Annoncé pour deux mois, le protocole d’accord relatif à la commercialisation de la viande bovine à Bamako et à Kati n’aura tenu qu’un mois. Ce 06 août 2021, soit un mois après, jour pour jour, le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mohamoud Ould Mohamed, a annoncé la suspension des subventions. Une nouvelle qui a sonné Bamako et ses environs alors que ces localités faisaient trois jours sans goûter à la viande à cause d’une grève des bouchers.
Réduire de 500F CFA le prix du kilogramme de la viande, soit respectivement 2300F CFA le Kg avec os et 2800F CFA sans os. C’était là l’objectif du protocole d’accord signé entre le ministre en charge de l’Industrie et du Commerce, Mohamoud Ould Mohamed, et le président de la Fédération des syndicats des bouchers, Hamsoulaye Diallo, le 6 juillet 2021. A travers ce protocole d’accord, le gouvernement s’était engagé à subventionner la viande pour deux mois, précisément jusqu’au 06 septembre 2021.
Cependant, un mois après, le gouvernement a donc annoncé la suspension du projet. Cela à travers un communiqué rendu public le vendredi dernier par le ministère de tutelle. «Le ministre de l’Industrie et du Commerce a le regret d’informer les populations de l’arrêt unilatéral des opérations d’abattage par l’un des syndicats signataires du protocole d’accord relatif à la commercialisation de la viande bovine à Bamako et Kati, en dépit de la poursuite du paiement de la subvention s’effectuant dans le cadre du respect strict de la procédure budgétaire en vigueur dans notre pays », peut-on lire dans un communiqué du Département.
Dans le même document, le ministre de l’Industrie et du Commerce fait savoir que face à cette situation, il a décidé de la suspension de l’opération spéciale viande bovine 2021, jusqu’à nouvel ordre, à compter du 04 août 2021. «Des mesures correctives seront prises à l’issue de la session extraordinaire du Conseil national des Prix, prévue pour le mardi 10 août 2021 en vue de parvenir à un prix consensuel de la viande bovine », a-t-il ajouté.
Comme une douche froide !
Chez les consommateurs, la nouvelle est tombée un couperet. Dès le lendemain de cette annonce du gouvernement et après les trois jours de grève des bouchers, le prix de la viande est revenu à la hausse, comme il l’était avant la signature du protocole d’accord. Au marché de Korofina où nous avons fait le constat, les consommateurs étaient sous le choc. La viande avec os était à 3000F CFA le kilo et celle sans os à 3700F CFA.
«C’est terrible ce qui se passe actuellement. Ça allait mieux pendant la subvention même s’il faut reconnaître que ce n’était pas du cadeau non plus. Mais franchement 3000F CFA la viande avec os, c’est catastrophique. Dans nos familles, les prix de la popote tournent autour de 2000F CFA et si le kilogramme de la viande fait 3000F CFA, ça devient vraiment difficile à gérer. Donc, quelque soit la famille, il est difficile de manger de la viande tous les jours », nous a raconté Sitan Coulibaly, une trentenaire, femme de ménage.
Une responsabilité partagée !
Selon le président de l’Association Libre des Consommateurs (ALCOM-Mali), Abdoulaye Ballo, la responsabilité de cette rupture est partagée. «Il y a un problème et à mon avis, la responsabilité est partagée entre le gouvernement et les syndicats des bouchers. Parce que le problème est qu’au moment où le gouvernement signait ce protocole d’accord, il y avait une flambée du prix de la viande et l’opération a concerné les deux abattoirs de Bamako et celui de Kati. Le gouvernement a demandé aux bouchers combien de têtes d’animaux ils abattent par jours. Ceux-ci ont donné un nombre et c’est sur ce nombre là que les services techniques du gouvernement se sont basés pour faire la subvention, avec précisément 45 000F CFA par tête. Et au début de l’opération, le nombre était respecté et le gouvernement s’acquittait normalement. Mais subitement, le nombre d’abattage a augmenté alors que l’argent prévu était pour le nombre indiqué par les bouchers eux-mêmes. Ensuite, les syndicats ont fait savoir qu’il y a un autre abattoir qu’il fallait ajouter à ceux qui ont été subventionnés alors que le budget était déjà arrêté au niveau du ministère. Donc, il y a problème ! », a-t-il expliqué.
Selon le président d’ALCOM, le second problème se situe au niveau du gouvernement. « Le second problème que les agents techniques de l’Etat nous ont expliqué est que le gouvernement avait prévu de débloquer l’argent par tranche. Donc, la première a été exécutée jusqu’au bout et a même coïncidé avec la fête de la tabaski. Maintenant, la deuxième tranche a pris un peu de retard, car ils ont dit qu’il faut un circuit et c’est ce que les syndicats des bouchers n’ont pas voulu comprendre », a-t-il expliqué.
Toutefois, le président d’ALCOM en appelle au bon sens des deux parties pour trouver une issue favorable à la crise le plus rapidement possible.