Après avoir décidé, de façon unilatérale, de suspendre sa coopération militaire avec le Mali, suite au putsch qui a « mis hors de leurs prérogatives » Bah N’Daw, le président de la Transition, et son Premier ministre Moctar Ouane, Paris annonce, à la surprise générale, « la reprise des opérations militaires conjointes avec le Mali ». C’était en fin de semaine dernière. Quelles sont les vraies raisons de ce revirement de Paris ?
Trois raisons expliquent cette soudaine et, pour le moins inattendue, « reprise de la coopération militaire avec le Mali ».
D’abord, la peur bleue de la France de perdre le Mali, au profit de la Russie, son ennemie intime. Et, par effet de boule de neige, les autres ex-colonies françaises de la sous région. L’écrasante majorité des Maliens réclame le départ des forces françaises du Mali. Et leur remplacement par celles de la Russie, moins encline à la partition du Mali.
Au cours du meeting, organisé le 25 juin, par le Mouvement « Yéréwolo Débout sur les Remparts », une organisation de jeunes de la société civile, les populations – toutes tendances confondues – ont demandé aux autorités de la Transition de mettre fin à toute coopération avec la France. Avant de se faire appel à la Russie.
Du coup, la suspension de la coopération militaire entre la France et le Mali avait été perçue, par les leaders de ce Mouvement, comme du pain béni.
« C’est un premier pas dans la bonne direction. Et nous encourageons les autorités de la Transition à faire appel à la Russie. Afin de nous débarrasser de ces Groupes terroristes que la France a créés de toutes pièces pour déstabiliser notre pays », disent-ils.
Et d’ajouter, la colère dans la voix, « la France croyait ainsi pouvoir faire pression sur les autorités de la Transition. Afin qu’elles mettent en œuvre l’Accord d’Alger, sans sa relecture comme le recommandait le Dialogue National Inclusif. Nous le répétons haut et fort : cet Accord ne sera jamais mis en œuvre, tant qu’il n’est pas relu. Si la France persiste, elle le fera à ses dépens. Car, la jeunesse malienne est, désormais, à tout pour préserver l’intégrité de son territoire national. Même s’il faut chasser la France de notre pays. Comme ce fût le cas au Rwanda ».
Avec le retour de Laurent Gbagbo en Côte-d’Ivoire, la France craint de perdre ce pays voisin du Mali où ses intérêts sont plus importants. Pour nombre d’Ivoiriens, le prédécesseur d’Alassane Ouattara a été envoyé à la CPI parce qu’il gênait les intérêts français. A la veille de sa chute, Laurent Gbagbo avait même lancé la nouvelle monnaie ivoirienne, en lieu et place du Franc CFA.
Aujourd’hui, les Maliens – y compris ceux du Nord – n’en pensent pas moins.
Ensuite, vient la montée du sentiment antifrançais qui, comme un cancer, se métastase dans la sous région ouest africaine.
Le meeting du Mouvement « Yéréwolo Débout sur les Remparts » a enregistré la présence d’autres mouvements de jeunes des pays voisins du Mali. Notamment, ceux du Burkina- Faso venus, disent-ils, en renforts à leurs frères maliens.
Après avoir fustigé « l’attitude hypocrite de la France », dans la lutte contre le terrorisme dans leur pays, ils appellent les jeunes de la sous région ouest africaine à s’engager, désormais, dans la lutte pour la souveraineté nationale et internationale de leurs pays respectifs. Car, disent-ils, « si nous nous couchons devant la France, nous mourrons ! », scandent-ils en chœur.
Enfin, l’annonce faite par les leaders du Mouvement « Yéréwolo Débout sur les Remparts » de boycotter, les jours à venir, les produits français sur toute l’étendue du territoire national. C’est, disent-ils, la suite logique du meeting du 25 juin dernier.
« Si la France croit qu’elle est la seule à pouvoir prendre des mesures de rétorsion contre le Mali, suite au second putsch, elle se trompe. Nous avons, aussi, à notre portée, d’autres moyens nous permettant de la frapper au porte-monnaie », menacent-ils.
C’est pour toutes ces raisons, et leurs implications géopolitiques, que la France a décidé de reprendre sa coopération militaire avec le Mali pour, croit-elle, éviter de se faire supplanter, sur le sol malien, par la Russie.
Mais ce revirement de Paris est loin de convaincre les Maliens de faire machine arrière. Du moins, tant qu’il continue de se servir d’un groupuscule d’apatrides touareg pour obtenir la scission du Mali. Afin de faire main basse sur ses ressources naturelles du Nord.