Marasme économique, extravagance démonstrative de luxe insolent et étalage ostensible des signes extérieurs des nouvelles richesses amassées par des courtisans et affidés de “Ma Famille D’Abord” : voilà les principales identités remarquables de la gestion désastreuse des affaires publiques au Mali des sept ans d’IBK. Conséquences : Des associations et partis politiques ont décidé d’unir leurs forces pour sortir le pays de la grave crise qu’il traverse. Ce fut autour d’une mobilisation populaire conduite par le ‘‘Mouvement du 5 juin des forces patriotiques’’ (M5-rfp) et qui a abouti à la chute d’IBK, le 18 août 2020. Nous consacrons une série d’articles sur cet évènement marquant de l’histoire de notre pays.
Désillusion, déception, démoralisation, démotivation, démobilisation, désenchantement et pessimisme, sang, larmes, conflits intercommunautaires avec de nombreuses victimes… tels sont les éléments constitutifs du paysage politique qui ont marqué le règne d’Ibrahim Boubacar Kéïta.
L’incapacité du Président et du Gouvernement à faire face à la situation a conduit le Mali vers une situation chaotique.
Des preuves existent pour étayer l’échec de celui-là même qui se disait être le messie que les Maliens attendaient, …
En effet, ce Politicien plébiscité (77% en 2013) et réélu (en 2018) après un scrutin présidentiel fortement contesté, était un Homme d’Etat décrié par les masses laborieuses, désapprouvé par ses compatriotes désabusés et dénoncé même par des partisans, amis et Alliés déçus de lui et sa famille.
Aussi, l’accumulation des difficultés socioéconomiques, le blocage de la mise en œuvre de l’Accord d’Alger et la multiplication des scandales financiers notamment impliquant des membres de sa famille (dont son fils aîné, le Député Karim Kéïta) ainsi que son proche entourage au sein du parti au pouvoir, ont fini par le mettre dos au mur face à une opposition mieux organisée et mieux structurée au sein du M5-rfp), une coalition de partis politiques, syndicats et d’associations de la société civile et mieux soutenue par la majorité écrasante du Peuple malien dont les jeunes, les femmes et les leaders religieux les plus influents de la société. La fraude signalée lors des législatives 2018 n’était que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ce qui a servi de carburant à la mobilisation politique et citoyenne, contestant les résultats de ce scrutin, ce sont surtout la précarité financière et les mauvaises conditions de vie des Maliens, les grèves à répétition qui paralysent le secteur de l’Education et les scandales financiers, pour ne citer que ceux-là.
Réunie autour du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-rfp), sous l’autorité morale de l’influent Imam Mahmoud Dicko, la nouvelle coalition de l’opposition a mis à nu l’incapacité d’IBK à gérer cette situation d’urgence, alors que le pays est confronté à la recrudescence des violences terroristes et des conflits intercommunautaires sévissant dans les Régions du Nord et du Centre du pays, pendant qu’au plan socio-sanitaire et économique, la situation se détériore progressivement sous l’effet de la pandémie de coronavirus.
Incapable de véritables propositions de sortie de crise, IBK a choisi la fuite en avant pour sauver un Régime vacillant, malgré le soutien apporté par ses homologues et amis de la CEDEAO, de l’ONU, de l’Union Africaine et de l’Union Européenne, qui ont, d’ailleurs, dénoncé en chœur le putsch du mardi 18 août 2019. S’il est normal de se ranger du côté de l’Ordre institutionnel et constitutionnel, ces derniers ne semblent pas avoir pris au sérieux l’ampleur de la situation ni la détermination du M5-rfp dont le Leader charismatique de l’époque, l’Imam Mahmoud Dicko, ne s’est aucunement laissé intimider par les menaces de sanctions de la CEDEAO, ayant comme légitimité le large soutien d’une bonne partie des Maliens, surtout au sein des couches juvéniles et féminines qui aspirent à un véritable changement.
