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Oumar Tatam Ly à la Primature : Premier revers pour les opportunistes
Publié le lundi 9 septembre 2013  |  L’aube


© AFP
Cérémonie de passation de charges à la primature
Vendredi 6 septembre 2013. Primature. Cérémonie de passation des charges entre le premier ministre entrant Oumar Tatam LY et l`ancien premier ministre, Django Cissoko


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Lors de la campagne présidentielle, nombreux étaient les opportunistes politiques qui avaient rallié la candidature d’IBK, dès le 1er tour. Ils ont été suivis par d’autres, au second tour, toujours par opportunisme dans l’espoir d’occuper les hautes sphères de l’Etat dont la primature.En portant son choix sur un illustre inconnu de la scène politique, Ibrahim Boubacar Keïta a déjoué tous les pronostics. Aussi, le nouveau président de la République vient d’infliger un camouflet (revers) à tous ces opportunistes. Qui l’ont « soutenu » dans le seul espoir de venir partager le gâteau.


Quels sont les atouts et les faiblesses de ce nouveau Premiers ministre ? Qui est-il ? Est-il en mesure de relever les défis (pas seulement économiques) de l’heure ? Que pensent et qu’attendent les Bamakois de Oumar Tatam Ly ? Lire notre dossier.


Nouveau PM
Atouts et faiblesses
C’est par le décret n° 2013/720/PR du 5 septembre 2013 que le président de la République a nommé Oumar Tatam Ly au poste de chef du gouvernement. Les défis étant immenses, le jeune Premier ministre a-t-il des chances de répondre aux attentes du peuple malien ? Autant les atouts permettent de répondre par l’affirmatif, autant les faiblesses peuvent anéantir tous les espoirs.

Les atouts
Oumar Tatam Ly est un économiste qui a fait ses preuves dans les hautes sphères des milieux bancaires. Il a acquis sa première expérience professionnelle à la Banque mondiale avant d’intégrer la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) où il a gravi les échelons pour se retrouver à Dakar comme conseiller du Gouverneur de l’institution monétaire. Riche de son expérience de plus de dix ans dans ces milieux bancaires et financiers, Oumar Tatam Ly dispose sans doute de compétences techniques pour accomplir la tâche qu’on vient de lui confier. Il a le bagage nécessaire pour conduire la politique économique du pays.


Mais un Premier ministre n’est pas qu’économique, il doit être aussi politique afin de trouver des réponses à toutes les préoccupations qui sont posées. Il doit pouvoir y faire face car le nouveau chef du gouvernement serait équidistant des états-majors politiques (un illustre inconnu du sérail politique).

C’est un atout qui lui permet de sortir des sentiers battus, d’éviter le favoritisme et de s’assumer vis-à-vis des tentatives de corruption ou de chantage.


Oumar Tatam Ly a un riche carnet d’adresses comprenant, entre autres, ses contacts personnels, de son défunt père Ibrahima Ly et de sa mère, Mme Ly Madina Tall. Ce réseau dense de contacts pourrait lui être utile dans ses rapports avec les partis politiques et les partenaires sociaux.
Il faut ajouter à ces atouts, sa jeunesse. Il aura 50 ans jour pour jour le 28 septembre prochain. Oumar Ly doit avoir le courage et la force de son jeune âge pour affronter les challenges et relever les défis de la relance économique, de la réconciliation, de la reconstruction de l’armée nationale… Et prouver au peuple malien que jeunesse n’est pas toujours synonyme d’erreurs et d’immaturité.


Enfin, la soif de changement des Maliens doit pouvoir lui profiter pendant une bonne période. Le peuple a besoin d’une nouvelle race de dirigeants capables de répondre à ses attentes de changement dans les comportements et la gouvernance.

Les faiblesses
Même jeune et expérimenté dans les finances, Oumar Tatam Ly n’a pas une expérience gouvernementale. C’est un handicap majeur. Diriger un gouvernement, surtout en cette période de sortie de crise, est une charge lourde qui nécessite plus ou moins une connaissance du terrain. Il n’a jamais été ministre, encore moins conseiller d’un ministre. Sa plus haute fonction dans l’administration publique, c’est d’avoir occupé le poste de conseiller à la présidence de la République, sous le régime d’Alpha Oumar Konaré. Ce dernier avait pour directrice de campagne une certaine Mme Ly Madina Tall (mère du nouveau PM).


Aussi, Oumar Tatam Ly pourrait être choisi par le président IBK pour ses compétences techniques ou son équidistance avec la scène politique. Ce qui pourrait nous conduire au scénario Younoussi Touré en 1992 quand Alpha Oumar Konaré l’avait choisi comme Premier ministre. Les cadres de l’Adema dont l’actuel président IBK étaient catégoriquement opposés à ce choix. Et ils l’ont combattu jusqu’à pousser le brillant banquier à la démission. Tatam Ly n’étant pas un cadre du Rassemblement pour le Mali (en tout cas pas officiellement), il doit faire face à la colère des ambitieux du RPM, mais aussi des opportunistes ayant fait allégeances à IBK, avant la présidentielle et entre les deux tours.


Autre handicap, le nouveau chef du gouvernement est un néophyte de la politique. Son engagement sur le champ politique vient de la considération des anciens compagnons de lutte de son feu père Ibrahima Ly, un éminent intellectuel et courageux politique sous le règne de la dictature du Général Moussa Traoré.


Qui ne se souvient des erreurs (politiques) grotesques de l’ancien Premier ministre, Cheick Modibo Diarra. Sa méconnaissance de la chose politique et ses décisions imprudentes ont accentué l’inimitié entre lui et la classe politique nationale, notamment le front anti putsch (FDR).


Aussi, dans une situation comme celle que vit le Mali actuellement, il y a un besoin pressant d’un Premier ministre (un Homme ?) qui a du caractère. Qui peut dire OUI ou NON quand il le faut. Oumar Tatam Ly peut-il incarner cet homme au nom de la puissance publique ? C’est là toute la question. De toute évidence, c’est en partie l’une des clés de son succès à la primature.

Alors, le nouveau Premier ministre va-t-il s’appuyer sur l’expérience politique du président IBK ou se mettre à l’école des anciens pour enfin tirer son épingle du jeu. En tout cas, il a sa chance. Et il doit la saisir pour non seulement ne pas décevoir le président de la République, mais aussi les nombreux Maliens (lire notre micro trottoir) qui veulent croire en lui sans l’avoir jamais connu.

Idrissa Maïga


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