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Dr Moumouni Guindo sur l’ORTM : « De 2005 à 2019, plus de 450 milliards de FCFA ont été identifiés par le seul vérificateur général comme étant perdus uniquement au niveau des recettes »
Publié le mardi 3 aout 2021  |  Le Pays
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© aBamako.com par FS
Table ronde sur l`accès des victimes à la justice organisée par Freedom House
Freedom House a organisé une table ronde sur l`accès des victimes à la justice le 24 Décembre 2015 à l`INRSP). Photo Moumouni Guindo
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Le président de l’Office Central de Lutte contre l’Enrichissement Illicite (OCLEI) et auteur du livre « Le contrôle des finances publiques au Mali. D’indispensables réformes », Dr Moumouni Guindo, était l’invité de la télévision nationale, l’ORTM, le 1er août dernier. Il était question pour le magistrat écrivain de parler de son livre de 516 pages publié dans les éditions « l’Harmattan ».

Nous vous proposons l’intégralité de son interview que nous avons transcrite !

ORTM : Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire ce livre sur les finances publiques ?

Dr Moumouni Guindo : J’ai écrit ce livre sur la base de mon expérience de juge d’instruction pendant 9 ans et demi, au bureau du vérificateur général pendant 9 ans et demi. Quand j’ai donc décidé de faire mes recherches doctorales, j’ai opté pour le thème « l’évolution du contrôle des finances publiques au Mali ». Les recherches ont duré 5 ans et elles m’ont permis, d’une part, de présenter une thèse de doctorat sur ce thème là et de produire ce livre dénommé « le Contrôle des finances publiques au Mali. D’indispensables réformes ».

Dr, avec tout le travail que vous faites au niveau de l’OCLEI, on se demande quel temps nécessaire vous avez pour écrire un livre de 516 pages ?

Je mets à profits mes rares temps libres, les samedis et dimanches, et les congés que je prends légalement, pour faire ce travail.

Vous dites dans votre livre : « le contrôle des finances publiques n’a guère évolué au Mali depuis 1960 ». C’est quoi le problème ? Où se situe le blocage ? Le système ou les hommes ?

Les deux, mais principalement le système qui renferme d’énormes d’efficiences et j’ai découvert, à l’issue de mes recherches, que l’impact financier est énorme. J’ai pu dénombrer 1266 milliards d’argent perdus par l’État que les contrôles externes ont révélé, malheureusement que les contrôles internes ont laissé passer. 1266 milliards, c’est l’équivalent de 264 hôpitaux comme l’hôpital du Mali ou bien 1767 centres de santé de référence comme celui de Diema ou même 42 fois le 3ème pont de Bamako. C’est donc important les moyens financiers qui sont en cause. Et la déficience se situe, d’une part, dans le système et d’autre part, c’est que le Mali, en 60 ans, a certes créé beaucoup de structures mais sans mettre beaucoup l’accent sur les attributions, sur la coordination, la complémentarité, la création de synergie entre les structures. Mais particulièrement, c’est l’impunité. Cette impunité, elle est aussi due principalement au fait que de 1960 à 2020, à la fin de mes recherches, la section des comptes n’a pas pu fonctionner de façon optimale. Je loue le travail qui est fait actuellement par la section des comptes pour occuper sa place dans l’architecture. Mais il faut avouer que de 1960 à 2014, aucun compte public n’a fait l’objet de jugement au Mali.

Alors Dr, quelle est la stratégie préconisez-vous dans votre ouvrage pour révolutionner le contrôle et assainir les finances publiques ?

La première chose, c’est encore une fois de rendre opérationnelle, vraiment opérationnelle la section des comptes qui joue un rôle important, central pour amener les acteurs de la gestion des finances publics à assumer et à comprendre toutes leurs responsabilités. Donc ce qui est urgent aujourd’hui, c’est vraiment de rendre beaucoup plus opérationnelle la section des comptes qui fait un bon travail aujourd’hui. J’ai pu dénombrer, de 2014 à 2018, 1118 jugements rendus par la section des comptes, mais malheureusement ces arrêts ne sont pas encore exécutés. Il faut donc urgemment rendre opérationnelle la section des comptes. Deuxième mesure urgente, c’est le contrôle des recettes. Je me suis rendu compte que les recettes au Mali ne font pas l’objet du contrôle financier. Il y a, certes, le contrôle interne fait par les opérationnels. Ils font un excellent travail. C’est grâce au travail de ces services d’assettes de recouvrement de l’État que fonctionne le budget de l’État avec plus de 2800 milliards en 2021. Mais il faut avouer que de 2005 à 2019, plus de 450 milliards de FCFA ont été identifiés par le seul vérificateur général comme étant perdus uniquement au niveau des recettes. C’est donc extrêmement important, selon moi en tout cas, d’instituer le contrôle préalable financier des recettes. Je ne suis pas le premier à le dire, déjà la stratégie nationale de contrôle interne le dit depuis 2008-2009.

Dr, il est malheureusement établi que les Maliens ne lisent pas en général. Et vous avez 516 pages. Ça se vend à combien ?

C’est le Harmattan qui a fixé le prix à 27 500 FCFA environ, pour le moment, ça se vend plutôt bien. Mais le plus important est que c’est connu. Donc les professionnels, ceux qui sont intéressés, peut-être il y aurait aussi des subventions, sait-on jamais ? Parce que c’est extrêmement important les recommandations que j’ai faites là-dedans. Par exemple, il est important qu’au Mali, qu’on dispose d’un corps militaire public de fonctionnaire recruté uniquement pour faire le contrôle. Cela manque et c’est aussi une cause importante des déficiences.

Par Boureima Guindo

Source : LE PAYS
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