Malgré l’insistance du président de la Transition, comme quoi le délai de 18 mois sera scrupuleusement respecté, cela n’a dissipé en rien le scepticisme au sein de la classe politique où tous les actes posés, tous les discours prononcés, sont passés au peigne fin pour tenter d’y déceler le moindre indice pouvant rassurer davantage du respect de cet engagement.
Mais depuis que le Premier ministre Choguel Maïga a présenté devant les membres du Conseil national de transition son programme d’action gouvernementale tellement ambitieux pour six mois que des acteurs de la classe politique pensent que les actions programmées ont élevé la voix pour souligner cet aspect qui, naturellement, renforce les soupçons de prolongation éventuelle de la Transition.
Deux points sont surtout pointés du doigt comme pouvant constituer des sources de prolongation de la Transition : la mise en place d’un organe unique chargé des élections et les Assises nationales de la Transition.
Pour l’organe unique de gestion des élections, des experts – et non des moindres – défendent que sa mise en place pour le rendre fonctionnel et efficace à hauteur de souhait ne pourrait se faire dans un si court délai, si l’on considère qu’il faut le structurer, nommer ses membres au niveau central, installer ses démembrements jusque dans les cercles pour y nommer aussi les membres devant l’animer, les équiper en matériels de travail, former les membres sur les dispositions électorales à venir dans le cadre des réformes à entreprendre, disposer d’un fichier électoral fiable et adapté au nouveau découpage administratif, et tout cela sur la base d’un consensus politique national, même un gouvernement qui ne s’occupe que de cette seule tâche ne pourrait y parvenir.
Quant aux assises nationales, la crainte est de voir ses conclusions manipulées aux fins d’une proposition de prolongation de la transition comme une recommandation dont l’application sera déclarée obligatoire. Le Premier ministre a déjà ouvert la brèche en affirmant haut et fort que les recommandations de ces assises s’imposeront à tout le monde. Les acteurs politiques, avisés, sont sur le qui-vive et donnent de la voix pour annoncer qu’ils ne veulent pas se laisser ainsi piéger. Ce qui explique ces sorties médiatiques -pas toujours adroites, c’est vrai – mais assez expressives pour sonner l’alerte que le respect du délai de 18 mois n’est pas négociable.
De toute façon, deux camps s’opposent déjà sur la durée de la transition car s’il se trouve des Maliens exigeant sa fin dès la fin du premier trimestre de 2021 avec notamment l’organisation des élections, d’autres proposent en contrepartie sa prolongation pour avoir le temps de procéder à la refondation du Mali nouveau tant souhaité avant de repartir sur de nouvelles bases.
Mais, ne vaudrait-il pas mieux mettre en place des autorités légales et légitimes issues d’élections et à charge pour elles de conduire les changements tant souhaités ? de toute façon, la question de la prolongation de la transition n’est pas absente des débats politiques nationaux et il faudra la trancher pendant qu’il est encore temps afin d’éviter certaines situations encombrantes qui pourraient advenir.