Créée le 21 octobre 1894, la garde nationale a connu son tout premier général, Moussa Diawara ce 22 octobre 2014. Soit 120 ans après. L’ambiance était festive au camp des gardes de Tomikorobougou où militaires, épouses de militaires et jeunes du quartier ont vibré tous ensemble à l’unisson, les jeudi et vendredi derniers. Cette grande fête a aiguisé notre curiosité et nous a amené à chercher à comprendre pourquoi une si grande mobilisation et communion entre militaires et civils. La raison évoquée par les participants était toute simple : Moussa Diawara vient d’être promu au grade de Général de Brigade par le Président de la République.
Nous avons alors compris que l’homme, le Général Diawara, est extrêmement populaire au camp des gardes et même dans le quartier qui l’abrite, Tomikorobougou. La preuve pour exprimer leur fierté, lors des festivités, ils ont mis en place un dispositif sécuritaire costaud. Une ceinture de 20 personnes veillaient sur la sécurité de son véhicule, même étant vide. Cela, pour prouver que le Général est une icône pour eux. En fouillant un peu, nous avons découvert que la popularité du Général Diawara n’était pas tombée du ciel mais était consécutive à la grande humanité de l’homme, à son sens élevé du devoir et à sa rigueur de chef militaire. Lors de nos investigations, nous avons été impressionnés par le parcours de cet officier. Jugez-en par vous-même !Soldat complet aux compétences militaires reconnues, Moussa Diawara est le 1er officier garde du Mali à faire le cours supérieur de la Gendarmerie et devient du coup le 1er officier de Police judiciaire (OPJ) de la Garde nationale. Mieux, il est le premier garde à faire le cours des capitaines à l’Ecole d’application de l’infanterie de Thiès (EAI), au Sénégal.
A sa sortie de l’Ecole Militaire Interarmes (Emia), le lieutenant Moussa Diawara est le premier garde nommé instructeur permanent dans cette école en 1993. Il est ensuite nommé commandant de compagnie à Mopti puis premier directeur du centre d’instruction de la Garde Nationale. C’est alors qu’il fut chargé par le Haut commandement de la Garde Nationale de former sept cents (700) intégrés de la rébellion de 1991. Il a accompli avec brio cette tâche délicate mais exaltante sous l’œil vigilant du Colonel Bah Dao, actuel Ministre de la Défense, alors chef d’Etat-major adjoint de la garde Nationale. Malgré l’indiscipline et le manque d’esprit militaire des jeunes issus des mouvements rebelles, le lieutenant Diawara a fait régner l’ordre dans son centre de formation et cela en prenant très souvent des décisions difficiles.
Après le centre d’instruction, il a été nommé commandant du Groupement de Maintien d’Ordre (GMO) de la Garde Nationale. Là, il s’est battu pour le droit de ses hommes. Le non respect de ces droits constitue l’une des plaies de notre armée aujourd’hui (le sujet mérite toute l’attention du commandement militaire). Sa nomination à ce poste stratégique a coïncidé avec l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2002 (CAN 2002) dans notre pays. Il avait alors la lourde tâche de sécuriser l’ensemble des stades (compétitions et entraînements) de Bamako. Aussi, il devait assurer avec ses hommes la ceinture de sécurité extérieure des stades pendant les matchs. Cette délicate mission a été assurée sans un seul jet de grenade lacrymogène. Le succès de la sécurité lors de la CAN 2002 est à mettre à l’actif du GMO de la Garde Nationale sous les ordres du Commandant Moussa Diawara à l’époque. Le Président du Comité d’Organisation de la CAN 2002, Monsieur Makanguilé, a dressé un rapport félicitant Moussa Diawara et demandant qu’il soit décoré Chevalier de l’Ordre National du Mali. Ainsi, il a été le premier officier garde à avoir cette décoration.
