La question qu’on est en droit de se poser est de savoir si nous allons vers une Transition de rupture qui va permettre à notre pays d’écrire enfin une page de son histoire, c’est-à-dire de régler des questions essentielles. Nous sommes en guerre, nous sommes en insécurité, est-ce que nous allons avoir une réponse à cela ?
Nous avons des élections qui peuvent amener la démocratie, est-ce que nous allons avoir une réponse à cela ? Nous avons Kidal qui est occupée, nous avons la misère sociale et nous avons ces énormes sous qui ont été détournés et qui vont pouvoir nous permettre de rebondir face à l’inimitié de la communauté internationale, parce qu’il faut donner l’exemple. J’aurais voulu entendre ici : Tolérance zéro à la corruption, tolérance zéro aux détournements…».
Moulaye Ahmed Ould Moulaye, porte-parole de la Plateforme des mouvements du 14 juin : «Nous avons le devoir d’accompagner le président»
Nous sommes tous certains que le pays traverse des moments très difficiles. En écoutant le nouveau président de la Transition une fois investi, on s’est dit qu’il mesure la portée de la responsabilité qu’on lui a confiée. Eu égard aux grands engagements qu’il a pris face à nous. Il a dit qu’il était conscient qu’il y avait des difficultés à l’intérieur comme à l’extérieur, qu’il s’engage à déployer tous les moyens dont il dispose pour que les Maliens recouvrent la sécurité. Pour que le Mali puisse jouer son rôle d’antan à l’intérieur des commissions régionales, sous régionales et avec la communauté internationale. Le président de la Transition a également dit quelque chose de très important que certainement chacun a relevé, à savoir qu’il travaillera pour que les élections législatives et présidentielle se fassent dans le temps requis. Mais aussi qu’il prenait à cœur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Toute chose qui nous engage nous en tant que Plateforme des mouvements du 14 juin.
Donc de mon point de vue, il est permis d’avoir de l’espoir. Parce que c’est d’abord un officier avec une brillante carrière avec tout ce que nous avons appris dans la salle. En lisant son serment, il a promis de veiller sur le caractère républicain de l’État, de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale. J’ai toujours dit, même juste après notre audience avec lui, qu’il était le garant de l’unité nationale. Il dit qu’il va consacrer le maximum de budget alloué à la présidence de la République, pour le citoyen lambda malien en termes d’eau, de développement et de sécurité. Ce sont des choses qui rassurent. Alors, nous avons le devoir de l’accompagner et de l’aider, parce que chacun a besoin que le Mali sorte de cette difficulté.
Mohamed Chérif Haïdara, président du CSDM : «Un militaire aguerri est bien indiqué pour cette période trouble»
Nous sommes convaincus aujourd’hui que la solution du Mali ne peut passer que par un militaire dans cette période assez trouble, incertaine et volatile. Notre problème est d’ordre sécuritaire avant toute chose. Il n’y a personne qui connait mieux le problème sécuritaire qu’un militaire aguerri comme le colonel Assimi Goïta, qui a servi pratiquement durant toute sa carrière au nord et au combat. Donc, il connait mieux le problème auquel on est confronté aujourd’hui que n’importe qui dans ce pays.
C’est à nous de savoir lire le signe du temps, de soutenir Assimi Goïta afin qu’on puisse avoir une transition réussie. Ce qui voudrait dire qu’il faut ramener la sécurité et qu’à la fin nous ayons des élections libres, transparentes et acceptées par tous, afin qu’on ait un Mali au sein duquel on s’acceptera en tant que Maliens tout court ».
