mécontentement lié aux actes inhumains posés par l’ancien maire, Mamadou Kalifa Tangara. L’ex maire Tangara a fait démolir plus d’une centaine de maisons en plein hivernage sans sommation, ni préavis, jetant du coup des centaines de familles dans la rue sans abri et sous la pluie. Dans ce dossier foncier (pendant devant la justice), digne d’un film hollywoodien, l’édile de Kénédougou qui était maire en même temps promoteur d’agence immobilière au moment des faits, semble avoir manipulé ou acheté l’ancien Gouverneur Féfé Koné et certains responsables des services des domaines et du cadastre de Sikasso, pour créer un titre foncier en violation flagrante des droits coutumiers et sans enquête commodo et incommodo, publiée dans le journal officiel pour exproprier les terres de cultures des autochtones en plein centre de Sikasso, soit une superficie de 10 hectares. Les faits.
Il est temps de mettre un terme à l’escroquerie foncière dans notre pays. Après Bamako, cette pratique mafieuse gagne du terrain dans nos capitales régionales. Sinon, comment comprendre qu’un maire d’une commune urbaine comme Sikasso peut devenir subitement un agent immobilier et propriétaire terrien ? Ce qui vient de se produire à Sikasso ne doit pas rester impuni. Plus de cent maisons détruites, au moins deux morts et des dégâts matériels importants. La population est sur pied de guerre…
De quoi s’agit-il ?
Sur la base d’une première grosse provisoire de justice décernée le 19 novembre 2020, par la Cour d’Appel de Bamako à l’agence immobilière Kokry-Sarl dont le promoteur n’est autre que l’ancien Maire de Sikasso Mamadou Kalifa Tangara, pour démolition des habitations litigieuses. Avant la confirmation de ce jugement la partie adverse s’est opposée en contestant le titre foncier numéro 4137 de Tangara qui serait créé dans l’illégalité la plus totale et sans étude de faisabilité par les services techniques, ni enquête de voisin et de voisinage. Autrement dit, le droit coutumier reconnu par la loi n’a pas été respecté. Ce qui amena le juge à donner une ordonnance des référés, le 5 mai 2021 pour l’expertise judiciaire confiée à l’Institut Géographique du Mali (IGM) afin de déposer son rapport dans un délai de 2 mois, à compter de la date du 7 juin 2021. Sans attendre la conclusion de cette expertise, très pressé, M. Tangara n’a trouvé d’autre solution que d’aller démolir les maisons des pauvres citoyens sans aucune autorisation d’expulsion ou de sommation de la justice, mais sur la base d’une décision de démolition suspensive. Selon nos informations, le Maire Tangara n’a averti aucune autorité de Sikasso pour passer à l’acte, ni les habitants du quartier. A la veille de l’opération de démolition soit le 12 juillet passé, il avait sollicité le concours de la Police régionale de Sikasso, mais le commissaire a poliment refusé de lui prêter main forte en lui rappelant gentiment qu’on ne démoli pas ou n’expulse en période hivernale. Avec sa boulimie foncière, le Maire Tangara est allé solliciter le service de plus de 200 gardes républicaines pour venir sécuriser les démolisseurs. C’est dans ce contexte, que le mardi 13 juillet 2021, tôt le matin et sous une pluie battante que plus de 200 éléments de la Garde nationale ont encerclé les lieux et réveiller les habitants endormis pour passer à l’acte. Malheureusement, dans cette opération, aux dires des conférenciers, trois personnes ont perdu la vie dont deux bébés découverts sous les décombres et un vieillard, victime d’une crise cardiaque, voyant détruire ses réalisations a rendu l’âme le même jour. « Où allons- nous maintenant ? On a trop souffert et nous ne souhaitons pas de rébellion à Sikasso. Nous demandons justice. » S’exclame un pilote de pousse-pousse du nom de Guindo assis avec sa femme et ses trois enfants sur les décombres de sa résidence. La veuve de feu Souleymane Konaté, Mme Konaté, Koniba Sidibé (descendant de Makan Konaté, chef de guerre du roi Babemba Traoré, fondateur du hameau en question), âgée de plus de 90 ans, a assisté à cette conférence de presse.
Les faits
Selon Abdoul Karim Konaté, l’un des propriétaires : « C’est notre champ familial depuis plus de cent ans. Nos grands parents ont cultivé ces terres. » En poursuivant, il dira que c’est en 2003 -2004 sous la pression foncière, qu’il a entrepris les démarches pour morceler et viabiliser ces terres avec l’appui de l’agence immobilière GPI de Bourama Otis Traoré. A l’en croire au moment des faits le Maire Tangara était à son premier mandat à la Mairie de Sikasso. « Le Maire Tangara nous a fait savoir que cet espace n’est pas dans son schéma d’urbanisation. En conséquence, la Mairie n’a pas de moyens pour intervenir. » A confié M. Konaté.
Entre temps, les promoteurs immobiliers ont fait le nécessaire et ont vendu les parcelles à usage d’habitation avec des permis d’occuper délivrés par l’administration depuis 2005 et plusieurs familles habitent régulièrement sur ces parcelles.
Battu, lors des élections communales de 2004, Mamadou Kalifa Tangara revient comme Maire de nouveau à l’issue des communales de 2009. En juin 2011, étant Maire de Sikasso et promoteur d’une agence immobilière dénommée Kokry-Sarl, Tangara entreprend l’immatriculation de la dite zone avec la complicité du Gouverneur Féfé Koné pour créer un titre foncier. Chose faite en février 2012 contre espèces sonnantes et trébuchantes.
C’est à partir de 2020 en pleine jouissance de leurs droits, que le nouvel agent immobilier doublé d’homme politique et officier d’Etat civil, Mamadou K. Tangara a cru devoir assigner devant le tribunal de Sikasso les paisibles citoyens dont il est censé protéger, aux fins de démolition de leurs réalisations, en exhibant le titre foncier N°4137 afférant à la même parcelle. Alors que ce titre a été créé en violation flagrante des droits concluants, notamment le respect de l’exigence légale de la purge des droits coutumiers. Alors que Tangara en complicité avec les services des domaines et du cadastre de Sikasso a déclaré que l’immeuble en question appartenait à l’Etat du Mali, comme terre vacante et sans maitre pour obtenir son vrai faux titre. Sans vérification aucune, le domaine de Sikasso a fait la formalité.
Alors que, ce hameau dit « Makan-Djanna » établi à 9 kilomètres à l’Est de Sikasso a été fondé par Makan Konaté, chef de guerre du Roi Babemba Traoré. Qui avait comme fils Souleymane Konaté et arrière petit fils Abdoul Karim Konaté (le conférencier), qui ont hérité ses terres au fil des générations, leur hameau a grandi et avec les caractéristiques d’une circonscription administrative en plein cœur de Sikasso. Donc comment un allogène devenu Maire par le biais de la politique ces derniers temps dans cette ville, capitale de l’ancien royaume de Kénédougou peut obtenir un titre foncier sur une superficie de 10 hectares ? La justice a du pain sur la planche. Pour l’instant la population est sur pied de guerre. Toutes nos tentatives de rentrer en contact avec le Maire Tangara, sont restées vaines. Nous y reviendrons.