A l’occasion de la conférence de la communauté Kel Tasmesq tenue en faveur du dialogue et de la réconciliation nationale à Koulikoro la semaine dernière, le président d’honneur de la plateforme de la communauté kel Tamasheq ((touaregs), Ahmed
Mohamed Ag Hamani, non moins ancien Premier ministre, a pris le contre-pied de tous les promoteurs de l’idée d’une simple réconciliation nationale après crise.
Ainsi, dans une interview accordée à nos confrères de l’ORTM, il affirme qu’avant toute initiative de dialogue et réconciliation, il est impératif que les responsabilités soient situées dans la tragédie que nous avons vécue, que les coupables soient identifiés et sanctionnés avant de songer à un pardon ou à une quelconque réconciliation.
Selon lui, du moment que la majorité de la communauté Kel Tamasheq (touaregs) n’a jamais été favorable à une rébellion contre leur Etat, la minorité qui s’est révoltée doit s’assumer et rendre compte de ses actes. Ensuite, s’il y a lieu de pardonner, de dialoguer ou de se réconcilier, cela se fera sans grande difficulté. Ainsi seulement, nous pourrons réussir le vivre ensemble, soutient-il. Cette sage position de cet homme est certainement de nature à mettre en cause les efforts des autorités de transition et ceux de la commission dialogue et réconciliation qui, elles, avaient plutôt choisi de panser la plaie sans la désinfecter.
Il rejoint, de ce point de vue, la position du collectif des ressortissants du nord (COREN) qui a toujours soutenu cette approche, d’où sa reconnaissance tardive de la composition de la commission de cette commission qui a fait couler beaucoup d’encre depuis son installation. Une bonne piste de réflexion pour le président IBK et son nouveau gouvernement dans leur volonté d’organiser un grand forum du Nord visant à résoudre définitivement le problème des soulèvements récurrents des Touaregs dans le nord du Mali.
La position de cet ancien Premier ministre remet véritablement la question de la légitimité du MNLA sur la table, mais interpelle aussi sur l’avenir de la commission Dialogue et Réconciliation; commission qui, c’est le moins qu’on puisse dire, n’a, à ce jour, posé aucun acte concret sur le terrain si ce ne sont les quelques ballades de santé dans les zones occupées, sans jamais poser les véritables problèmes.
Certains pensent même que cette commission n’a pas sa raison d’être, car elle ne reflète en rien la représentativité des véritables acteurs de la crise. Sa composition laisse à désirer. Surtout que ses dirigeants ne font que tourner en rond, ne sachant pas jusque-là par quel bout devraient-ils aborder la question. Un véritable casse-tête pour Ag Hamani.