Dans les régions de Mopti et de Ségou, en proie à l’insécurité, le Haut conseil islamique (HCI), avec la bénédiction des autorités de la transition, avait négocié des accords de paix avec les groupes armés. Accords grâce auxquels les populations des localités occupées avaient assisté à une accalmie qui n’est plus d’actualité.
Espoir déchu ! Le premier de gouvernement de la Transition s’était beaucoup investi à travers le ministère de la Réconciliation pour arracher un « contrat » de non-agression avec les groupes armés djihadistes qui opèrent dans les régions de Ségou et Mopti. A travers le Haut conseil islamique (HCI), la Transition avait misé sur les ressorts locaux pour trouver un consensus avec les porteurs d’armes djihadistes qui assiègent certaines localités desdites régions. Plusieurs accords avaient ainsi été négociés et signés. Des signatures parfois annoncées à grand renfort de communication par le ministère de la Réconciliation. Des accords taillés sur mesure, dont le contenu avait suscité réticence et critiques des observateurs. C’est le cas à Farabougou, village assiégé, puis libéré après négociations. Dans cette zone rizicole où les populations avaient du mal à mener leurs activités à cause de la présence d’hommes armés, les accords négociés sous le parrainage du HCI ont donné de l’espoir avant que les acteurs principaux du conflit ne fassent marche arrière. L’espoir suscité a vite volé en éclats et la localité de Farabougou est de nouveau assiégée. « Les accords ont été scellés sans une garantie réelle. Ils sont été négociés et signés par des hommes de second rang. A une différence, près dans la région de Mopti, les accords ont été négociés et signés entre les populations et les djihadistes, sans filtre extérieur. Là aussi, ils sont voués à l’échec et les hostilités ont repris dans plusieurs localités, dont Dinangourou. Situation qui a récemment fait réagir l’association culturelle Guinna Dogon. Cette soudaine reprise des violences compromet ainsi une nouvelle fois les activités agricoles, principales sources de subsistance des populations locales.
Au même moment, les groupes djihadistes tentent une incursion dans la région de Sikasso, jusque-là épargnée.
« Tant que les vrais leaders ne sont pas impliqués, on aura rien de consistant », commente cet analyste des questions sécuritaires. « Les accords ont été signés sans l’implication des groupés armés d’autodéfense notamment les chasseurs. Mais aussi, l’Etat islamique n’approuve pas les accords négociés par certains lieutenants de Amadou Kouffa, une des figures de proue du JNIM. C’est la raison principale des échecs », explique Dr. Aly Tounkara, Professeur d’Université et spécialiste des questions sécuritaires au Sahel.
Alors que le gouvernement, buté au refus de certains de ses partenaires internationaux, hésite encore à prendre langue ouvertement avec les figures de proue des groupes djihadistes. Cela, malgré les recommandations de la conférence d’entente nationale en 2017 et du Dialogue national inclusif (DNI) en 2018. Alors que la Mauritanie et l’Algérie, après plusieurs années de guerre contre les groupes djihadistes, ont dû se résoudre à trouver une solution pacifique. Pourquoi pas le Mali ?