N’ayant pas encore eu gain de cause dans leurs manifestations par lesquelles ils demandent la délocalisation du camp de la Minusma d’Aguelhok, les habitants de cette ville du nord Mali et leurs soutiens, ont projeté l’organisation d’un sit-in le 12 juillet prochain à Bamako. C’est le siège de la Mission des Nations Unies qui sera le théâtre de cette manifestation.
Le bras de fer se durcit ainsi entre le collectif des ressortissants d’Aguelhok et le chef de la Minusma qui n’abdique pas. Il faut donc passer à une étape supérieure dans cette bataille.
Pour rappel, l’affaire couvait sous les cendres depuis longtemps, mais la situation s’est révélée intenable après l’attaque du camp de la Minusma d’Aguelhok par le JNIM, groupe dirigé par Iyad Ag Ghali, le 2 avril 2021. Ce jour-là, les soldats tchadiens ont repoussé l’assaut et ont infligé de lourdes pertes aux assaillants en tuant plus de 40 djihadistes. De leurs côtés les hommes de feu Idriss Déby ont perdu quatre des leurs et ont dénombré 16 blessés dans leur camp, dont de très graves. Problème, conformément à leur réputation sulfureuse, les soldats tchadiens de la Minusma ne se sont pas contentés d’infliger une lourde défaite aux terroristes, ils les ont pourchassés jusque dans les maisons alentour, leur base est située à 200 mètres des habitations, et en ont au passage démoli quelques-unes.
Pire encore, selon le collectif des ressortissants d’Aguelhok, les casques bleus se sont livrés à des exécutions extrajudiciaires, trois civils, qui se rendaient au centre de santé, ont été arrêtés et tués au sein même de la base de la mission de maintien de la paix ! Un berger a lui été assassiné devant son fils alors qu’il accompagnait son troupeau. La situation s’est encore aggravée le 5 juin lors de la traque par les forces françaises, aidée des Tchadiens, de Baye Ag Bakabo, un des auteurs de l’enlèvement des journalistes de RFI, Claude Verlon et Ghislaine Dupond.
Trop c’est trop pour les populations et la Coalition des mouvements de l’Azawad (CMA) qui demandent la délocalisation de ce camp et la justice pour les civils exécutés. Le sit-in de Bamako annoncé se veut donc une mesure de dissuasion devant faire plier la Minusma et permettre aux déplacés de regagner leurs foyers.