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Mme DINGUEST Zenaba, écrivaine, auteure de «Contre vents et marées» : « Ce roman fait jaillir une sorte de lumière inespérée en enseignant à la société que le Sida n’est ni de la sorcellerie, ni de la fatalité, mais juste une maladie »
Publié le jeudi 5 aout 2021  |  Le challenger
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Agée de trente (30) ans, Mme DINGUEST Zenaba est une jeune écrivaine de nationalité tchadienne à la plume percutante et à l’imagination fertile. Titulaire d’une maîtrise en sociologie de développement obtenue aux Hautes Etudes économiques, comptables, commerciales et communications du Tchad (HEC-Tchad), et d’une Licence à l’ISCAM, elle se positionne comme « libre Ambassadrice de la paix ». Directrice adjointe des Ressources Humaines au sein d’une institution de la place depuis février 2021, elle a travaillé auparavant aux cotés des ONGs et Centres de recherches. Après « HOURRIYA : Un rêve brisé », en 2018, la jeune auteure vient de publier à Figuira Editions son deuxième roman « Contre vents et marées ».
Un roman bien écrit et facile qui raconte l’histoire de Halima, une jeune intelligente et belle qui a vu sa vie basculer vers la rue pour finir au “marché Mokolo”, célèbre marché clandestin du sexe à N’Djamena. Ayant contractée le VIH/Sida, l’héroïne, Halima reprend goût à la vie grâce aux conseils de son médecin soignant, Dr Keylan. Elle rencontre l’élu de son cœur qui finit par l’épouser malgré son statut séropositif. De cette union naquit un joli garçon. Halima crée un centre d’écoute et de réinsertion sociale des personnes infectées. Elle devient une icône dans la lutte contre le Sida et de soutien aux personnes vulnérables dont sa tante qui l’a jetée dans la rue. Une leçon de vie.

Dans cet entretien qu’elle a bien voulu nous accorder, Mme DINGUEST Zenaba parle de son roman. Entretien !

Le Challenger : Madame, expliquez nous un peu votre dernier roman dont le titre est « Contre vents et marées » ?

Madame DINGUEST Zenaba : Bonjour. “Contre vents et marées” est un roman qui traite de la problématique du VIH/Sida ainsi que tous ses corollaires, à savoir la stigmatisation des personnes infectées. L’héroïne, Halima, adoptée par sa tante pour poursuivre ses études en ville est finalement confrontée à des situations peu confortables (accusée de vol, mise à la porte…) et finit par embrasser la vie de la rue en se tissant des amitiés avec des personnes n’ayant pas une bonne réputation, pour finir au “marché Mokolo”, célèbre marché clandestin du sexe à N’Djamena. Là, elle contracte le VIH/Sida et bonjour le bagne sur terre : pointée du doigt, moquée, stigmatisée parce que c’est une femme et “qu’une femme n’a pas droit à un certain nombre d’incartades”, puis abandonnée par tous, Halima subissait doublement sa peine.

Mais grâce aux innombrables conseils de son médecin soignant, un certain Dr Keylan qui finit par être son meilleur ami, Halima entreprend un traitement antirétroviral qui lui permet de reprendre du poil de la bête.

La vie étant remplie de mystères, Halima qui n’avait connu d’hommes que pour subvenir à ses besoins vitaux finit par rencontrer l’amour, le vrai, venu tout droit du Ciel : Ben. Celui-ci devient par la suite son époux, nonobstant tous les clichés. Plus tard, ils finissent par avoir un fils, qui, lui aussi n’échappe pas à la stigmatisation au point où même certaines aires de jeux lui étaient interdites. Mais à force de persévérer tout en faisant fi de toutes les étiquettes que l’on lui avait collées, Halima réussit à se tenir débout contre vents en marées, en créant un centre d’écoute et de réinsertion sociale des personnes infectées et devient ainsi une icône dans la lutte contre le Sida, recevant des financements de toute part.

Le roman “Contre vents et marées” est telle une goutte d’espoir pour les victimes du VIH/Sida, car, dans le couloir de la mort, ce roman fait jaillir une sorte de lumière inespérée en enseignant à la société que le Sida n’est ni de la sorcellerie, ni de la fatalité, mais juste une maladie ; et qu’avoir le VIH/Sida ne signifie pas que la roue doit arrêter de tourner.

Quel est le message que vous voulez faire passer à travers le personnage central de ce roman Halima ?

Halima est comme une note d’espoir pour toute personne victime du VIH/Sida ou de stigmatisation (quelle que soit sa forme ou sa cause) au sein de la société. Halima est une guerrière au sens noble du terme, un personnage qui se bat jusqu’au bout sans pour autant se laisser embastiller par le regard de la société, encore faut-il que ces regards soient justes et honnêtes : peut-on en espérer dans une société machiste, où l’on déresponsabilise l’homme et blâme éternellement la femme pour le même acte ?

Dans la première partie, vous évoquez le chef Nabil, un patriarche que « rien ne pouvait faire fléchir hormis l’amour éperdu qu’il avait pour sa dernière épouse Nadia, belle et dotée d’une fraîcheur hypnotique ». Quelle image, vous avez voulu donner à la femme africaine à travers la petite protégée du chef Nabil, la femme la plus branchée d’Abka ?

À travers la troisième épouse du Chef Nabil, vieillard de son état qui a pour épouse une femme beaucoup plus jeune que lui, Nadia, l’accent est simplement mis sur le penchant qu’ont souvent les vieux hommes pour leurs petites épouses, et par ricochet, les affres de la polygamie que vivent certaines femmes africaines, teintées d’injustices quotidiennes, d’angoisses épouvantes.

Peut-on établir un parallèle entre l’influence de la belle Nadia et celle de nos actuelles premières dames ?

(Rires). Les premières dames, je n’en sais rien, et donc, je m’abstiens.

Quelle appréciation faites-vous du travail de Figuira Editions en général et de l’engagement de sa directrice Mme Niaré Fatoumata Keïta en particulier ?

Pour moi, Figuira Editions est une boîte qui remplit et respecte les critères d’une maison d’édition digne de ce nom. Dotée d’une équipe dynamique, professionnelle et rigoureuse, je suis juste éblouie par les résultats de cette première collaboration.

Quant à sa Directrice Mme Niaré Fatoumata Keïta, au-delà de l’amitié et du rapprochement qu’il y a entre nous, j’avoue que c’est une mordue du travail bien fait, une dame qui inspire, un modèle, capable de vous envoyer un courriel à 2h du matin après avoir passé la nuit à inspecter votre tapuscrit ; et qui ne manque pas à vous prodiguer des conseils ou à vous trouver des pistes en rapport avec votre carrière littéraire.

Elle est la preuve matérielle qu’être femme ne se limite pas seulement aux simples clichés qu’on nous attribue. Et je reste convaincue de ma future collaboration avec elle (Fatoumata = Figuira Editions).

Propos recueillis par Chiaka Doumbia
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