C’est après la CAN 2002 que Moussa Diawara a été désigné comme aide de camp de Monsieur Ibrahim Boubacar Keita, alors Président de l’Assemblée Nationale. Il a assumé cette fonction cinq (5) ans durant et a ainsi mérité la confiance et le respect de l’actuel Président de la République. A l’issue d’une interview réussie, il sera le premier officier malien admis à l’Ecole de Guerre du Cameroun. Après cette prestigieuse formation, le Colonel Diawara sera envoyé pour commander les opérations militaires dans les trois (3) régions du nord du pays. Cette décision sera très mal prise par certains militaires de l’Armée de Terre qui estimaient qu’il est garde et qu’il ne devait pas être nommé chef du théâtre des opérations au nord du pays. Il a fallu à ce valeureux officier toute sa rigueur, son humanisme et son sens du devoir pour accomplir une tâche aussi délicate dans un environnement hostile. Le terroriste Bahanga a été tué alors que le Colonel Diawara commandait les opérations. Et pendant deux (2) ans de présence sur le terrain, aucune rébellion n’a pu éclater au nord de notre pays. Après son temps de commandement, il a été difficile pour la hiérarchie militaire de lui trouver un remplaçant tant il avait su s’imposer et gagner le cœur des hommes sur le terrain.
Ensuite, il a été nommé Directeur de l’Ecole d’Etat-major de Koulikoro, la plus grande école militaire du Mali. Il faut signaler qu’il a été le premier directeur malien de cette école après le départ des français. En plus de cette fonction, Il a été nommé Directeur du centre d’instruction de Koulikoro et a donc assumé cumulativement les deux charges jusqu’à sa nomination comme chef d’Etat-major de la Garde Nationale.
Selon des gardes que nous avons rencontrés, il a été le seul Chef d’Etat-major de la Garde Nationale à avoir réalisé en moins d’un an quatre (4) villas dont deux (2) pour officiers et deux (2) pour sous-officiers, huit (8) bureaux et procéder au bitumage de la route du camp des gardes en face de la Médersa, qui était un cauchemar pour les usagers. Par son dynamisme et son amour du métier, il a aussi réussi à obtenir de l’Union Européenne une centaine de véhicules «Pick up» et beaucoup d’autres équipements militaires pour la Garde Nationale du Mali. De nos jours, ce corps continue à recevoir des équipements négociés par Moussa Diawara auprès de l’Union Européenne. Toujours selon les gardes, Il a aussi payé de nouveaux matelas pour remplacer l’ensemble des matelas usés de l’infirmerie du camp. Et, c’est encore lui qui a doté pour la première fois les chefs de peloton de la garde dans les cercles en véhicule de commandement. Les gardes avouent regretter le départ de cet officier pour la Direction de la Sécurité d’Etat.
A la Sécurité d’Etat, les actes posés par le Général Diawara sont nombreux parmi lesquels on peut citer la rénovation des bâtiments vétustes de ce service et l’arrestation du terroriste Mohamed Aly Ag Wadossène et certains de ses complices, après leur évasion spectaculaire de la maison d’arrêt de Bamako-coura, qui a redonné espoir aux populations de Bamako.
La nomination de Moussa Diawara au grade de Général de Brigade a été une grande fierté pour la Garde Nationale qui, à l’occasion, a organisé le jeudi 23 octobre 2014, une prise d’armes et invité les jeunes du quartier de Tomikorobougou a partagé un «mishui». Après la fête, les gardes ont organisé des prières pour le Général Diawara à la mosquée du camp de Tomikorobougou le vendredi 24 octobre 2014. Il faut aussi signaler que les huit (8) groupements de la Garde Nationale, dont celui de Kidal basé à Gossi, ont organisé des fêtes pour célébrer le grade de Général de Moussa Diawara. Aussi, des gardes à la retraite que nous avons rencontrés, ont pleuré de joie et ont remercié Dieu et le Président Ibrahim Boubacar Keita de leur avoir permis de voir le premier général de la Garde Nationale du Mali. Ils ont profité de cette occasion pour nous confier leur intention d’organiser, dès la semaine prochaine, une veillée des chasseurs en l’honneur du premier Général de la Garde Nationale. L’organisation de cette veillée, selon eux, est entièrement financée par l’Association des anciens gardes convertis en chasseurs.
Alors, tous ensemble, prions pour ce valeureux officier et invitons les différents responsables du Mali en général et ceux de l’armée en particulier à prendre exemple sur lui afin de redonner espoir au peuple malien.