Les enseignants qui s‘étaient tus, après des moments de manifestations et de contestations pour l’acquisition de l’article 39 de la loi n°2018-007 du 16 janvier 2018, se trouvent actuellement en désaccord avec le gouvernement transitoire. La tension qui monte d’un cran est due à la menace qui plane sur l’application de ladite loi.
Les enseignants des écoles publiques maliennes s’engagent, comme ils l’ont fait avec le défunt régime de Ibrahim Boubacar Keita (IBK), dans un bras de fer contre les nouvelles autorités. Pour trouver une panacée aux grognes sociales, les autorités transitoires ont adopté une ordonnance qui, semble-t-il, va à l’encontre de la teneur du « fameux » article 39 de la loi n°2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut particulier des enseignants. En l‘occurrence, s’agissant de l’ordonnance n°2021-003/PT-RM du 16 juillet 2021 fixant la grille indiciaire unifiée des personnels relevant des statuts des fonctionnaires de l’Etat, des collectivités territoriales, des statuts autonomes et des militaires.
Face à la pression que l’UNTM (union nationale des travailleurs du Mali) leur avait imposée, les nouvelles autorités se sont vues dans l’obligation d’adopter cette ordonnance pour l’harmonisation des grilles indiciaires des fonctionnaires. Cette décision suscite la colère des enseignants. Ces derniers estiment que l’harmonisation des grilles reste une entrave à l‘application de l’article 39 de leur statut. En la matière, Ousmane Almoudou Touré, non moins porte-parole des syndicats de l‘éducation signataires du 15 octobre 2016 confie : « Cette ordonnance bloque carrément l’application de l’article 39. Le gouvernement a ainsi décidé de satisfaire une doléance de l‘Union nationale des travailleurs du Mali(UNTM) en pensant que les enseignants sont faibles, mais nous allons nous battre en usant tous les moyens légaux ».Le torchon continue de brûler ainsi entre enseignants et gouvernement.
À cet effet, les négociations menées n’ont, à ce jour, pas abouti. Ainsi, sur la base d’un communiqué publié le 26 juillet dernier, les syndicalistes ont lancé un appel au boycott des examens de fin d‘année. « Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 appellent les enseignantes et enseignants à boycotter toutes les épreuves pratiques du BT et du CAP », lit-on dans leur communiqué qui mentionne : « Ils (syndicalistes) invitent les secrétaires généraux à tous les niveaux (national, régional et local) à prendre des dispositions nécessaires pour l’exécution correcte de la présente consigne ».
Pour respecter ces consignes syndicales, les épreuves sportives des examens du diplôme d‘étude fondamentale(DEF) ont été empêchées dans la région de Sikasso, par le fait du boycottage des enseignants. Pour davantage manifester leur mécontentement, les enseignants ont tenu, le 29 juillet dernier au pavillon du stade omnisports Modibo Keita de Bamako, un géant meeting. L’objet étant de protester contre l’unification des grilles qui leur touche, les enseignants ont clamé le « respect strict de l’article 39 ».Dans leur stratégie de combat, les syndicalistes ne se sont pas limités là, ils ont aussi donné une autre consigne aux militants. C’est-à-dire : de procéder à la rétention des notes des élèves. Vu l’application rigoureuse de ces consignes par les enseignants, Mme Sidibé Dédéou Ousmane, ministre de l’Education nationale a sollicité le concours des enseignants des écoles privées, les enseignants retraités, les associations des parents et autres acteurs de l’éducation pour, dit-elle, sauver les examens. Compte tenu des désaccords, la nouvelle cheffe du département a été obligée de communiquer, le 30 juillet dernier. « La tenue des examens de fin d‘année est menacée par des appels au boycott émis par les syndicats de l’éducation nationale réunis au sein de la synergie », a indiqué la ministre. C’est pourquoi, Mme Sidibé Dédéou Ousmane a sollicité le recensement des enseignants du public et du privé, ainsi que celui des enseignants retraités au besoin, en vue de leur utilisation dans les différentes étapes des examens. Ce même appel a été lancé par la ministre aux associations des parents d’élèves, à celles des jeunes qui se trouvent dans des localités éloignées pour la sécurisation des centres d’examens. Même si le premier ministre, Choguel Kokalla Maiga leur a rassuré, le lundi 2 août 2021 devant les membres du CNT que « l’article 39 n’est pas abrogé », les enseignants sont loin de baisser les bras. Ils disent prêts à se battre pour l‘application de l’article 39.