Le débat est escamoté sur l’importation d’huile monopolisée par seulement trois opérateurs économique qui se beurrent sur l’écrasante majorité des citoyens, sur la distribution du ciment qui échouent entre les mains d’un petit noyau d’hommes d’affaires peu scrupuleux.
Il y a dans l’histoire des tournants critiques au cours desquels le sort et la vie même d’un grand nombre d’êtres humains dépendent du résultat de décisions prises par une poignée de dirigeants. Le Mali a atteint un tel tournant.
Les monopoles avec leur corollaire d’augmentation des prix des produits de première nécessité et la hausse des matériaux de construction, la simultanéité sans précédent d’une inflation dans un contexte de récession économique, de pandémie du coronavirus et d’insécurité rampante ont gravement tiré vers le bas le pouvoir d’achat des consommateurs. En bref, ils ont soulevé les questions les plus embarrassantes touchant à la capacité du gouvernement à casser les monopoles de fait et de droit sur les produits alimentaires et les matériaux de construction, plus particulièrement le ciment.
Scier la branche d’arbre
Beaucoup de maladresses ont été commises curieusement pendant des décennies. Et le débat est escamoté sur l’importation d’huile monopolisée par seulement trois opérateurs économique qui se beurrent sur l’écrasante majorité des citoyens, sur la distribution du ciment qui échouent entre les mains d’un petit noyau d’hommes d’affaires peu scrupuleux. Les populations en sont réduites à suspecter des ententes directes. Comment expliquer autrement : le prix de cession du ciment à l’usine n’a pas bougé d’un iota et les frais de transport demeurent inchangés.
Le gouvernent est au moins à mesure de choisir de façon consciente et raisonnée de permettre aux opérateurs économiques qui le désirent et qui répondent aux conditions édictées par la loi d’importer et d’amener les cimenteries à vendre directement aux clients.
On m’objectera peut-être que la proposition a pour finalité de suggérer aux décideurs politiques de scier la branche d’arbre sur laquelle ils sont assis. Eh bien ! Mes éventuels contradicteurs n’auraient pas tort. La délivrance des licences d’importation nourrit une forêt de jambes qui ornent les dessous-tables de l’administration publique. Et les heureux élus accrochés à leur sésame financent les campagnes des candidats à l’élection présidentielle, influencent les décisions politiques.
Le temps des décisions
Aussi simple que cela semble, c’est une tâche énorme que de casser les monopoles au Mali. Il faut une cuillérée de courage, une pincée de patriotisme, un bol de compassion pour les pauvres. Mais la priorité se trouve ailleurs. Ni les partis politiques, ni les organisations de la société civile ne s’y attaquent. Comme un doute plane sur leur volonté de nourrir le débat sur cette épineuse question et de faire du lobbying, la tentation est grande de se préparer à subir un cycle de hausse touchant d’autres produits épargnés. D’ores et déjà, la production locale de savon connaît une valse d’étiquette. Le beurre de karité suit la même tendance, puisque son poids est réduit. A écouter les vendeuses, l’argent tiré de la vente sert à acheter du riz, de l’huile pour faire la cuisine. Ces produits alimentaires ont connu un mouvement haussier. En conséquence, elles n’ont pas d’autre choix.
Le temps est venu de concevoir des politiques nouvelles et de prendre des mesures nouvelles qui mettent fin à la situation désespérée des millions de concitoyens. Si les politiques ne s’occupent pas d’eux, ils vont s’occuper du régime en place !