Soumeylou Boubeye Maïga à Gao, Dr Boubou Cissé à Mopti, Housseïni Amion Guindo à Sikasso, Moussa Mara à Ségou, appel à candidature de Aliou Boubacar Diallo par une vingtaine de partis politiques à Bamako… telle est l’actualité politique dominante de la semaine dernière au Mali. Même si l’incertitude règne autour du respect de la durée de la transition, chacun de ces candidats potentiels se rapproche de son fief électoral et teste sa popularité.
L’élection présidentielle, si le calendrier électoral publié par le gouvernement Moctar Ouane est respecté, se tiendra en février prochain. Nombreux sont des Maliens qui ne croient pas au respect de la durée de la transition, mais les politiques, surtout les potentiels candidats à l’élection présidentielle, se préparent. Ils travaillent déjà sur le terrain, chacun selon sa manière et ses moyens.
Des potentiels candidats dans leur fief électoral
La fin de la semaine dernière a été marquée par d’énormes activités politiques. Des probables candidats, anciens ministres et premiers ministres d’IBK, étaient à l’intérieur du pays, à la rencontre de leurs militants et sympathisants. La communication était grande. Elle ressemblait à celle d’une campagne électorale.
D’abord, l’ancien premier ministre d’IBK et cadre du parti Yelema, Moussa Mara, était dans la région de Ségou. Dans le cadre de sa traditionnelle visite à l’intérieur du pays, Mara a été accueilli par ses militants et sympathisants dans la région de Ségou où il a commencé la visite à Niono. Là-bas, il a participé à la cérémonie de la sortie de la 32ème promotion de l’IFM qui porte son nom. A son retour, il a fait escale à Ségou où il s’est rendu au chevet des blessés de l’accident qui a endeuillé des dizaines de familles il y a deux semaines.
Un autre premier ministre d’IBK, président de l’ASMA-CFP, Soumeylou Boubeye Maïga était, lui, à son fief, Gao. C’était à l’occasion de la conférence de la section de Gao. Celui que les intimes ont dénommé « Tigre » a profité de cette cérémonie pour faire passer ses messages, tenter de convaincre même ceux qui sont contre lui et sa politique. Dans son discours, il a indiqué que rassembler les Maliens, servir les Maliens et transformer le Mali sont les trois lignes de conduite qu’ils ont toujours eu à l’ASMA-CFP. Aussi, a-t-il lancé un appel de détermination à l’endroit des membres de son parti. « L’une des premières tâches est de faire en sorte que l’aventurisme ne gagne pas du terrain. Pour cela, nous devons rester mobilisés, demeurer vigilants et avoir confiance en nous. Parce que ceux qui nous ont rejoints, ils ne l’ont pas fait parce qu’ils ont confiance dans le Parti, ils l’ont fait parce qu’ils ont confiance dans leur propre capacité. Ils ont confiance que si avec leur potentiel et leurs capacités ils rejoignent le Parti, nous pourrions faire des choses en grand ensemble. Nous avons juste besoin de convaincre les Maliens qu’ils doivent avoir confiance en eux-mêmes et dans leurs capacités à changer la situation dans laquelle ils sont. C’est à ça que nous travaillons ensemble et nous devons travailler à cultiver la confiance en nous-mêmes ; cultiver en chacun de nous la confiance en lui-même et la confiance dans les autres. Nous ne devons jamais penser que notre sort va être dans les mains de quelqu’un d’autre », a déclaré le tigre.
Pour sa part, Dr Boubou Cissé, lui a été désigné un citoyen d’honneur de la ville de Mopti. La cérémonie a eu lieu le samedi dernier. Pour l’occasion, plusieurs cadres de l’URD et des proches de l’ancien premier ministre ont effectué le déplacement pour Mopti. Cette cérémonie a été l’occasion pour ce cadre du parti de feu Soumaïla Cissé de prendre des engagements en faveur de la région de Mopti et de bénéficier le soutien des milliers de ressortissants de cette ville.
