Depuis quelques années, le traditionnel exode des jeunes filles vers les grandes agglomérations urbaines pour servir d’aides ménagères connait une véritable mutation. En effet, dans beaucoup de grandes villes les aides ménagères se font rares pour diverses raisons. Le manque de mains d’œuvres pour les travaux champêtres en milieux ruraux explique en grande partie cette rareté, mais il convient également de signaler que ces aides ménagères ne s’accommodent plus facilement à ce qu’elles considèrent comme de l’exploitation à grande échelle. Jeune aide-ménagère de 22 ans employée dans une famille à Kalaban-Coura ACI, la rémunération mensuelle de Rokia Keita varie selon les taches qu’on lui confie. Si la lessive est incluse, par exemple, elle exige 15 000 FCFA ou peut accepter dans le pire des cas 12 500 FCFA. La demoiselle, dont les études se sont arrêtées en 7ème année fondamentale, ignore toutefois qu’au Mali le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) est fixé à 40 000 FCFA même si elle est loin d’être la plus spoliée de ses droits dans ce pays. Elle n’ignore pas en revanche que beaucoup de ses semblables s’adonnent au plus vieux métier du monde et autres dépravations surtout dans des zones minières en vue d’atteindre le même objectif partagé : réunir en quelques mois la somme nécessaire pour constituer leurs trousseaux de mariages.
D’autre part à l’international des ONG (organisation non gouvernementale) comme solidarité mondiale « WSM » luttent pour que les travailleuses domestiques puissent bénéficier d’un salaire supérieur ou égal au SMIG en Afrique de l’Ouest et au plan national. On y dénombre par exemple Educo-Mali et l’ADDAD (association de défense des droits des aides ménagères et domestiques) qui se battent inlassablement pour l’amélioration des conditions de travail des aides ménagères et des domestiques dans l’optique d’éviter qu’Is soient victimes d’abus de tout genre. Cependant, malgré la bonne foi de ces ONG, méconnues d’ailleurs de beaucoup de leurs cibles, un autre problème émerge avec la sous-traitance des aides ménagères, beaucoup plus nuisible que l’exploitation dont elles sont sujettes dans leurs foyers d’accueils.
En tout cas, le travail d’aides ménagères dans les grandes villes est de plus en plus honni par les jeunes villageoises, au grand dam des familles urbaines qui sont souvent tributaires des services de ces dernières.