Hier, jeudi 5 août 2021, l’Expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’Homme au Mali, Alioune TINE, était face à la presse à Bamako pour interpeller les autorités maliennes par rapport à la violation et aux atteintes des droits humains au Mali. Au cours de cette conférence de presse, il s’est appesanti sur la situation de l’ancien Président de la Transition, Bah N’Daw, et de l’ancien Premier ministre, Moctar Ouane, qui sont en résidence surveillée, et sur le décès de l’agresseur du Président de la Transition, Colonel Assimi GOÏTA. Le conférencier, Alioune TINE, a invité les autorités maliennes à «mettre un terme dans les meilleurs délais » à la résidence surveillée de Bah N’Daw et de Moctar Ouane. En outre, il a demandé « aux autorités maliennes d’ouvrir une enquête approfondie, rapide et impartiale » par rapport au décès de l’agresseur du Président GOÏTA.
Le conférencier, Alioune TINE, avait à ses côtés, le directeur de la division des droits de l’Homme et de la protection de la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali), Guillaume N’Gefa, en présence des autres responsables de la mission onusienne au Mali. Dans un communiqué lu par l’expert indépendant de l’ONU (Organisation des Nations Unies) sur la situation des droits de l’Homme au Mali, Alioune TINE, il est écrit noir sur blanc que la faiblesse de la protection des civils par l’Etat a dépassé un seuil critique au Mali.
Selon le conférencier, Alioune TINE, la violence se propage rapidement dans tout le Mali qu’elle risque de mettre en péril la survie de l’Etat. Il a évoqué l’augmentation des exécutions extrajudiciaires, des meurtres, des enlèvements et des viols collectifs au Mali. « Je suis très préoccupé par la détérioration grave et continue de la sécurité qui a dépassé un seuil critique. Nous sommes en face de l’Etat affaibli et impuissant qui assume difficilement son rôle régalien de protection des populations civiles face aux groupes armés. Il est grave de constater également que les populations civiles subissent aussi des violences de la part des forces de défense et de sécurité du Mali qui sont censées les protéger. Certaines personnes que nous avons rencontrées lors de notre visite ont exprimé de sérieux doutes sur la volonté politique des autorités maliennes de prendre des mesures concrètes pour garantir la sécurité des populations civiles. Cette situation se passe dans les régions les plus touchées par la crise et les conflits. Cela doit absolument changer », a-t-il dit. Pour Alioune TINE, il faut un sursaut national et une volonté inébranlable des autorités maliennes avec le soutien actif de leur partenaire pour restaurer l’autorité de l’Etat et assurer la protection des populations civiles. « Je suis gravement préoccupé par la dégradation rapide et continue de la situation sécuritaire créée par la défaillance des institutions de l’Etat et qui donne lieu à des attaques tout azimut contre les populations civiles par les groupes armés », a-t-il déclaré. Avant de signaler que la violence communautaire augmente dans le centre du Mali. Par ailleurs, il a dénoncé la violation des droits humains et l’impunité au Mali. « la MINUSMA a recensé au moins 48 exécutions extrajudiciaires sommaires ou arbitraires commises par les forces de défense et de sécurité du Mali entre le 1er avril et le 30 juin 2021.
Ce chiffre est en hausse de près de 55% par rapport aux trois premiers mois de cette année où la MINUSMA a documenté 31 cas », a-t-il déploré. Selon lui, l’augmentation des atteintes aux droits de l’Homme commises par les groupes armés et les milices communautaires est encore pire. « Le total des six premiers mois de cette année est de 258 cas représentant déjà 88% du nombre de cas signalé pour toute l’année 2020. Les enlèvements sont également en hausse spectaculaire. Au cours des six premiers mois de cette année, la Minusma a documenté 474 enlèvements », a-t-il dit.
Avant de préciser que les viols collectifs et autres violences à l’encontre des femmes sont en augmentation. «Lors des rencontres avec les autorités maliennes, nous avons présenté nos sérieuses préoccupations quant à la détérioration continue de la situation des droits de l’Homme. Les autorités maliennes se sont engagées à prendre des mesures concrètes pour répondre à ces préoccupations et améliorer la situation des droits de l’Homme. J’invite les autorités maliennes à honorer leurs engagements. Cela permettra de rassurer les populations », a indiqué le conférencier.
«Une autre crise est absolument interdite au Mali »
Il a évoqué la situation de l’ancien Président de la Transition, Bah N’Daw, et de l’ancien Premier ministre, Moctar Ouane qui sont en résidence surveillée. « Nous avons pu rencontrer l’ancien président Bah N’Daw, l’ancien Premier ministre Moctar Ouane qui sont toujours en résidence surveillée. Nous avons discuté avec les autorités maliennes sur le caractère illégal de cette situation et la nécessité d’y mettre un terme dans les meilleurs délais. Nous avons pris bonne note des dispositions concrètes prises par les autorités maliennes allant dans le sens d’une prochaine libération. Nous savons qu’il y a un comité de suivi qui est là-dessus. De mon point de vue,, l’espoir est permis pour la libération de ces deux », a souligné Alioune TINE.
Selon lui, l’essentiel est que ces mesures de restriction contre Bah N’Daw et Moctar Ouane soient levées et qu’ils retrouvent leur liberté. « Pour Bah N’DAW et Moctar Ouane, nous les avons trouvés en forme. Nous avons discuté avec les autorités. Quand on a demandé à aller les voir, elles nous ont permis d’aller les voir. Elles nous ont dit qu’il ya quelques petits réglages qui sont en train d’être faits pour leur prochaine libération. Il y a des mesures concrètes qui ont été prises concernant leur sécurité. Leur prochaine libération va dans le bon sens », a-t-il dit.
Le conférencier n’a pas occulté le décès de l’agresseur du président Assimi GOÏTA. « Nous avons également discuté sur le décès en détention dans des conditions non encore élucidées de l’individu arrêté pour tentative d’assassinat du Président de la transition, le colonel Assimi GOÏTA. Nous avons demandé aux autorités maliennes d’ouvrir une enquête approfondie, rapide et impartiale conformément aux obligations internationales pertinentes du Mali en matière de droit humain », a-t-il souhaité. Comme recommandations, l’expert indépendant des Nations Unies souhaite la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national qui est une condition sine-qua-non de la garantie de la protection et de la sécurité des populations civiles ; la mise en œuvre de l’accord ; le succès de la transition en cours. Aux dires du conférencier, le Mali ne saurait supporter une autre crise. « Une autre crise est absolument interdite au Mali », a-t-il dit.
Au cours de sa visite officielle de plus de 10 jours, l’expert indépendant dit avoir rencontré les autorités maliennes, les organisations de défense des droits de l’Homme au Mali etc.