L’ancien ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement Durable, Housseïni Amion Guindo, était, lui aussi, dans son fief électoral, Sikasso. Si les autres ont opté pour le tapage médiatique, ce n’est pas le cas pour Poulo qui a préféré les visites de commune en commune. Dans la périphérie de Sikasso et comme dans d’autres cercles de la région, Poulo s’est rendu dans plusieurs communes et a échangé non seulement avec les notabilités mais aussi avec les jeunes et les femmes. Partout, il explique sa vision pour le Mali, sa politique agricole, Sikasso étant une zone agricole. Après l’étape de Sikasso, il s’est rendu en France où il séjourne depuis hier.
A Bamako, c’est Aliou Boubacar Diallo qui a dominé l’actualité politique en fin de la semaine dernière. Une vingtaine de partis politiques, regroupés au sein de l’Alliance des Démocrates Rénovateurs, ont demandé sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Même si son parti est en train de se fragiliser ces derniers temps, cet appel à sa candidature par une vingtaine de partis politiques, le renforce.
Début de course pour Koulouba
Même s’ils ne le disent pas, à travers ces activités et tournées, chacun de ces potentiels candidats est en train de tester son poids politique. L’ancien premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga faisait des tournées à l’intérieur du pays, mais aucune d’elle n’a fait l’objet de communication comme celle-ci. Pour le cas Boubou Cissé, le soutien de la population de Mopti et la section URD de cette ville le renforce dans sa volonté d’être le porte étendard de l’URD à la prochaine élection présidentielle.
Quant à l’appel à la candidature de Aliou Boubacar Diallo, il indique clairement que le président d’honneur de l’ADP-Maliba prend le devant sur les autres quant aux préparatifs de la présidentielle à venir.
Poulo et Mara, même s’ils ne communiquent que sur leurs pages des réseaux sociaux, gagnent le terrain à travers leur politique de visite de courtoisie.
La course pour Koulouba a donc commencé même si personne n’est sûre de la tenue des élections à dates indiquées.
Incertitudes autour du respect du délai de la transition
Les différents futurs candidats et leurs soutiens occupent le terrain, mènent des activités intenses, mais personne n’est sûre du respect de la durée de la transition. Le gouvernement garde le silence sur tout. Il dit tenir au calendrier électoral publié par le gouvernement Moctar Ouane. Mais les lignes n’ont pas bougé quant aux réformes politiques et institutionnelles. La classe politique est divisée sur la question. Certains dont la coalition d’une quarantaine de partis politique tiennent au respect de la durée. D’ailleurs, à Gao, Soumeylou Boubeye Maïga a été ferme sur le sujet : « Ce que je dois ajouter aujourd’hui, c’est de dire que nous restons toujours attachés aux engagements que nous avons pris, à savoir soutenir la Transition, travailler à ce que la Transition prenne fin en février 2022. Parce que, nous pensons que notre pays et nos dirigeants doivent rentrer dans l’histoire comme un pays et des dirigeants qui respectent leurs engagements. Parce qu’un pays et des dirigeants qui ne respectent pas leurs paroles n’auront le respect de personne. Personne n’a du respect pour un pays qui ne respecte pas ses engagements. Personne n’a du respect pour des dirigeants qui ne respectent pas leurs engagements. Je veux être très clair sur ça, nous allons rester mobilisés pour que notre pays et nos dirigeants restent fidèles à leurs engagements. Tout manquement à nos engagements peut nous conduire dans le chaos », a-t-il déclaré.
Pourtant, certains leaders politiques comme Mamadou Igor Diarra rejettent le fétichisme autour du respect de la durée de la transition. « Quand on affirme soutenir la transition, on ne peut pas lui imposer des contraintes sans tenir compte de la réalité de l’environnement, insiste ainsi Igor Diarra. Quand des partis politiques disent qu’il faut impérativement respecter le délai du 27 février 2022, est-ce qu’ils se sont demandé si d’ici le 27 février, on peut emmener le pays à un niveau de sécurité optimal qui permet la tenue d’élections acceptables ? », a-t-il déclaré dans les colonnes de Jeune Afrique. Aussi, faut-il signaler, un rassemblement de soutien pour la prolongation de la durée de la transition est prévu pour ce vendredi.