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L’Inter de Bamako N° 425 du

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Problématique du changement au Mali : Aux grands maux, il faut les grandes solutions !
Publié le mercredi 11 septembre 2013  |  L’Inter de Bamako




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Il semble utile de porter à la connaissance des jeunes générations que le 26 mars est l’aboutissement d’une longue et difficile lutte du peuple malien contre l’apache régime de Moussa Traoré. En fait, pendant 23 longues années, notre peuple a enduré dans sa chair et dans sa conscience les affres d’un régime qui avait honneur de la moindre contradiction surtout si elle est faite par l’intelligentsia malienne.

Les nombreuses années de douloureuses souffrances ont connu une fin le 26 mars 1991 lorsque le peule, organisé en mouvement démocratique, a dit d’une seule et unique voix : «Trop c’est trop ! Pousse pousse s’arrête au mur ! Le peuple a soif de démocratie et de liberté».
Les pertes restent inestimables. On pourrait dire qu’il y a eu plus de 200 morts et des centaines de blessé et de disparus. Comme l’avait promis le régime, un déluge de feu s’est abattu sur notre peule un vendredi 22 mars appelé dès lors «le vendredi noir au Mali». Le régime, par cet acte odieux, avait ainsi signé son acte de décès.


Le «mouvement dit démocratique» avait désormais en charge la gestion des affaires du Mali. L’espoir était né en notre peuple travailleur. Cet espoir fut de courte durée pour bien de gens qui ont compris que les barons déprédateurs du tissu économique national ont vite fait de retourner leurs vestes tachées du sang de nos femmes et de nos enfants. Vite, ils se sont retrouvés au sein de l’ADEMA, non seulement pour échapper aux tribunaux populaires de la Révolution, mais aussi pour éviter de se voir jetés à la poubelle de l’histoire.

La situation n’a échappé à personne : bien de ceux-là qui avaient crié en chœur avec notre peuple «Démocratie» étaient des renégats de cette démocratie. Les régimes Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré (ATT) ont tout simplement trahi la cause de notre peule qui a versé son sang pour l’avènement de la démocratie au Mali. Sous le prétexte fallacieux du pardon, Alpha a soigné la plaie du Mali sur du pu.


La conséquence ne pouvait être autre chose que la fin de tout espoir de notre peule en l’avenir. Vite, le peuple a compris que Alpha n’avait que faire de la démocratie. Les grands délinquants financiers n’ont jamais été inquiétés. ATT a tout simplement achevé la trahison de notre peuple entamé par Alpha.


Son régime a consacré la désagrégation complète du tissu socioéconomique et politique. De jeunes militaires patriotes conduits par le capitaine Amadou Haya Sanogo se sont assumés en donnant un coup d’arrêt à la gestion calamiteuse des affaires de notre peule travailleur.
Certes, ceux qui se nourrissaient du sang de ce peuple ne pouvaient que condamner cette action patriotique et salutaire de ces jeunes militaires en faveur de la démocratie dans notre pays. C’est dire que pour nous, la démocratie n’est jamais à l’abri des coups d’Etat tant que les semblants de démocrates se donnent le droit de tout oser et de tout faire au nom de cette démocratie qui fait la honte de la démocratie.


Certes, aussi, la fin de la transition n’était pas du goût des vampires de la scène politique malienne (parce qu’une page devra être tournée). Certes encore le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République (FDR) voulait se remettre en selle en appelant à voter Soumaïla Cissé. Mais Dieu est avec notre peuple parce que celui-ci a réalisé que ceux qui ont lancé cet appel désespéré n’ont plus rien de bon à lui proposer parce qu’ils ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.


Certes IBK est élu par le peuple malien dans sa grande majorité et donc beaucoup moins par son parti le RPM. Ce vote à l’allure d’un plébiscite est un message à double orientation :
- D’abord, en direction du FDR pour lui dire qu’on ne peut pas indéfiniment tromper le peule malien et donc lui instruisant de façon vivace cette célèbre réflexion du sieur Abraham Lincold qui dit : «On peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps, mais pas tout le peuple tout le temps.» Les jérémiades n’y peuvent plus rien ! Aussi doivent- ils réaliser que l’argent ne peut tout faire et surtout ne peut rien contre un peuple déterminé à tourner une page de son histoire.


- Le message du peuple s’adresse aussi à IBK en lui disant qu’il porte en lui l’espoir de toute une nation humiliée et éprouvée par une gestion apatride de ses affaires par des régimes qui ont spolié le peule jusque dans son honneur. Le message du peule à IBK est donc solennel : il faut enfin que ça change à l’avantage des damnés du Mali.


Pour répondre à ce message du peuple malien, IBK doit tirer les enseignements du passé qui s’imposent. Cela est d’autant indispensable qu’il importe de savoir que celui qui ne sait pas d’où il vient ne saura jamais où il va. Notre pays vient de très loin avec une histoire pleine de gloire mais aussi de pages sombres. A ce sujet, Seydou Badian Noubouina disait : «Etre de son temps, c’est vivre à la pointe de l’histoire mais en se souvenant qu’il y a derrière nous un passé prodigieux et infini».


En regardant notre passé récent, nous ne pouvons pas nous empêcher de lâcher des goûtes de sueur froide, avec un cœur meurtri. A cet effet, Alfred de Musset disait : «Lorsque la main écrit, c’est le cœur qui pleure.» IBK doit dès lors être original dans la gestion des affaires du Mali en faisant sienne cette célèbre réflexion du sieur Tibor Mendé : «Pour récupérer l’identité et le respect de soi, il faut changer l’orientation même de l’économie. Au lieu de regarder vers l’extérieur, elle doit s’orienter vers l’intérieur et se préoccuper davantage de résoudre les problèmes locaux que d’affronter ceux qui résultent du contact avec le monde industriel.»

