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L’Informateur N° 263 du

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FSJP : Des étudiants menacent de brûler les bureaux de l’administration
Publié le mercredi 11 septembre 2013  |  L’Informateur




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De nombreux étudiants y compris des leaders estudiantins, toutes classes confondues à la Faculté des sciences juridiques et politiques(FSJP) de l’Université de Bamako sont retournés à la maison le jeudi 29 août dernier en larmes après la proclamation des résultats des examens de fin d’année.

Selon ces derniers, le corps professoral agit ainsi pour les pousser à faire des réclamations. Il s’agit là des enchères car, pour être éligible à cette phase, il faut miser à la bonne adresse à hauteur de 150.000FCFA pour passer en classe supérieure.

Tant pis pour celui qui se trompe d’adresse et cela arrive souvent. Il perd son argent et il redouble. Ce n’est plus le mérite.

En représailles, des responsables de l’AEEM redoublants, lesquels jouissent généralement d’un passe-droit menacent de brûler les bureaux de l’administration universitaire comme ils l’ont fait en 2011 au Centre d’enseignement supérieur de Bamako(CESB).

En tout cas, la corruption est à ciel ouvert au niveau de l’enseignement supérieur

Erigée en système de gestion au sein de certaines facultés, la corruption est aujourd’hui considérée comme le cancer de l’enseignement supérieur. Elle est en passe de mettre en péril l’avenir de nombreuses générations. A moins que des mesures soient prises, à temps, pour la combattre au niveau universitaire.

Créée en 1996, les effectifs de l’université de Bamako sont passés à la vitesse supérieure pour atteindre en 2012 environ100 000 étudiants. Au même moment, l’université souffre d’une insuffisance criarde d’infrastructures qui n’arrivent pas à contenir ces effectifs. S’y ajoute la crise des professeurs. Du coup, l’université échappe au contrôle des autorités en charge de l’enseignement qui n’ont d’autre choix que de scinder l’université de Bamako en quatre universités : Université des Sciences Juridiques et Politiques de Bamako (USJPB), Université des Sciences des Techniques et des Technologies de Bamako (USTTB), Universités des Sciences Sociales et de Gestion de Bamako (USSGB), Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako (ULSHB) et l’Université de Ségou. Mais cette politique ne semble pas absorber le désordre qui règne au niveau de l’enseignement. Plus grave, l’enseignement supérieur est aujourd’hui devenu le théâtre d’une corruption terrible.

Les autorités et les acteurs de l’école interrogés au cours de nos investigations sont unanimes que la corruption est, depuis l’avènement de la démocratie, légion à l’école. Elle y a pris du galon pour atteindre un seuil intolérable au niveau de l’université. Il ressort que la corruption est multiforme et est différemment pratiquée au niveau de chaque université ou chaque faculté.

Si dans certaines facultés comme la FMPOS et les nouvelles universités issues de l’ancienne FLASH, le phénomène est masqué ou entretenu à travers des réseaux très fermés, à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP), il est en passe d’être érigé en système de gestion.

A en croire les témoignages des étudiants, la faculté de droit est la plus «pourrie». Certains vont loin jusqu’à considérer cette faculté de «laboratoire des nouvelles techniques de corruption». la FSJP, pour d’autres, n’est pas une faculté mais un «centre d’affaires inégalables». Le meilleur étudiant à la FSJP, nous confie un étudiant avec ironie, n’est pas celui qui obtient les bonnes notes à la sueur de son front, mais celui qui parvient à tirer son épingle du jeu via ses relations avec l’administration, avec les professeurs ou avec l’espèce sonnante et trébuchante. La FSJP puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est considérée comme un no man’s land où chacun fait ce qu’il veut et qu’il peut pour atteindre son objectif.

Il ressort de nos enquêtes que l’administration, les professeurs et les étudiants sont tous impliqués dans la corruption à des moments donnés de l’année académique.

La période des travaux dirigés (TD), la période des grands devoirs, la période des examens et des réclamations de notes sont souvent les périodes propices à la corruption au sein de l’université et notamment à la FSJP.

Comment ça se passe ?

La période des TD, c’est la période pendant laquelle, les professeurs assistants sont amenés d’approfondir aux étudiants, l’étude d’une matière principale mais aussi à organiser des devoirs dans ces matières. Mais il ressort que c’est période est aussi convoitée par les professeurs assistants pour faire chanter les étudiants. Car parallèlement à ces TD, certains professeurs n’hésitent pas à organiser des cours privés. D’autres érigent même les cours de TD en cours privés au cours desquels ils exigent des étudiants le paiement d’une somme forfaitaire sous peine de se voir attribuer une mauvaise note.

