Sur la base de cautions techniques fictives délivrées par les agents véreux d’agriculture de Kati, dans le cadre de la subvention d’engrais pour la campagne 2010-2011, la société Gnoumani-SA, de Dadié BAH, tente de spolier l’État de la faramineuse somme de 2 236 577 556 FCFA; alors que les bonnes cautions reconnues par l’État s’élèvent à seulement 121 728 510 FCFA.
Le pot aux roses a été découvert grâce à la vigilance des services compétents qui n’étaient pas impliqués dans la manœuvre de la société Gnoumani-SA, retenue pour fournir l’engrais subventionné par l’État aux paysans. Une manœuvre visant à faire main basse sur l’argent public. Une vigilance qui a d’ailleurs valu au Directeur national de l’Agriculture des lettres de félicitation des ministres de l’Agriculture, de l’Economie et des Finances.
Les clauses d’approvisionnement étaient pourtant simples : les services techniques expliquent que l’accès à l’engrais subventionné était lié à la présentation par le producteur d’une caution technique remplie par l’agent de base qui procède auparavant à la vérification des critères d’éligibilité.
Concrètement, il fallait être exploitant agricole reconnu par l’agent de base comme producteur des spéculations éligibles à la subvention agricole dans un des villages de sa zone d’intervention; disposer d’une superficie exploitable bien identifiée par l’agent de base en charge du village concerné; être recensé parmi les producteurs des spéculations concernées par la subvention pour la campagne en cours.
Après cette phase, la caution est signée par les agents d’agriculture, les chefs de sous-secteurs et les chefs de secteurs d’agriculture.
C’est enfin munie de cette caution que le producteur devait se rendre chez le fournisseur d’engrais pour enlever les quantités d’engrais inscrites contre paiement de son apport personnel (12 500 FCFA/sac d’engrais de 50 Kg tout type minéral confondu).
Malgré ces dispositions clairement définies, Gnoumani-SA, grâce à la complicité de certains agents d’agriculture, a cru bon verser dans un tripatouillage qui a sa place dans le livre Guiness des records en la matière dans le pays.
Les preuves apportées par la direction nationale de l’Agriculture parlent d’elles-mêmes en ce qui est du caractère fictif des cautions. Ainsi, apparaît-il que de la quantité totale d’engrais livrée à Koulikoro, la moitié est curieusement localisée dans le seul cercle de Kati.
Pis, cette quantité dépasse celle de la région de Sikasso considérée pourtant comme la plus grande zone agricole du pays.
Il a été aussi constaté que les prévisions ont été dépassées de 175% dans la région de Koulikoro au cours de la campagne 2010-2011 et la plus grande quantité d’engrais a été consommée dans le secteur agricole de Kati, soit 32 523 tonnes. Cela, sans mise en valeur des nouvelles superficies dont les besoins correspondaient à cette quantité d’engrais.
En termes de comparaison, il ressort que le volume d’engrais supposé livré par Gnoumani aux producteur du sous-secteur de Kati est de 21 125 tonnes contre 22 700 tonnes dans toute la région de Sikasso pour la même période.
L’analyse de plusieurs cautions techniques fait ressortir des irrégularités qui donnent du tournis.
L’on cite en exemple, à cet effet, la caution n°48 bis sur laquelle les quantités d’engrais inscrites sont de 400 tonnes, soit 67 camions livrées à un groupement de Gouana pour une superficie de 235 ha. Le hic, a-t-on décelé, c’est qu’il est difficile d’acquérir 235 ha dans ce village situé dans la périphérie de Bamako où la pression foncière est très forte.
La quantité d’engrais inscrite sur la caution est supérieure à celle du sous-secteur de Doïla à la même période.
Le coût de 100 000 000 FCFA ne peut pas être mobilisé par un groupement de paysans en saison de pluie.
La dose d’engrais à l’ha, à savoir 1702kg; contre 100Kg/ha est 17 fois supérieure à la normale.
Ce qui amène à conclure que le bénéficiaire n’existe pas à Gouana.
D’autres anomalies ont porté sur des cautions pour des cultures non concernées par la subvention...
C’est sur la base de ces irrégularités multiples, après avoir fait le point, que le Gouvernement n’a reconnu que 149 cautions jugées bonnes et extraites du lot pour paiement du montant correspondant, soit 121 728 510 FCFA.
La société à qui il a été demandé de constituer le dossier relatif au paiement de ces cautions (149) refuse et demande plutôt le paiement de 463 cautions, dont 314 fictives, soit 2 236 577 556 FCFA.
Ce différend a d’ailleurs valu de transporter l’affaire devant la justice qui doit se prononcer dans les tous prochains jours.
Les représentants de l’État ne cachent pas leur détermination à empêcher un opérateur de saigner la Trésor public à blanc.
Et les arguments ne leur font pas défaut, d’autant plus que même l’ambassade du Canada, qui appuie l’initiative riz, mais également la lutte contre la corruption dans notre pays, souhaite que toute la lumière soit faite sur les agissements de Dadié BAH, PDG de Gnoumani. Lui qui était également impliqué dans une tentative de détournement de fonds publics liés au remboursement de la subvention d’engrais accordée à l’Union des coopératives agricoles « Faso-Jigi-PACCEM » de la région de Ségou.
En raison de toutes les charges qui pèsent sur Gnoumani-SA, il y a fort à croire que cette procédure judiciaire sonnera son coup de grâce en mettant un terme définitif à sa prétention de se servir illicitement dans les caisses du Trésor public.