Attendu pour être un gouvernement de large ouverture, où le consensus et l’inclusivité seraient ses traits de caractère, c’est finalement un gouvernement composé majoritairement des cadres du M5 RFP et du CNSP qui a été dévoilé à l’opinion publique, laissant au bord de la route de la transition l’ex majorité. Cette posture, celle d’exclure une partie de la classe politique, fut-elle partisane de l’ancien régime et même responsable de la gestion chaotique du pays pendant huit ans, prise par les autorités de la transition compliquerait à coup sûr la bonne marche de la transition. La question que l’on se pose est celle de savoir si le Premier Ministre Choguel Kokalla Maiga n’avait pas été mis devant le fait accompli. Sinon son souhait serait de voir figurer dans son gouvernement toutes les tendances politiques et la société civile, comme en atteste d’ailleurs ses différentes prises de contact avec toutes les forces vives du pays, en amont de la composition du gouvernement.
Sans nul doute qu’il y a dans l’équipe gouvernementale des hommes et des femmes de bonne probité et de compétence avérée, mais cette équipe ne pourrait certainement pas faire long feu, car les signes avant-coureurs de la constitution d’un front de l’opposition sont perceptibles. Donc, le Premier Ministre Choguel Kokalla Maiga doit revoir très rapidement sa copie pour donner à son gouvernement le caractère inclusif afin de permettre au pays de connaitre une transition réussie à l’image de celle de 1991. Tout autre schéma diffèrent de celui du consensus et d’une large ouverture, serait fallacieux, voire suicidaire, car dans le contexte de crise comme celle que le Mali connait aujourd’hui, il n y a aucune alternative au rassemblement. Toutes les filles et tous les fils dignes, probes, compétents et physiquement aptes doivent être conviés à la construction de l’édifice national. La question que certains seraient tentés de se poser est celle de savoir pourquoi faire encore de la place à ceux qui ont servi sous le régime IBK et qui de surcroit seraient responsables de tous les malheurs du pays ?
A cette question, il faudrait plutôt répondre qu’une transition est une période exceptionnelle qui appelle à un grand rassemblement pour jeter les bases d’un nouveau départ. Elle ne serait non seulement pas synonyme d’impunité, encore moins un règlement de compte politique. La transition doit permettre de mettre en place des institutions à la fois démocratiques, transparentes, mais aussi et surtout solides qui résisteraient au temps et aux caprices des hommes. Peut-on atteindre de tels objectifs dans une contestation ou dans un brouhaha politique à faire oublier l’essentiel ? Assimi Goita et Choguel Kokalla Maiga qui rêvent d’écrire une page glorieuse de l’histoire de notre pays sont en train de passer à côté de la plate. Il leur revient de corriger très rapidement cette tare congénitale. Soit en élargissant le CNT pour y intégrer l’ex majorité, soit en faisant un mini remaniement.