Le bloc d’une quarantaine de partis politiques n’a pas masqué les différences d’appréciation. En particulier le guide religieux hamalliste, Mohamed Ould Bouyé Haïdara a jugé nécessaire une prolongation d’au moins six mois de la durée initiale de la transition.
Est-ce utile le fétichisme de calendrier ? Les avis sont divergents. Une quarantaine de partis et de regroupements politiques sont farouchement hostiles à toute idée de prolongation de la durée de la transition fixée à dix-huit mois, jugée contraire aux « termes convenus dans la charte de la transition librement consenti par le peuple à la suite des concertations de septembre 2020 ».
Elle a, en outre, lancé un appel solennel au peuple malien, aux autorités de la transition et à l’ensemble des partenaires du Mali pour s’engager ensemble vers la réussite de la transition. L’ancien premier ministre Moussa Mara qui en est le porte-parole de la coalition et ancien premier ministre, a ses recettes :
« Nous estimons que la sortie durable de crise de notre pays suppose la conduite d’actions qui ne peut être envisagée pendant la seule période transitoire …Nous sommes de ce fait convaincu que le prochain pouvoir issu des élections générales de fin de transition devra impérativement travailler dans un esprit de rassemblement et d’inclusivité et conduire de profondes réformes ».
Note discordante de Bouillé Haïdara
Si la coalition a tenu au respect scrupuleux du calendrier électoral – présidentielle et législatives convoquées le 27 février 2022, le guide des hamallistes a un son de cloche différent. Intervenant à distance, depuis sa ville de Nioro du Sahel, il apparaît comme un des plus chauds partisans d’une prolongation de la transition politique, d’au moins six mois, dans l’optique de mener à bon port les réformes tant attendues. Chérif Bouyé Haïdara, au terme de la prière hebdomadaire du vendredi dernier, s’est fait pédagogue « Si vous voulez qu’on avance, donnons-nous du temps. Nous, maliens, devons œuvrer à ce que cette transition soit prolongée. Si nous en avons l’espoir et l’ultime conviction que les autorités actuelles de la transition peuvent mieux faire, je demande une prolongation de deux à trois ans de la transition », a rapporté Cheick Coulibaly, son traducteur.
Cette prise de position du guide des hamallistes a apporté de l’eau au moulin de l’association des femmes du camp de Kati qui avait ouvertement appelé à une prolongation de la transition, au motif que le délai imparti n’autorisait pas la conduite des réformes majeures.
Un schéma écarté par les deux chefs de l’exécutif plutôt attachés au respect des engagements pris. Mais de l’autre côté, les promesses politiques n’ont jamais engagé que ceux qui l’ont cru. « Chat échaudé craint eau froide », un vieux dicton qui vient rappeler qu’une fois les militaires aient pris goût au pouvoir, il use de toutes les astuces pour s’y maintenir.