Après la mort de plus de 50 civils, l’ex-chef de la diplomatie malienne, Tiébilé Dramé, demande la mise en œuvre du volet développement du G5 Sahel.
Le gouvernement malien a décrété un deuil de trois jours après la mort de plusieurs civils. Une cinquantaine de civils ont été tués dimanche dans le nord lors d’attaques imputées à des djihadistes contre plusieurs localités voisines et proches de la frontière avec le Niger.
Les attaques simultanées ont ciblé les localités de Karou, Ouatagouna, Dirga et Déoutéguef dans la région de Gao. Des maisons ont été saccagées et incendiées et du bétail emporté. Un détachement militaire a été dépêché sur place pour porter secours aux populations, a indiqué un responsable militaire. La Mission de l’Onu au Mali (Minusma) “condamne avec la plus grande fermeté (ces) attaques barbares” et “délibérées contre les populations civiles”, dans un communiqué lundi. Elle “aidera à l’ouverture d’une enquête afin de déterminer les circonstances dans lesquelles ces atrocités ont été commises”.
Face à la récurrence de ces attaques qui ciblent les populations civiles, l’ancien ministre malien des affaires étrangères, Tiébilé Dramé, estime qu’il faut mettre en œuvre au plus vite, le volet développement du G5 Sahel.
Tiébilé Dramé : Ce sont des régions qui sont effectivement dans une précarité et cette précarité requiert une attention soutenue des gouvernements qui sont engagés dans la lutte contre la zone des trois frontières, pour la promotion économique et sociale des habitants de ces régions si éprouvées.
DW : Oui, c’est connu que ces populations sont vulnérables et pauvres. Elles se sentent même abandonnées par l’Etat central. Est-ce que leur salut ne passerait pas par la mise en œuvre du volet développement du G5 Sahel ?
Tiébilé Dramé : Oui, tout à fait. Précarité aussi, à cause justement des activités des groupes terroristes qui les empêchent d’aller aux champs qui enlèvent leurs troupeaux, qui leur privent de leurs moyens de subsistance et qui les empêchent de travailler, de récolter. Et je pense que la violence terroriste contribue beaucoup à la paupérisation de ces régions. Il faut alors une réponse adaptée en termes économiques et de développement.
DW : Monsieur le ministre, la mise en œuvre du volet développement du G5 Sahel nécessite des moyens financiers. Or, les Etats en manquent jusqu’à l’heure. Est-ce qu’il ne faudrait pas justement accélérer le financement du G5 Sahel pour espérer que ce volet également puisse être mis en exécution ?
Tiébilé Dramé : Tout à fait. Je pense que les pays du G5 Sahel sont bien conscients de cela. Ils sont à jour dans leurs contributions pour ce qui concerne la réponse militaire. Vous savez que nos pays ont reçu des renforts venant du Tchad, dans cette zone des trois frontières et que cela a nécessité des sacrifices de la part de nos gouvernements et de nos alliés qui nous appuient dans la lutte contre le terrorisme. Il faudrait, pour répondre à votre question, que les aspects de développement, les aspects de résilience, soient également renforcés. L’alliance Sahel et la Coalition contre le terrorisme, toutes ces structures-là devraient être mises à contribution pour favoriser, renforcer, soutenir l’élan général en faveur de l’éradication de l’hydre terroriste dans cette région.