Au Mali, dans ce pays laïc à majorité musulmane, des voix se lèvent de plus en plus pour ou contre l’ouverture de bars-restaurants à Bamako.
« Les établissements de tourisme comme les débits de boissons, situés entre les maisons à usage d’habitation ou adjacents aux édifices ci-dessous ne peuvent prétendre à une autorisation d’implantation », précise-t-ondans l’article 15 du décret N° 2018 — 0968/P-RM du 31 décembre 2018 « portant réglementation de l’agrément et de l’exploitation des établissements de tourisme en République du Mali ».
Les édifices auprès desquels ces établissements ne doivent pas se figurer sont entre autres les lieux de culte, les cimetières, les établissements scolaires et universitaires, les crèches et les jardins d’enfants, les établissements hospitaliers et les centres de santé, des casernes et autres édifices et espaces militaires.
Des musulmans en garants des normes ?
Face à la prolifération « anarchique » des bars-restaurants dans la capitale malienne et au mutisme des autorités politiques, certains religieux semblent vouloir forcer les choses. Depuis quelque temps déjà, des musulmans à Bamako sont vent debout contre l’ouverture des bars ne respectant pas les normes requises.
En mai 2021, à Boulkassoumbougou-Kouloubléni, des musulmans se sont opposés à l’ouverture d’un bar-restaurant de l’artiste Salif Kéïta — du fait que l’édifice soit proche d’une mosquée. Dans la même période, à Kabala, quartier périphérique du district de Bamako, une frange de sa jeunesse, accompagnée de quelques imams et de « jeunes musulmans » de certaines mosquées, mène également la danse contre le bar-restaurant « Espoir » pour le même motif, en plus de la proximité aux domiciles. Dans ce quartier, plusieurs autres bars seraient dans l’œil du cyclone.
À l’État, ses responsabilités
Ces soulèvements, s’ils ne sont pas rationnellement gérés par l’État, risquent de basculer le Mali dans une autre zone de turbulence en devenant une nouvelle source de déstabilisation. « L’État doit s’intéresser rapidement à la question de la prolifération des maisons closes et des hôtels de prostitution en collaboration avec les collectivités dans le sens du durcissement des conditionnalités de leur fonctionnement et surtout dans le sens du strict respect des textes en la matière », recommandait l’ex-Premier ministre Moussa Mara dans son ouvrage « Le Mali entre vents et marée : 2015-2017 ».
De nos jours, à Bamako, difficile d’ouvrir des établissements de jouissance sans être proche d’une mosquée, d’un domicile, d’une école ou d’un établissement sanitaire.