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Nouvel Horizon N° 4476 du 10/9/2013

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Le poids du silence, le choc des mots !
Publié le mercredi 11 septembre 2013  |  Nouvel Horizon


© aBamako.com par as
Audience et départ du président de la République Fédérale du Nigeria Goodluck Jonathan.
20/10/12. Bamako. Hotel Radisson. Le président du comité militaire de suivi et de reforme Capitaine Amadou Haya Sanogo et lancien président du Mali Général Moussa Traore.


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Un silence assourdissant pour les victimes des inondations qui attendaient un peu de compassion, même de loin. Une reconnaissance inattendue pour un bourreau qui n’en demandait pas tant.

Dictateur. Grand. Républicain. Nous ne savons pas ce qui est le plus choquant dans cette équation : dictateur = grand républicain. Comment un dictateur renversé par une révolution populaire peut-il se retrouver qualifié de “ grand républicain” ? Et ce, par un président démocratiquement élu avec près de 80% des voix. Est-ce parce que ce score rappelle celui des potentats africains régulièrement élus grâce au truquage du jeu démocratique ?

Qu’est-ce qui pousse les dirigeants de ce pays à “annoblir” les actes anti-républicains des “coups d’étateurs” et des dictateurs ? De quoi parlons-nous exactement ? D’un républicain, partisan de la République, attaché aux principes de la république ? Qu’est-ce qu’une République ? Selon le Larousse, “une république est un régime politique où les fonctions de Chef d’État ne sont pas héréditaires, mais procèdent de l’élection. Cependant, une république n’est pas nécessairement une démocratie (cas des régimes aparti unique ou ayant élu un dictateur)”

D’un dictateur, “personne qui, à la tête d’un État, détient tous les pouvoirs, les exerçant sans contrôle et de façon autoritaire ; autocrate”, toujours selon le Larousse.

Monsieur le Président, qu’essayez-vous de nous dire ? Que Moussa Traoré est arrivé au pouvoir par les urnes ? Que les élections organisées par le parti unique de l’époque étaient “transparentes, libres et crédibles” et donc le Président “élu” légitime ?

Au nom de “Eux”. Au nom de tous les Maliens tombés, directement ou indirectement, sous les coups de sang du dictateur Moussa TRAORE et de ses compagnons tortionnaires,

Au nom de tous les enfants maliens qui ont grandi sans leur père, assasinés en raison de la jalousie, de la lâcheté ou sur simple caprice d’un prince sanguinaire,

Au nom de tous les maliens qui gardent encore au fond d’eux, inscrite dans leurs gènes, la douleur indélébile de la perte d’un être cher simplement parce qu’il a eu le malheur de déplaire à un membre de la Tyrannie ou pire, de se servir de son cerveau,

Au nom des maliens qui ont vu leur vie basculer, leur famille détruite par l’acharnement de ceux que l’on ne peut que qualifier de monstres et qui avaient fait du peuple malien un paillasson sur lequel ils se sont allègrement essuyé les pieds,

Au nom de tous ceux qui se sont battus à mort pour permettre au peuple malien de respirer l’air frais de la liberté, de relever la tête sans crainte de devoir la baisser sous le coup

d’humiliations répétées,

Au nom de tous ceux qui ont brûlé leur vie dans le sel et le sable du Nord,

Monsieur le Président, avec tout le respect dû à votre fonction, respectez la vérité de l’Histoire du Mali, inclinez-vous devant la douleur des victimes, saluez la mémoire de ceux qui ont sacrifié leur vie pour l’émergence de principes démocratiques que les successeurs de Moussa TRAORE n’ont eu de cesse de fouler aux pieds, mais qui ont fini par vous porter au pouvoir. Nous ne vous demandons pas de réhabiliter un passé nauséabond, mais d’accepter la vérité historique, parce qu’on ne peut vraiment préparer l’avenir qu’en connaissant bien l’histoire.

Posez plutôt des actes concrets pour construire un Mali autrement plus digne que celui représenté par votre prédécesseur, dictateur que vous qualifiez aujourd’hui de “grand républicain”. On a voulu nous faire passer la démocratie malienne pour le paradis perdu, n’allons pas réinventer un mythe encore plus effrayant en falsifiant l’Histoire pour des raisons seules connues de vous. Evitons de nous égarer et revenons aux fondamentaux de la 3ème République en relisant le préambule de Constitution du Mali, qui sonne comme un programme à lui tout seul :



“Le PEUPLE Souverain du Mali, fort de ses traditions de lutte héroïque, engagé à rester fidèle aux idéaux des victimes de la répression et des martyrs tombés sur le champ d’honneur pour l’avènement d’un Etat de droit et de démocratie pluraliste, affirme sa volonté de préserver et de renforcer les acquis démocratiques de la Révolution du 26 Mars 1991, s’engage solennellement à défendre la forme républicaine et la laïcité de l’Etat, proclame sa détermination à défendre les droits de la femme et de l’enfant ainsi que la diversité culturelle et linguistique de la communauté nationale, réaffirme sa détermination à maintenir et à consolider l’unité nationale, s’engage à assurer l’amélioration de la qualité de la vie, la protection de l’environnement et du patrimoine culturel, souscrit à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 10 Décembre 1948 et à la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples du 27 Juin 1981, réaffirme son attachement à la réalisation de l’Unité Africaine, à la promotion de la paix, de la coopération régionale et internationale, au règlement pacifique des différends entre Etats dans le respect de la justice, de l’égalité, de la liberté et de la souveraineté des peuples”.

Monsieur le président, c’est bien vous qui avez déclaré lors de votre investiture que “La confiance, la très grande confiance placée en moi ne sera jamais galvaudée. Je veillerai désormais à sauvegarder notre peuple, en ses personnes et ses biens”.

Nous n’allons pas vous faire de procès d’intention, mais nous espérons que vous respecterez l’esprit de la Constitution de notre pays. Nous ne voulons pas voir dans votre écart de langage, un avant-goût de ce que vous appelez un “Etat fort” ou un retour à l’obscurantisme: nous avons déjà donné et pardonnez-nous de vous répondre “non merci !”.

Aida H Diagne

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