En marge de la cérémonie officielle d’investiture du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, des acteurs de la classe politique et des organisations de la société civile, ainsi que des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ont livré leurs impressions sur cette nouvelle phase qui s’ouvre pour notre pays
Pr Tiémoko Sangaré, président de l’Adema-PASJ : «Nous devons
recentrer la Transition sur les missions indispensables»
Je voudrais commencer par féliciter le nouveau président de la Transition et dire qu’à cette phase, il y a, de mon point de vue, un certain nombre d’obligations qui se présentent à nous Maliens. La première de ces obligations, c’est que pour conduire la Transition à bon port, on a besoin d’une unité de l’ensemble des Maliens. Pour ce faire, il me paraît indispensable que la conduite des actions de la Transition, à partir de maintenant, soit faite sous le prisme de l’inclusivité, de la concertation, pour que toutes les forces se sentent concernées. On a besoin de cela aujourd’hui.
Deuxième chose, nous sommes aujourd’hui, sous le feu de l’actualité internationale, on nous observe. Il est important que nos engagements puissent être tenus. Le premier de ces engagements, c’est de faire en sorte que la Transition soit bouclée dans les limites de temps indiqué, à savoir les 18 mois.
Je pense qu’aujourd’hui, nous devons redimensionner le périmètre de la Transition et la recentrer sur les missions indispensables au rang desquelles, je voudrais citer, en tout premier lieu, la mission de sécurisation du pays pour qu’il soit possible d’organiser des élections. La deuxième mission, ce sont des élections. Il serait souhaitable qu’au sortir de cette Transition, nous arrivions à organiser des élections transparentes, inclusives, propres, acceptées de tout le monde afin de conférer aux autorités qui vont en être issues la légitimité nécessaire pour poursuivre la transformation de notre pays.
Oumar Ibrahim Touré, président de l’APR : «J’ai entendu un message rassembleur»
Aujourd’hui, nous sommes dans ce qu’on peut appeler, chacun dit ce qu’il pense, rectification de la trajectoire, redressement… Ce jour est extrêmement important pour notre pays. Le message livré par le président de la Transition rassure à la fois les Maliens et doit rassurer également la communauté internationale. Parce que le président a clairement bien dit que dans tous les cas, il va s’investir pour qu’il arrive à des élections apaisées, crédibles, dans le délai imparti. Je crois que cela est extrêmement important.
Mais surtout tout ce qu’il avait et qui concerne les préoccupations des Maliens : son engagement de diminuer le train de vie de l’État, de pouvoir lutter contre l’impunité, d’assurer la sécurité des Maliens. Mais particulièrement, c’est un message rassembleur. Il faut comprendre que le Mali a besoin de toutes ses filles et de tous ses fils. Parce que si nous sommes ensemble, on peut relever les défis qui sont immenses et innombrables. Je crois qu’ils ne sont pas au-dessus de nos compétences et ne peuvent pas être également au dessus de notre volonté commune.
Issa Kaou N’Djim : «L’ACRT va se transformer en parti politique»
Cette cérémonie, au-delà de son caractère solennel, nous laisse penser aujourd’hui que le peuple est en train de reprendre confiance au leadership qu’incarne l’imperturbable patriote Assimi Goïta. Il vient de poser un acte concret : la réduction du train de vie de l’État, à commencer par lui-même en renonçant aux 2/3 de son fonds de souveraineté. Je pense que cette volonté doit s’étendre au gouvernement et même aux partis politiques qui, indument, prennent l’argent des Maliens, soi-disant pour le financement des partis politiques. Et tout cela doit être accompagné par une lutte implacable contre la corruption.
Aussi, il faut une démocratie citoyenne et non une démocratie des partis politiques. Aujourd’hui, le peuple doit reprendre son destin, il faut que cette révolution survive. C’est une révolution, parce que le Mali veut faire une rupture avec les politiques de 1991 et ceux qui les incarnent. Nous sommes d’accord pour la réconciliation, mais nous resterons mobilisés et demanderons au peuple de se mobiliser pour soutenir le leadership d’Assimi Goïta. C’est pour cela, l’ACRT très rapidement, va se transformer en parti politique pour être la principale formation qui soutient le président de la Transition.