Il s’agit des villages de Karou, Ouatagouna et Daoutegeft, trois localités voisines à la frontière Mali-Burkina-Niger.
Le dimanche 8 août 2021, des hommes lourdement armés sur les motos ont massacré plus d’une cinquantaine de civils à Ansongo, emporté des animaux, laissant sur place plusieurs blessés, des maisons saccagées et incendiées. Selon des sources locales, ces hommes armés sont venus et ont tiré sur tout ce qui bougeait. Certaines victimes quittaient leurs champs, d’autres étaient simplement assises en train de causer.
Pas de raison spécifique connue pour le moment, expliquent d’autres sources locales. Les premières informations disent que l’armée a arrêté trois personnes la semaine dernière à la foire au bétail. Elles sont soupçonnées de vendre les animaux volés aux populations. Les terroristes estiment que ces trois ont été dénoncés par les populations locales aux FAMa. Et que le drame serait donc des représailles contre cette dénonciation.
L’État islamique dans le grand Sahara, le principal groupe terroriste qui opère dans la zone est fortement soupçonné d’être l’auteur de ces massacres. De nombreux militaires maliens et onusiens se sont rendus sur place pour sécuriser et « ratisser » la région. Mais à Bamako, l’angoisse est perceptible pour les familles de victimes. Le visage cerné, un ressortissant d’un des villages attaqués ce dimanche n’a pas fermé l’œil depuis 24h. Malgré l’arrivée des secours, il craint toujours pour la sécurité de ses proches. « Nous, on a pas pu communiquer avec eux. Évidemment, c’est l’inquiétude. Les gens en pareille situation ont toujours peur » dit-il.
Situés en plein cœur de la zone des trois frontières Mali, Niger, Burkina Faso, les environs sont régulièrement le théâtre de combats entre les groupes terroristes et les armées conventionnelles. Prises en étau, les populations sont les principales victimes des exactions. « Ce qui nous a surpris, c’est l’envergure de l’attaque, mais en réalité la zone était déjà exposée. Ça fait plusieurs années, il n’y a pas d’État et souvent il y a des incursions de ces forces du mal. Donc ce qui s’est passé hier, c’est la preuve que c’est un no man’s land occupé par les groupes terroristes qui font ce qu’ils veulent en réalité », poursuit cet interlocuteur.
Outre la sécurisation des localités, la prise en charge des rescapés préoccupe les associations communautaires. « Des bras valides sont partis, des familles vont tomber dans les difficultés. Ils ont besoin d’assistance psychosociale, ils ont besoin d’assistance alimentaire, ils ont besoin d’assistance sanitaire, ils ont besoin d’être tranquillisés», explique un des responsables de ces associations. En cette période d’hivernage traditionnellement dévolue à l’agriculture, l’aggravation de la crise humanitaire pourrait augmenter le nombre de victimes collatérales de ces attaques.
Un deuil national de trois jours a été décrété à compter de ce mardi 10 août suite à la mort d’une cinquantaine de personnes dans cette localité du cercle d’Ansongo par le Président de la transition, Chef de l’Etat, colonel Assimi Goïta.