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« Barkhane : un retrait en trompe-l’œil ? »
Publié le mardi 29 juin 2021  |  ouest france
Arrivée
© AFP par CHRISTOPHE PETIT TESSON
Arrivée du Président Français, Emmanuel Macron à Gao
Le Président de la République Française, Emmanuel Macron est arrivé à Gao le 19 Mai 2017 pour une visite à la force Barkhane.
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Le 10 juin, Emmanuel Macron annonçait la fin de l’opération Barkhane, laquelle avait succédé en 2014 à l’opération Serval, destinée à endiguer, au Mali, la menace djihadiste sur le Sahel. Comment interpréter ce retrait ? L’analyse de Jenny Raflick, professeure d’histoire contemporaine à l’Université de Nantes.


« Le 10 juin, Emmanuel Macron annonçait la fin de Barkhane, laquelle avait succédé en 2014 à l’opération Serval. Il s’agissait d’endiguer au Mali la menace djihadiste sur le Sahel.
L’enlèvement d’Olivier Dubois en avril, le massacre de 160 habitants à Solhan le 6 juin, l’attaque contre des militaires français et maliens à la frontière burkinabée le 21, l’enlèvement, le même jour, d’un prêtre et de plusieurs fidèles dans le centre du pays, montrent que l’objectif n’a, de toute évidence, pas été atteint. Depuis mars 2017, l’offensive islamiste au Sahel s’est renforcée, sous l’influence du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM), la filiale la plus active d’AQ, qui a fédéré les forces de plusieurs groupes dans la région.
Le retrait est-il aveu d’échec ?

Le retrait est-il aveu d’échec ? C’était une des revendications des groupes terroristes actifs au Mali. Ils sauront exploiter cette victoire dans leur propagande. Mais la présence française nourrissait aussi leurs discours anti-impérialistes. La « neutralisation » par les forces françaises des terroristes engendrait les appels à la vengeance. Il n’y avait, de ce point de vue, pas de bonne solution.
En France, l’effritement du soutien à Barkhane, à un an de la présidentielle, ne plaidait pas en faveur de son maintien. En 2013, le risque d’attentat sur le sol français par des terroristes maliens avait été évoqué. Mais, si les groupes de la région s’en sont souvent pris aux Occidentaux au Sahel, ils n’ont, pour l’instant, prudemment, pas frappé sur le territoire européen. La justification politique des pertes françaises au Sahel (plus de 50 militaires morts depuis 2013) est plus compliquée depuis le coup d’État qui a eu lieu au Mali et le rapprochement amorcé par le nouveau gouvernement avec les forces djihadistes de la région. L’annonce du retrait américain d’Afghanistan a, en outre, mis en lumière le risque d’enlisement français au Sahel.
La France restera sans doute au Mali

Mais en partant sur un aveu implicite d’échec, Paris prend deux risques : celui de se décrédibiliser à l’international, notamment auprès de ses alliés africains. Celui de les pousser à négocier avec les groupes djihadistes de la région. Car les États du Sahel, actuellement, ne sont pas aptes à lutter seuls contre le terrorisme. Il importe désormais de gérer ce retrait, de partir sans donner l’impression de fuir. D’où l’annonce d’un passage de relais aux Européens et aux Nations Unies, deux partenaires déjà présents : l’Europe via la mission de formation EUTM (1 000 Allemands et Espagnols), et la force Takuba ; l’ONU avec la Mission pour la stabilisation du Mali (Minusma). Leur est-il possible de faire plus ? On souligne d’ores et déjà que la France restera sans doute au Mali. Déjà présentes avant 2013, les forces spéciales de l’Opération Sabre devraient continuer leurs « éliminations ciblées ». Et l’Élysée d’utiliser l’aide au développement comme compensation à son désengagement militaire. Un danger guette désormais le gouvernement français : celui d’avoir à dissimuler sa présence dans une internationalisation ratée des forces anti-terroristes de la région. Il perdrait ainsi sur tous les tableaux. »
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