Une marée humaine le 5 avril 2019 et 5 juin 2020
L’autre moment fort de la série de contestations du Régime est la manifestation du 5 avril 2019. A l’appel du Chérif de Nioro et de l’Imam Dicko, une marée humaine déferlait à sur le Boulevard de l’Indépendance de Bamako. Des centaines de milliers de citoyens expriment leur ras-le bol à l’adresse du Pouvoir en place. Ils réclament la démission pure et simple du Premier Ministre de l’époque Soumeylou Boubèye Maïga. Finalement, sous la pression, IBK cède et Soumeylou Boubèye Maïga rend le tablier, le 19 avril 2019.
Le 5 juin 2020, la manifestation conjointement organisée par le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (coalition de l’opposition), la CMAS de l’influent Imam Mahmoud Dicko et Espoir Mali-Koura draine des centaines de milliers de personnes au Monument de l’Indépendance, à Bamako, pour demander, cette fois-ci, la démission du Président de la République Ibrahima Boubacar Kéïta (IBK). Et si ces trois regroupements politiques de l’opposition (Espoir Mali Kura, le Front pour la sauvegarde de la démocratie-FSD et la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’iman Mahmoud Dicko -CMAS) ont été la cheville ouvrière de ce rassemblement monstre, après la manifestation du 5 juin, le mouvement a eu à s’agrandir pour donner naissance au Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-rfp). Avec l’adhésion d’autres mouvements et personnalités d’envergure issus de la classe politique et de la société civile dont, entre autres, Mali Koura (CRAG-Mali Koura), le Rassemblement pour le changement (RPC) ainsi que le Syndicat des Enseignants du Secondaire, de l’ancien Premier Ministre, Modibo Sidibé, et de l’ancienne Ministre, Mme Sy Kadiatou Sow, tous membres de la plateforme politique de Anw Ko Mali Dron.
Récit d’une folle journée
Soixante-treize (73) jours après la tenue du premier rassemblement du 5 juin 2020 du M5-rfp, sous l’égide conjointe de l’Imam Mahmoud Dicko et des Leaders politiques du Comité stratégiques dont le Président Dr Choguel Kokalla Maïga, la Grande muette a fait sa première intervention dans ladite crise sociopolitique sévissant entre la majorité écrasante du Peuple malien et le Régime du désormais ancien Président Ibrahim Boubacar Kéïta. C’est le mardi, 18 août 2020, dès après l’apparition des premières lueurs de la journée, c’est-à-dire, entre les 7H et 8Heures du matin, que les carottes des anciens Dignitaires ont commencé à complétement bouillir. Comme à l’accoutumée, c’est à partir du camp Soundjata Kéïta de Kati, la plus grande garnison militaire de l’Armée malienne, que tout est parti. De là, suite à des coups de feu nourris, l’étau s’est irrésistiblement resserré autour du Régime moribond des ténors de l’oligarchique. Et ce qui devait arriver depuis des semaines arriva à IBK et à son Premier Ministre, Dr Boubou Cissé, évincés du pouvoir.
Pour abroger la souffrance du Peuple martyr, un groupe d’Officiers Supérieurs patriotes issus des différentes Unités des Forces Armées Maliennes (FAMA) s’est engagé devant l’Histoire pour mettre fin au Régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta, objet de contestations de toutes parts par les forces vives de la Nation.
Finalement, dans la nuit, le Président IBK a annoncé lui-même qu’il démissionnait de toutes ses fonctions et de déclarer la dissolution de l’Assemblée Nationale et celle de son Gouvernement, dirigé par un Premier Ministre, Boubou Cissé, arrêté en même temps que lui. Ainsi, prenait fin les sept ans de gestion calamiteuse du pays. Cela, grâce à l’appui d’une aile militaire de l’Armée venue à la rescousse de l’aile civile et politique issue. A suivre !