-il l’habitude de placer l’argent de cette même compagnie sur le marché financier mondial. Un enrichissement illicite à un moment où les fonctionnaires maliens faisaient trois à cinq mois sans être payés. Le pot aux roses ne tardera pas à être découvert.

Informé par l’époux d’une cantatrice, un de ses amis, de la pratique mafieuse et de ce qui procure en termes d’argent au directeur, le général Traoré ordonne la fermeture du compte à Paris et son ouverture dans une banque de la place à Bamako. Début d’une brouille entre Moussa Traoré et ce groupe de malfrats qui profitent de l’ouverture démocratique pour regagner l’autre rive en accusant le général de tous les péchés d’Israël. Et un autre, pas des moindres, c’est enrichi bougrement dans l’organisation des manifestations sportives (construction du terrain de basket-ball de Ségou…) et culturelles. La liste est loin d’être exhaustive.

Et quand ils sont arrivés au pouvoir en juin 1992, ils ont continué avec les mêmes pratiques malhonnêtes, mais cette fois-ci en les sophistiquant. Alors que le slogan du combat contre la dictature de Moussa Traoré était le: «Kokadjè» (assainissement). Ils ont mis de côté les attentes des populations maliennes au profit de leur enrichissement personnel et égoïste. En un temps record, les démocrates sont devenus des milliardaires. Un rapport de la Banque mondiale révèle, en 1998 l’existence de vingt- cinq milliardaires dont seize fonctionnaires maliens, membres du pari au pouvoir. Et avant cette révélation fracassante de l’institution financière internationale, les élections bâchées de 1997 ont donné naissance à de beaucoup de millionnaires et des milliardaires dans les rangs du parti du président Alpha Oumar Konaré, l’ADEMA-PASJ, du milieu des affaires et du monde de fonction libérale.

Cette date, à n’en pas douter, est la première crise artificielle créée par les régimes ADEMA pour rallonger la liste de détournement des deniers publics. Et chaque année apporte son lot de désolation pour les Maliens, devenus à la longue des mendiants assistés. Et dès lors, le pays est abonné aux scandales politico- financiers impliquant les mêmes acteurs qui parviennent par la magie des textes qu’ils ont élaborés pour arrêter les délinquants financiers à se tirer d’affaire.

Les gouvernements successifs de l’ère démocratique ont tous connu leur gloire de crises financières créées sciemment pour saigner le Trésor public. Sous ATT, les ventes de la SOTELMA (180 milliards de F CFA), de la BIM sont passées par là. Avec IBK, le montant qui a servi à acheter l’avion présidentiel demeure encore un mystère (17 milliards, 19 milliards, 20 milliards de F CFA), l’achat des équipements militaires (1 230 milliards de F CFA), l’achat de l’engrais frelaté. Ici aussi, la liste est loin d’être exhaustive. En plus de cela, l’attribution des marchés de gré à gré, le fractionnement des marchés sont un dénominateur commun à la gestion de cette génération maudite de démocrates maliens.

Et la crise que nous vivons depuis 2012 a été planifiée par la génération maudite des démocrates maliens pour toujours maintenir sa domination financière sur leurs compatriotes. On se rappelle de la déclaration d’Alpha Oumar Konaré qui disait: ‘‘Une armée forte est une menace pour la démocratie’’.

Pour les observateurs avertis, cette déclaration a été le point de départ de la destruction de l’armée malienne et de son outil de défense. Bonjour les dégâts ! Dans leur quête de tout s’accaparer, ils ont détruit l’armée, gardienne de la souveraineté nationale, pour qu’elle ne puisse pas réagir en cas d’attaques extérieures comme ce fut le cas en 2012. Et ils n’ont raté cette aubaine quand notre armée a été attaquée par des narco- trafiquants et des djihadistes pour faire appel à des forces d’occupation extérieures.

Avec celles-ci, leurs affaires prospèrent bien. Des immeubles, des villas, des résidences cossues qu’ils ont construits avec l’argent volé au peuple sont loués aux personnels civils et militaires de la mission onusienne, de la Barkhane, etc. Ils sont prestataires de services (fournisseurs, plombiers, nettoyage, électriciens…) au nom des sociétés écrans. Les recrutements sont à leur bon vouloir dans les instances étrangères (enfants, parents, amis)…

Encore, dans leur tentative d’asservir le peuple malien, certains d’entre eux s’étaient rendus à Paris pour parler du sort du Mali alors qu’ils refusent ou s’opposent à un débat national autour des grandes préoccupations des Maliens. Pour ces gens-là, le Mali est devenu leur propriété privée. Ils en décident son sort quand ils veulent et au bon vouloir de leurs intérêts.

Comment peut-on faire confiance à de telles gens qui ne roulent que pour leurs intérêts individuels et nauséabonds ? C’est au peuple malien de tirer toutes les conséquences de la gestion de cette génération maudite de démocrates qui n’a pu construire ni école digne de ce nom, de logements décents, d’usines, créatrices de richesse et d’emplois. En un mot, restaurer l’honneur et la dignité du peuple bafoués au fil des ans.

Yoro SOW
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