Rappelons que les cours de TD, en principe, sont donnés par les titulaires de DEA et de DESS. Mais à la FSJP, il n’est pas rare de voir des titulaires de Maitrise, sans bagages intellectuels et sans expérience pédagogique, s’occuper de ces cours. Cela en complicité avec les membres de l’administration pour les raisons que l’on connait.

A en croire les témoignages de nombres d’étudiants, on n’a pas besoin de faire l’examen pour réussir à la FSJP car, l’argent y règle tout.

«Dans notre faculté, il y a deux voies pour avoir son diplôme. Il y a la voie lente, c’est celle des études réelles. Cette voie est non seulement lente, elle est aussi périlleuse pour les étudiants qui l’empruntent car, elle peut conduire à leur expulsion pure et simple de la fac. La voie rapide, c’est celle de l’argent. C’est la voie la plus sûre, car elle permet à l’étudiant de négocier son passage à la classe supérieure», nous a expliqué un étudiant en licence droit privé, l’air très désespéré. Pour cet étudiant, il est très difficile, voire impossible de décrire exhaustivement la corruption entretenue au sein de la FSJP. C’est à la FSJP qu’un étudiant peut se faire remplacer par un ami, un parent dans la classe d’examen sans que l’administration ne s’en rende compte, parce qu’elle n’a plus le contrôle de la faculté.

Par ailleurs, après les résultats des examens, la période des réclamations est aussi une occasion pour les professeurs de se remplir la poche. Nul n’ignore que depuis quelques années déjà, les étudiants maliens n’ont droit qu’à une seule session. Cette situation qui est consécutive aux grèves intempestives et à l’inorganisation de l’administration universitaire pénalise sérieusement les étudiants en les exposants à une autre forme de corruption. L’étudiant face à une session unique est prêt à tout pour être admis. «Le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres», dit-on. Ce proverbe est une réalité transposable dans les facultés où, certains professeurs, curieusement, sont heureux de voir beaucoup d’étudiants recalés à l’examen. Car cela est synonyme de beaucoup de réclamations et donc beaucoup d’argent pour les professeurs. Inutile a l’université de faire des réclamations de notes avec les mains vides. Cette situation est propre à toutes facultés. Pire, il n’est pas rare de voir un professeur donner des mauvaises notes aux étudiants afin de se remplir les poches au cours des réclamations.

Rappelons qu’après les examens et tout le long de l’année, on fait passer des étudiants aux classes supérieures.

A la FSJP, le sexe et les notes font bon ménage

La période des grands devoirs et des examens est un moment bien indiqué par les professeurs effrontés pour exiger des étudiantes, le «droit cuissage», pardon le sexe. C’est aussi la période convoitée par certaines étudiantes pour se prostituer contre les notes. A l’université, le sexe, les beaux yeux et les longs cous suffisent à certaines pour arracher des meilleures notes. Ce phénomène est qualifié dans le milieu universitaire sous la terminologie «de notes sexuellement transmissibles». «Le sexe des étudiantes est le seul avantage auquel les professeurs ont accès sans difficulté», nous rappelle un professeur assistant.

L’achat obligatoire des brochures, est une autre forme de corruption propre à toutes les universités de Bamako. L’absence d’une bibliothèque digne de ce nom au niveau universitaire favorise l’élaboration et la commercialisation des brochures. Aussi, le non sérieux des profs oblige les étudiants à se rabattre sur les brochures. «Aujourd’hui, les brochures ont remplacés les professeurs qui ne se fatiguent plus à donner, comme il se doit, des cours magistraux », s’indigne un agent de la cellule de communication du rectorat de l’université des sciences juridique.

L’élaboration des brochures est un business très fructueux au sein de l’université. C’est pourquoi, les brochures sont vendues dès les premières semaines de la rentrée aux étudiants au prix d’or. Leur prix varie entre 5000 et 10 000 FCFA. Selon un agent du rectorat qui préfère l’anonymat, cette pratique est contraire au principe de l’université mais elle s’est, malheureusement, étendue à toutes les universités de Bamako.

La confiscation des bourses des étudiants, des réquisitions scolaires et l’octroi de bourses à des étudiants fictifs, la vente des attestations à des personnes qui n’ont jamais mis pied à la faculté, sont d’autres formes de corruption auxquelles s’adonnent les agents de l’administration universitaire.

La fin de la corruption au sein de l’enseignement supérieur n’est pas pour demain car, il semble que ceux qui sont sensés de la combattre sont ceux-là même qui l’alimentent.

Ibrahim Yattara

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