La clientèle de la Société malienne de Gestion de l’Eau Potable souffre le martyre depuis quelques semaines. Ça n’est pas que la faiblesse de la desserte lui inflige une corvée d’eau, mais à cause d’un dysfonctionnement très persistant du service de recouvrement. Et il ne suffit pas d’être assez liquide ou d’avoir la volonté de s’acquitter d’une facture, encore faut-il en avoir l’occasion. En atteste les files à perte de vue qui se bousculent aux portillons des
agences de la Somagep où il arrive que les usagers rentrent bredouilles au bout une longue journée d’attente sans pouvoir régler leurs factures. D’aucuns multiplient ainsi les va-et-vient plusieurs jours durant avant de pouvoir passer à la caisse, à cause de la forte
affluence de clients entassés devant les guichets. En cause, une perturbation inhabituelle du réseau qui affecte la fluidité du service de recouvrement et qui persiste depuis quelques semaines sans solution envisageable. Aux dépens d’une clientèle condamnés à effectuer continuellement des déplacements à ses propres frais.
Dan Nan Ambassagou rançonne en espèce et en nature
A mesure qu’on annonce à coups de battages leur dissolution, les milices communautaires du Centre du Mali redouble d’ardeur. C’est le cas de Dan Nan Ambassagou, qui ne se contente guère d’un simple refus d’abandonner son sort aux mains de forces régulières en deçà des
attentes sécuritaires. Et pour combler cette absence des FAMa, les moyens reposent sur l’effort de guerre communautaire. Les milices procèdent en clair par prélèvement forcé dans les familles tenues de contribuer à la prise en charge de leur propre sécurité et à la
résistance du terroir contre le joug innombrables assauts djihadistes. L’effort de guerre est prioritairement humain car elle il consiste pour les familles à consentir à l’enrôlement de bras valides par la milice communautaire. Il est permis, selon les témoignages, que la contribution se fasse par compensation du défaut de bras valides en espèce. Faute de quoi, les familles s’exposent le plus souvent à d’enlèvement de leurs membres. Des humanitaires sur le terrain
relèvent des dizaines de rapts d’individus enrôlés de force en représailles du refus des siens de les mettre à la disponibilité de milices communautaires ou locales.
Près de 6 millions de Maliens en détresse humanitaire
C’est une conséquence logique des conflits qui affectent le septentrion et le centre du Mali. Et la situation, le moins qu’on puisse dire, est alarmante avec près de 6 millions de concitoyens déclarés en besoin d’aide humanitaire. Il s’agit quand même du tiers environ de la population essentiellement issu des zones conflictuelles où l’activité productive est mise à rude épreuve par la menace terroriste. Ces populations en détresse choisissent de fuir la précarité et la misère et les déplacements massifs, qui sont légion depuis quelques années, ont vraisemblablement pris l’ascenseur à hauteur de plusieurs milliers de personnes dont les couches les plus vulnérables constituent les plus nombreux, à savoir : les femmes et les enfants. L’accroissement de la détresse et des besoins d’aide est dû par ailleurs à la propagation progressive du phénomène d’insécurité vers les régions sud du pays jadis épargnées. Et dires que seuls 14% du montant d’aide réclamés pour leur venir en aide avaient pu être décaissés. Il s’agit d’un besoin total de 563 millions de dollars pour
soulager précisément 5,9 millions de Maliens.
La France et l’exception malienne
Suite à la controverse créée par le nouveau coup de force de la junte putschiste malienne, la présence militaire française est revenue au cœur de la polémique, avec des interrogations qui fusent de partout sur son efficacité ainsi que sur nombre d’autres équivoques. La persistance des assauts meurtriers asymétriques est passée par-là, ouvrant la brèche aux tendances hostiles à la France. En soutien à leur hostilité, celles-ci mettent en avant notamment les proportions de pertes infligées aux forces armées nationales, un phénomène que le Mali partage pourtant avec tous les autres pays du Sahel concernés par les interventions antiterroristes françaises. Ces pays ne partagent pas avec le nôtre, en revanche, d’autres traits distinctifs qui font
le lit du sentiment anti-français en plein essor actuellement, à savoir : l’intérêt croissant des forces de défense pour le pouvoir politique. Comme qui dirait que la singularité du Mali réside dans le parti le putsch et la caporalisation de l’Etat tirent du sentiment
anti-français en tant que principale sève nourricière.