J’ai travaillé sous les ordres de Modibo Sidibé Pendant 7 ans, nos relations ont été sur la base d’estime et de considération mutuelle. En 2010, alors qu’ IBK me faisait l’honneur d’une visite surprise chez moi, j’ai eu à lui affirmer que malgré l’affection et le fait que je me retrouve en ses principes et convictions, si Modibo était candidat, la loyauté ne me permettrait pas d’être de son camp, à quoi il a répondu que l’on ne pouvait attendre autre chose d’un homme d’honneur.
Ainsi au premier tour ai-je laissé chaque membre de l’ADM libre de son choix, ne voulant moi-même ni rejoindre Modibo Sidibé, qui avait une alliance avec le FDR qui ne m’inspirait rien, ni IBK en vertu de ce qui précède, mais également eut égard à l’équivoque quant à sa proximité avec la junte.
Une fois Modibo Sidibé éliminé, plus libre, j’ai rencontré dans l’entre-deux tours IBK qui a eu la considération de me relater ses actes depuis le 22 mars et a levé toute équivoque quant à une quelconque collusion avec toute voie qui ne participe pas de la démocratie et du devenir du Mali. L’homme est resté fidèle à ses principes. Cela suffit à mon adhésion.
Maintenant, Ibrahim Boubacar Keita est le président légitime de la République du Mali. Il est fort peu probable que je sois ministre. D’ailleurs je ne l’ai jamais été durant mes 45 ans d’existence et n’en suis pas mort. Plaise à Dieu que même les oiseaux trouvent toujours les moyens de subsister à plus forte raison les hommes.
C’est le conseil que je donne à chaque malien. N’attendez rien du pouvoir et tout de vous-mêmes. Œuvrez pour votre pays et ayez la passion du Mali. « Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ».
Une nouvelle ère commence, elle déterminera l’avenir de nos enfants, chacun doit contribuer, observer, critiquer positivement, éviter les querelles inutiles.
Surtout, chacun doit penser que la rébellion n’est pas finie, que le problème du Nord n’est pas résolu. Que beaucoup reste à faire pour reconstruire la nation. Que la guerre n’est qu’une solution intermédiaire, que nos équilibres restent fragiles, que la paix reste à construire.
N’oublions pas que l’incivisme demeure, que les problèmes économiques et sociaux sont accrus, les attentes multiples. Qu’à moins que nous ne changions nous-mêmes positivement, le Mali restera sous développé, que la nation doit se relever.
Pour l’heure, félicitons le Président de la Transition, Dioncounda Traoré et son Premier Ministre Diango Sissoko, pour avoir accompli au mieux leur mission. Soyons indulgent avec le nouveau Président en espérant qu’il fera honneur aux hommes de sa race.
« La vie est courte, la science interminable, l’opportunité fugace, l’expérimentation faillible, le jugement difficile. »
Le Mali lui va se relever, j’en suis convaincu. Dieu veille.
Madani Tall
Chevalier de l’Ordre National
Président de l’ADM