« Transformer » Barkhane au Sahel pour éviter l’enlisement. C’est le choix fait par Emmanuel Macron qui met fin à l’opération lancée en 2014 au profit d’une coopération multilatérale. Marc-Antoine Pérouse de Montclos, chercheur et auteur d’« Une guerre perdue », livre son analyse.
Quitter ou pas le Sahel ? Quand ? Comment ? Ces questions sont posées depuis longtemps face à l’impasse militaire dans laquelle l’armée française est plongée. L’annonce par Emmanuel Macron de la fin de « Barkhane » en tant qu’opération militaire extérieure et d’un désengagement progressif de l’armée française, intervient après plusieurs mois de tergiversations. Après huit ans de présence ininterrompue au Sahel, où sont aujourd’hui déployés 5 100 militaires, la France veut désormais passer d’une force en première ligne contre les djihadistes à une force d’accompagnement et d’appui des armées locales. Dans ce but, le président français a souhaité une « transformation » de la stratégie militaire, basée sur une « coopération » multilatérale. Ce pari reste risqué tant les armées sahéliennes sont fragiles et les Européens difficiles à mobiliser. Marc-Antoine Pérouse de Montclos, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et auteur d’« Une guerre perdue » (Ed. JC Lattès, 2020), livre son analyse.
Depuis plusieurs mois, la question d’un désengagement militaire de la France au Sahel se posait de façon plus franche. La France n’avait plus le choix ?
De récents signaux indiquaient une volonté de l’Elysée de changer de paradigme au Sahel. La France a mis fin, le 3 juin, aux opérations conjointes avec l’armée malienne après le coup d’Etat dans le coup d’Etat. La ministre des Armées, Florence Parly, avait, de son côté, évoqué la possibilité d’une révision