Oui, il faut s’occuper des problèmes de la nation malienne contrairement aux régimes extravertis de Alpha Oumar Konaré et de Amadou Toumani Touré comme en témoigne la Nouvelle Ecole Fondamentale (NEF) imposée à notre système éducatif par Alpha et ses consciences d’occident capitaliste, faisant ainsi du Mali un pays cobaye de tout ce qui empêche l’Afrique de choisir sa voie de développement.


De son côté, ATT a saboté notre armée en sa qualité de «général d’armée». Lorsque ce général d’armée a corrompu les responsables militaires en les bombardant de grades il a fait de ces officiers de valeur des bénis oui, oui à la bouche désormais cousue et incapables de s’assumer conformément à leur serment de «défendre les intérêts supérieurs de la nation même au prix de leur vie».


En laissant les rebelles fouler le sol malien avec armes et bagages, ATT a achevé de trahir le Mali. Et lorsqu’il a posé la question au journaliste à la télévision malienne «si nous les désarmons qui va les défendre». Ce journaliste a compris que la cause était entendue : «les défendre contre qui» ?


Contre des gibiers que furent nos enfants égorgés à Aguel Hoc. La suite est connue de tous. Ce général, qui se faisait passer pour le champion de la paix dans l’espace CEDEAO, a hautement trahi son serment. C’est en cela que nous pensons que le général Moussa Traoré est vraiment républicain car sous son autorité, il n’était pas question ni de saboter notre armée, encore moins laisser des rebelles fouler notre sol avec armes et bagages. Nous lui sommes reconnaissant dans la gestion du conflit frontalier qui a opposé le Burkina à notre pays.

Nous avons senti dans son regard lorsque à l’aéroport international de Koulouba (Burkina Faso) il a vu un char malien transformé en butin de guerre, qu’il avait mal. Nous avons combattu son régime, mais c’est bien cela l’officier, jalon de la souveraineté de son pays. Il faut le dire, Moussa est nettement meilleur à ces hommes et ces femmes qui se sont faits passer des démocrates mais sans lien avec la démocratie.


La quasi-totalité de ces hommes ayant honneur du peuple malien se sont rendus coupables des forfaitures par le biais des règnes machiavéliques de Alpha et d’ATT. Il faut qu’ils rendent compte. N’en déplaise à ceux qui veulent appeler cela «chasse aux sorcières !» Cette fois-ci, Ibrahim Boubacar Keïta doit éviter de soigner la plaie sur du pus pour qu’enfin notre peuple puisse lancer son ouf de soulagement.


Pour ce faire, il lui faut prendre en main les dossiers de forfaiture rendus à Alpha et à ATT par le contrôle général d’Etat que le premier a rattaché à lui et par le vérificateur de la République à ATT si l’on ne veut pas que leurs hauts salaires leur soient attribués aux dépens de notre peuple travailleur.


Aux grands maux, il faut les grandes solutions. Toutes nos institutions, tous nos ministères ont été transformés en caisses de résonnance et en fleuves pour abreuver les plus nantis. Comme si la démocratie est conquise de haute lutte au Mali pour spolier le peuple qui a sacrifié bien de ses enfants pour cette démocratie.


Il faut absolument nettoyer notre maison commune qu’est le Mali pour que plus rien ne soit comme avant.


- Tous les dossiers du contrôle général d’Etat et du Vérificateur général doivent être traités avec minutie et esprit critique pour qu’enfin tous les coupables payent. C’est bien cela qui peut conduire le Mali vers la restitution à lui de sa dignité et de son honneur confisqués par ses bourreaux. Cet assainissement doit enfin avoir lieu et que cette fois ci qu’il n’y ait pas de gros requins intouchables.


- Des terres ont été frauduleusement attribuées à des riches avec commission et retirées à des pauvres. Les logements sociaux n’ont jamais revêtu ce caractère. Monsieur IBK, veuillez lever une équipe d’enquête pour savoir ce qui s’est passé à ce niveau. Le peuple vous sera reconnaissant car c’est son dû à lui, parce que l’argent n’est pas venu des poches d’ATT.

- Après le foncier, il faut dire un mot sur la flambée des prix des denrées de première nécessité. En fait, au Mali il y a la terre en abondance, mais notre peuple vit de produits d’importation. Quelle gestion calamiteuse ! Aussi, les dons et crédits pour lutter contre la faim au Mali n’ont jamais servi cette cause pour notre peuple.


- Il faut situer toutes les responsabilités par rapport au sabotage de notre armée : trop de généraux nommés par Alpha et ATT et sous leurs yeux, c’est ce sort qui a été réservé à notre institution militaire. Il faut que toutes les responsabilités soient situées et que les fauteurs paient.

- Notre école roule à terre par la faute de responsables connus. Il faut que l’on remette l’école à l’école et que le clientélisme, y soit systématiquement puni. Aussi, faut- il les débats dans nos établissements.


- Nos hôpitaux et centres de santé sont des mouroirs par la faute de ces responsables qui n’ont jamais accepté le serment d’Hippocrate pendant qu’ils sont au service de la santé.

Bref, il faut que le peuple sache qui a fait quoi dans la désagrégation de notre tissu socioéconomique, politique et culturel. Il faut que tous répondent de leurs actes car aux grands maux seules valent les grandes solutions.

Fodé KEITA

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