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Suspension unilatérale des opérations conjointes avec l’Armée malienne : Macron viole le Traité de coopération en matière de défense entre le Mali et la France
Publié le mardi 8 juin 2021  |  Le Pays
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© aBamako.com par mouhamar
La signature de l`accord de coopération et de défense entre la France et le Mali
Bamako, le 16 juillet 2014 au MDAC.Ba N’Dao, ministre malien de la Défense et des Anciens combattants et Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense ont signé le nouvel accord de coopération et de défense entre les deux pays.
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La crise multidimensionnelle qui secoue notre pays depuis près d’une décennie continue malheureusement de livrer tous ses secrets. En effet, dans son incohérence à travers son principe démocratique à géométrie variable doublée de sa folie impérialiste, la France d’Emmanuel Macron a décidé de suspendre « à titre conservatoire et temporaire » toutes ses opérations militaires conjointes avec l’Armée malienne ainsi que ses missions de conseils au profit de celle-ci, une décision diversement appréciée au sein de la population malienne.


Si dans la forme, cette suspension unilatérale desdites opérations est justifiée par le double putsch perpétré dans notre pays par le chef du défunt CNSP en seulement huit mois, dans le fond cette décision de l’ancienne hexagone viole l’esprit du Traité de coopération en matière de défense entre la République française et la République du Mali communément appelé « Accord de défense », signé à Bamako le 16 juillet 2014. Car, l’article 24 dudit traité précise que tout différend lié à l’interprétation ou à l’application du traité est réglé par voie de consultations au sein du comité de suivi ou de négociations par la voie diplomatique entre les deux parties, un comité institué par l’article 6 du traité qui stipule clairement « qu’afin de donner une cohérence aux activités prévues par le présent traité, il est créé un comité de suivi co-présidé par un représentant civil ou militaire de chaque Partie. Il peut faire appel, en tant que de besoin, à des experts civils et militaires de chacune des Parties. Le mandat et le fonctionnement du comité sont déterminés d’un commun accord entre les Parties ».

En terme très clair, le comité n’ayant jamais vu le jour depuis la signature de l’accord, cette décision des autorités françaises est unilatérale et ne repose sur aucune base juridique. En effet, le traité n’évoque nullement les questions liées à la politique intérieure de notre pays surtout que dans un passé très ressent la même France dite des droits de l’homme avait applaudi des deux mains le coup d’Etat perpétré par des généraux tchadiens regroupés au sein du Comité militaire de transition (CMT) après l’assassinat du Marchal du Tchad, Idriss Déby Itno mettant en parenthèse l’ordre constitutionnel dans ce pays.

Principe démocratique à géométrie variable

Après cette fâcheuse jurisprudence, rien ne justifie cet acharnement d’Emmanuel Macron contre le Mali qui pousse d’ailleurs les observateurs les plus avisés à penser que cette décision tranche avec la volonté de l’organisation sous régionale (Cédéao) qui a décidé lors de son dernier sommet d’accompagner la transition malienne contrairement aux prédictions de certains mauvais esprits qui prévoyaient le pire pour le Mali après le coup de force ayant poussé le président de la transition à la démission. Aussi, de l’avis de ceux-ci, cette position de la France dans la crise malienne affiche clairement son incohérence à travers son principe démocratique à géométrie variable et sa folie impérialiste.

Précisons que l’alinéa 1 de l’article 2 du traité indique que « par le présent traité et dans le respect de leurs engagements internationaux, les parties s’engagent dans une coopération en matière de défense afin de concourir à une paix et une sécurité durables sur leur territoire notamment par la sécurisation des espaces frontaliers et la lutte contre le terrorisme ainsi que dans leur environnement régional respectif ». Donc, à ce titre, la suspension, si elle est consommée dans les conditions actuelles, interdit l’Armée française d’opérer seule sur le sol malien, car l’alinéa 1 de l’article 19 relatif au Déplacement et circulation des forces stipule que « les forces de l’Etat d’origine sont autorisées à entrer sur le territoire de l’Etat d’accueil, y compris ses eaux territoriales et son espace aérien, avec le consentement préalable de ce dernier ». Et l’alinéa suivant indique que « chaque partie est responsable des demandes d’autorisation de survol et d’atterrissage de ses aéronefs militaires dans l’Etat d’accueil dans le cadre de l’exécution des activités prévues à l’article 4 du présent traité. Les autorités compétentes de l’Etat d’accueil délivrent à cette fin les autorisations nécessaires au cas par cas, dans le respect de la réglementation nationale en vigueur. Toutefois, les liaisons régulières ou périodiques font l’objet de renouvellements annuels. Ces autorisations peuvent être suspendues par l’Etat d’accueil si celui-ci estime que ces liaisons sont de nature à porter atteinte à sa souveraineté ou à sa sécurité ».

La France, une force d’occupation

En décidant de suspendre toutes les opérations, l’Armée française ne doit plus opérer sur le territoire malien sans l’autorisation expresse de nos autorités de transition. Cela veut dire clairement que jusqu’à la reprise effective des opérations conjointes, la France doit cesser toutes ses opérations au risque d’être considérée comme une force d’occupation en violation de toutes les règles et du traité de coopération militaire. En l’état, le Mali autorisera-t-il l’armée française à opérer en solo militairement sur son sol.

Notons que cette attitude de la France impérialiste doit amener nos autorités militaires à comprendre que nul ne doit sous-traiter sa défense nationale et sa sécurité. Par conséquent, elles doivent mesurer l’ampleur des défis et faire face à leurs responsabilités d’assurer la défense de l’intégrité du territoire national et de sécuriser les Maliens et de leurs biens dans le respect strict de leur serment militaire.

Par cette décision, le président français Emmanuel Macron offre une nouvelle opportunité aux autorités maliennes de revoir les clauses de cette coopération militaire qui compromet, dans les faits, la souveraineté militaire de notre pays en rendant de plus en plus vulnérable face aux attaques terroristes. Aussi, elles doivent demander le retrait de l’Armée française des bases de Tessalit et de Gossi. Ainsi, le retour doit se faire dans un partenariat militaire gagnant-gagnant.

« On est mieux servi que par soi-même », dit-on. Les Maliens doivent désormais intégrer la teneur de cet adage en travaillant à assoir une armée puissante à la dimension des défis actuels, le seul socle de toute puissance économique.

Mama PAGA

Source: Journal le Pays- Mali
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