Plus qu’un autre saut dans l’inconnu, le Mali a évité une véritable catastrophe le mardi 20 juillet 2021. En effet lors du rite matinal de l’Aïd EL-Adha à la Grande Mosquée de Bamako, un individu, à l’intelligence bestiale, s’est attaqué couteau en main au colonel Assimi Goita non moins actuel chef d’Etat. Neutralisé de justesse par les forces spéciales de la garde présidentielle, l’agresseur et son supposé complice ont été mis aux arrêts. A la mi-journée, le colonel Goita s’est adressé sur ORTM à une nation happée d’émoi et de stupeur. Si le président a voulu dédramatiser en jouant à l’apaisement pendant son allocution, expliquant que cet acte était un cas isolé, bon nombre de ses concitoyens conscients du désastre éludé souhaitaient que l’affaire soit émèche dans toute l’envergure de sa gravité. Le mercredi 21 juillet 2021, suite à une demande pressante de la presse – ainsi que beaucoup d’autres observateurs soucieux de lever le voile sur l’identité des individus sous bonne garde à la Direction générale de la sécurité d’Etat -, les fake-news auront longtemps alimenté les ondes radios, les télés et réseaux sociaux.
Quoi qu’il en soit, l’agression physique du chef d’Etat ne pouvait que tenir en haleine la population malienne. Entre les pro-Assimi qui voient en lui l’héroïque Don Quichotte dépeint dans l’œuvre romanesque de Cervantès et ces détracteurs, qui le diabolisent au point de le comparer au fin manipulateur sournois digne d’un personnage calculateur et froid décrit dans le célèbre livre intitulé « Le prince » de Nicolas Machiavel, le débat continue de faire rage. Mise en scène pour engranger de la sympathie, complot ourdi par les ennemis de l’extérieur ou tentative de putsch ? A l’évidence, la personne de l’énigmatique colonel Goita polarise l’opinion mais entre ces trois théories épisodes plus plausibles les unes que les autres, une certitude émerge : le Mali a trébuché au bord du précipice et reste encore sur ses deux pieds. Quelle que soit la perception qu’on puisse avoir à d’Assimi Goita, son assassinat ne peut que tenir d’un scénario catastrophique. Si la Tabaski a failli tourner au vinaigre il appartient à ceux qui sont à la charge de la sécurité du chef d’Etat d’être plus vigilant car une attaque de ce genre peut motiver une autre surtout que le mauvais signal a été donné.