Nommé Premier ministre le 7 juin dernier par le président de transition malien, Dr Choguel Kokalla Maïga a formé ce vendredi un gouvernement constitué de 25 ministres (18 rentrants) et trois ministres délégués.
Cette équipe compte 4 militaires et 6 femmes ministres (toutes des rentrantes) et une femme ministre délégué en la personne de Mme Fatoumata Sékou Dicko (ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des Réformes politique et institutionnelles), une magistrate.
On note surtout le retour du très influent et efficace Colonel Sadio Camara au ministère de la Défense et des Anciens combattants. Il faut rappeler que son absence et celle du colonel Modibo Koné (Sécurité et Protection civile) dans l’équipe formée par Moctar Ouane le 24 mai dernier ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase entraînant, quelques heures plus tard, l’arrestation du président de transition et du Premier ministre. Et, par la suite, le Colonel Assimi Goïta a repris le contrôle du processus.
N’empêche qu’on ne retrouve pas cette fois-ci encore le Colonel Koné puisque le ministère de la Sécurité et de la Protection civile a été confié dans ce nouveau gouvernement au Colonel-major Daoud Aly Mohammedine. De sources officielles, le Colonel Modibo Koné est le nouveau responsable de la Direction générale de la sécurité d’Etat (DGSE, le service malien des renseignements).
On retrouve aussi un revenant au ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale en la personne d’Abdoulaye Diop qui a occupé ce fauteuil de 2014 à 2017 sous le régime déchu d’Ibrahim Boubacar Keïta. Le ministère de la Justice et des Droits de l’homme, Garde des Sceaux, a été confié au procureur du pôle économique du tribunal de grande instance de la commune III du district de Bamako, Mahamadou Kassogué, qui s’est illustré ces dernières années par l’arrestation de plusieurs personnalités impliquées dans des dossiers de corruption ou de détournement de deniers publics. Selon des observateurs, ce choix traduit la «ferme volonté» des nouvelles autorités de transition de traduire en actes la lutte contre la corruption et la délinquance financière.
A part M. Ibrahim Ikassa Maïga (ministre de la Refondation de l’État, chargé des Relations avec les Institutions), on ne retrouve aucun autre responsable influent du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) dans ce gouvernement formé par le président de son comité stratégique. Même si l’imam Oumarou Diarra a été aussi nommé ministre délégué auprès du ministre de la Santé et du Développement social, chargé de l’action humanitaire. On note quand même la présence non négligeable, au nom de ce mouvement, de Mme Sidibé Dédéou Ousmane (Centrale démocratique des travailleurs) Mme Diawara Aoua Paul (URD), Bakary Doumbia (FOSC), Bréhima Kamena (CNID), Modibo Koné (MMK) et Mme Wadidié Founé Coulibaly (Fare)
Les mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali sont aussi à l’honneur. Ainsi la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a renouvelé sa confiance à Mossa Ag Attaher qui garde le portefeuille de la Jeunesse et des Sports. De son côté, la Plateforme des mouvements du 14 juin, a aussi réaffirmé sont soutien à Me Harouna Mamadou Toureh qui se retrouve le ministère de la Communication et de l’Économie numérique. Il était le ministre du Travail et de la Fonction publique de la première équipe de Moctar Ouane et celui de la Promotion de la Bonne gouvernance, Chargé des Relations avec les Institutions dans la seconde éphémère.
On retrouve néanmoins presque toutes les sensibilités sociopolitiques (à part l’ancienne majorité présidentielle qui a déclaré ne pas se retrouver dans cette nouvelle équipe. Il faut rappeler que la nomination d’un Premier ministre civil et la formation d’un gouvernement inclusif dans les meilleurs délais étaient des mesures fortement recommandées par les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) à l’issue de leur sommet extraordinaire tenue le 30 mai dernier à Accra (Ghana) sur le Mali.