Le PM envisage d’apporter plusieurs changements dans l’administration malienne à travers cet axe. Un ministère a d’ailleurs été mis en place pour uniquement s’occuper de cette question de refondation de l’État du Mali.
Dans la déclaration du PM lue lors de la présentation du PAG, l’idée consistant à organiser les assises nationales de la refondation a été encore émise. Ce serait une opportunité de pouvoir rassembler les maliens pour discuter et apporter plusieurs solutions aux maux qui minent le pays. Le PM pourrait mettre à profit ces assises pour adopter un pacte social qui reste pour le moment difficile à réaliser dans les conditions actuelles.
À en croire le PM, les conclusions des ANR seront exécutoires sur le gouvernement de transition ainsi que pour le pouvoir à venir. Une forte déclaration dont l’exécution peut être qualifiée d’irréalisable.
Le fait de vouloir les exécuter sur son gouvernement pourrait même poser un problème, a fortiori exiger leur application sur le gouvernement à venir.
Lors de ces assises, il est possible qu’il soit demandé à réélire l’accord et à dialoguer avec les terroristes. Il serait donc mieux pour le Premier ministre d’arrêter sa mise en œuvre intelligente et d’aller vers une relecture (une idée longtemps préconisée par le DNI). Le PM semble malheureusement ne pas vouloir aller dans ce sens.
Quant au dialogue avec les terroristes, il tarde à se prononcer, et se donne un temps de réflexion, vu la sensibilité de la question. Difficile que le futur président parvienne à exécuter les conclusions des ANR.
Nous sommes dans un pays où les réalités changent jour après jour ; de ce fait, le nouveau président qui sera démocratiquement élu pourrait considérer les conclusions des ANR comme caduques et les classer dans le tiroir sans jamais les appliquer.
En envisageant une perspective selon laquelle un homme préparé par le PM devient Président lors de la présidentielle prochaine, les conclusions ANR pourraient être exécutoires, car ce dernier suivra exactement le chemin tracé par DR Choguel Kokalla Maïga. Encore une possibilité de le voir revenir en tant que PM pour poursuivre la mise en œuvre des conclusions issues des ANR.
Le PM a bien diagnostiqué son malade, le regime imposé pourrait être difficilement supporté par le patient. Le Mali est-il récupérable ?
Le soleil matinal est intraitable. Sur terre, des paquets humains s’agitent dans un interminable va-et-vient, chacun courant vers on ne sait quelle urgence. La terre ferme et les chaussures, c’est tout ce qui permet de tenir sur pied, désormais, quand l’espoir a déjà pris la forme d’une chimère. Quartier-Mali est comme tous les quartiers de Bamako. Des élèves sèchent les cours pour créer leur cours dans les rues parce que « l’école ne vaut plus rien, pas même le pet d’une vieille grand-mère », des vendeurs à la sauvette le long de la route, une myriade de petits kiosques qui ont troqué les journaux contre le sandwich, le pain et le chawarma. Une odeur suffocante s’élève des fossés ouverts vers les narines donnant un haut-le-cœur. Les hommes et femmes que l’on croise montrent peu de souci pour ce décor désolant.
Le Mali est-il récupérable ? La question est posée au chroniqueur dans un collège de ce quartier où il était venu parler de son livre Être étudiant au Mali pour sacrifier à un rituel de la rentrée littéraire. Un collégien d’environ 14 ans, qui pose pareille question sous une salve d’applaudissements de ses camarades, donnant de légers frissons dans la région du cœur du chroniqueur, qui a fait celui qu’en revenait pas. Le Mali est-il récupérable ? D’abord, il y a un sous-entendu. La question de la « récupérabilité » du Mali se pose, ce qui suppose qu’il est hors de contrôle, perdu, tombé. Tout se passe comme si le pays était compartimenté : nord, centre, sud et Kidal.
Les assassinats, enlèvements, tirs d’obus, braquages, voitures sautant sur une mine composent désormais la rengaine matinale dans les plusieurs régions, faisant des terres maliennes des cimetières. La quiétude, nous en avons perdu la notion. Trop de gens meurent, les rues pullulent de veuves et d’orphelins, le pays semble frappé de damnation.
Il y aussi cette humiliation d’entendre, de voir les autres répandre des bruits, des commentaires malveillants sur le pays. Mais l’humiliation réside aussi dans le fait qu’on n’arrive pas à s’assumer. S’assumer et accepter de s’entendre dire que les vrais ennemis du Mali sont ses propres rejetons.
Que répondre au collégien sinon que ce pays ne sera que ce qu’on décidera d’en faire ? Qu’on peut le « faire » ou le défaire, sortir nos haches pour le découper en petits morceaux et le jeter aux quatre vents. Qu’on le veuille ou pas, derrière la chute du pays, au fond de la crise se cache notre main à tous mais surtout de dirigeants indignes de confiance et de responsabilité.
Nous avons touché le fond : c’est ce qui est incontestable aujourd’hui et qu’il faut reconnaître plutôt que d’accuser les autres de nous cribler de mensonges, de calomnies. Que dire ? Que faire ? Rien à part redire que beaucoup de choses ont changé ailleurs, dans d’autres pays, dans d’autres continents et rien ne nous empêche de changer notre pays. Rien.