Un adage Bambara dit souvent que : « Dans la relation à trois acteurs, le troisième est toujours le dindon de la farce ». Dans la sempiternelle crise que nous vivions, nous nous posons la question de savoir si notre pays à travers nos dirigeants actuels et passés, n’est pas le dindon de la farce de cette cohabitation à trois ?
Dans notre cas précis et surtout la crise aux multiples dimensions, le temps nous dira qui sera le dindon de cette farce que l’Algérie et la France se jouent au Mali avec à la clé, des milliers de morts, de déplacés et dégâts incommensurables ?
En paraphrasant le politologue Yamadou Traoré : « Les autorités maliennes qui, depuis la chute du régime de Moussa Traoré en 1991, ont superbement réussi à démanteler l’armée nationale tout en procédant à l’abandon progressif de la souveraineté du pays sur l’ensemble de son territoire. Les autorités françaises qui, depuis 1961, sont régulièrement à la manœuvre dans les tentatives de partition du Mali.
Enfin, les autorités algériennes qui, depuis le départ d’Ahmed Ben Bella et de celui qui le renversa par un coup d’État en 1965, Houari Boumediene, ont abandonné tout esprit panafricaniste, panarabisme et même algérien. Ils ont pris leur pays en otage et, depuis le début des années 1990, ont savamment exporté le djihadisme naissant des GIA, GSPC entre autres, vers notre Mali dont les dirigeants, pris d’une démence autodestructrice, ont brillamment mis par terre leur armée ».
L’analyse du comportement de l’Algérie, pays voisin dont les agissements et autres comportements dont le tout comme ses violations répétées de notre territoire (Cas d’In Khalil) dernier en date demeure son implication dans l’élaboration de l’Accord d’Alger, ne peut que heurter la dignité humaine, voire fait monter la température chez nos compatriotes. Cette Algérie que nos parents ont aidé à se départir de la mainmise Française, qui l’eût cru pourrait, des décennies après se comporter de la sorte contre le Mali, qui fut un pays d’accueil ?
S’agissant des autorités françaises et les nôtres, il n’est point besoin de perdre du temps dans une quelconque analyse.
Le comportement des autorités françaises de la première République, à celles d’Emmanuel Macron « qui n’ont pas d’amis mais que des intérêts », ne devrait surprendre aucun africain digne de ce nom, surtout maliens que nous sommes.
Quant aux autorités maliennes, il suffit de comprendre que dans aucun pays du monde, les dirigeants ne se sont engagés dans la destruction systématique de leur pays, que ces trois dernières décennies après la chute du régime de feu général Moussa Traoré caractérisée par une gestion dite démocratique qui s’est révélée catastrophique au finish pour nous.
Quant aux autorités algériennes, toujours selon le politologue Yamadou Traoré,
« L’amitié entre Algérie de Ahmed Ben Bella et le Mali de Modibo Keïta, commencée dès les débuts de la guerre d’indépendance de l’Algérie en 1954 ne s’est démentie qu’à l’entame des années 1990 quand les derniers caciques de la lutte d’indépendance, ALN et FLN, en Algérie ont confisqué le pouvoir à leur seul avantage. Les visions pour la libération des peuples colonisés étaient communes ainsi que les options politiques de non-alignement. Après son indépendance en 1960 le Mali s’était investi auprès des combattants algériens pour l’indépendance. Le comportement de l’Algérie dans la gestion de la crise qui contraint le peuple malien désespéré et déçu. Les maliens se posent la question de savoir comment un peuple frère et ami a pu poser et continu de poser de tels actes contre celui qui a défié la France au nom du panafricanisme ?
La réponse se trouve dans ce que Malraux a dit aux maliens il y’a longtemps : « …la relation avec l’Algérie est une aventure… »
Des hypothèses, assez plausible, mettent en avant l’existence d’un deal entre les autorités algériennes et françaises actuelles et les USA consistant à jeter les bases d’une séparation du Mali en se répartissant les bénéfices.
Des témoignages persistants sur l’occupation de plusieurs zones du territoire malien par des troupes algériennes sont entendus.
Certaines sources évoquent des nouveaux bornages ayant annexé la localité d’InKhalil.
Des colonnes de véhicules militaires ont été aperçues dans la nuit du 28 au 29 septembre 2020 à 120 km entre Gao et Kidal.
Les financements et le soutien logistique de l’Algérie sont acquis à IAD Ag ALI et irriguent Amadou Koufa entre autres.
Pour confirmer ces hypothèses, MEDIAPART raconte dans une de ses parutions que « l’occasion s’est présenté à Barkhane d’éliminer ou d’arrêter IAD AG ALI, mais qu’après des consultations entre les autorités Algérienne et Françaises la décision de lui laisser la vie sauve a été prise ».
Le politologue Yamadou Traoré conclut en faisant remarquer que : « Le chantier est vaste et parsemé d’embûches, mais le peuple peut tout remettre à l’endroit. Que se taisent ces capitulards qui abandonnent avant même de commencer à se battre et découragent les plus vaillants par des propos défaitistes. Il faut oser et l’impensable se produira disait Marc Twain: ” Ils l’ont fait parce qu’ils ne savaient pas que c’était impossible. Le peuple peut arriver à bout de toutes les manigances s’il se réapproprie son pouvoir en choisissant, non pas des scolopendres, mais des hommes intègres et courageux ».
Le président de la transition est interpelé. Il a l’occasion de marquer son passage à la tête du Mali en prenant des décisions courageuses telles que revoir les accords de défenses avec la France, aussi, renoncer au soutien du Polisario, pour la partie algérienne quand on sait que nombre de nos compatriotes saluent les appuis du Maroc.