Il y a quelques semaines, nous consacrions un article à l’état des routes dans la capitale en cette période d’hivernage. Nous écrivions alors que les ravages causés par les fortes pluies, le poids du temps, les effets de la surcharge sont les principales cause de la dégradation des routes. Mais au-delà des voies de la capitale, tous les axes routiers du pays sont exposés à une dégradation rapide pour diverses raisons dont la moindre n’est pas la surcharge des gros porteurs.
Pourtant la construction des routes coûte très cher. Au cours des deux dernières décennies, notre pays avec l’aide de ses partenaires, notamment l’Union européenne, a beaucoup investi dans la construction et la réhabilitation d’infrastructures routières. Mais une chose est de construire des routes et une autre de les entretenir.
C’est pour préserver ces routes qui sont réalisées à coup de milliards que les autorités ont conçu une politique d’entretien routier. Cette politique vise à évaluer et redresser l’état de nos routes. Et comme tout programme, l’entretien des routes exige des fonds. C’est pour prendre en charge cet impératif de financement qu’un Fonds de l’entretien routier (FER) a été mis en place. Il est dirigé par l’Autorité routière (AR). Créée en 2000, le FER comme l’indique sa dénomination a pour mission d’administrer les fonds destinés à l’entretien du réseau routier. Sa création participe de la mise en place d’un mécanisme de financement pérenne et suffisant pour l’entretien des infrastructures routières. Le Fonds paiera donc les travaux d’entretien du réseau routier dont les voies urbaines aménagées.
L’entretien routier englobe plusieurs volets : l’entretien courant et périodique, l’amélioration de la sécurité routière, les travaux ponctuels de grosses réparation en vue du rétablissement de la circulation suite à des dégâts causés par les intempéries, des accidents ou les catastrophes naturelles et les prestations de services liées à l’entretien routier.
Les ressources de l’Autorité routière proviennent essentiellement de la commercialisation du service de la route. Ainsi, l’usager paie pour le service que la route lui rend en contribuant à son entretien. Cela s’est traduit par la création de postes de péage et de pesage à l’entrée des villes. Le paiement du péage est conditionné au type d’essieux du véhicule. Le montant varie entre 500 et 3500 Fcfa. Les fonds de l’autorité sont constitués de ses ressources propres, de la contribution de l’Etat et de ressources diverses.
Au cours des cinq dernières années, le portefeuille du financement de l’Autorité routière s’est élevé à plus de 97 milliards Fcfa dont, plus de 75 milliards au titre des ressources propres et 21 milliards au titre des subventions de l’Etat. Durant la même période, le taux des ressources propres dans le budget est passé de 40% en 2008 à 95,01%. Malgré cette performance, l’autorité routière est actuellement confrontée à un déficit de financement d’environ 65%. Avec ses moyens relativement modestes, le FER finance les réparations indispensables, explique Djibril Tall, le directeur général de l’Autorité routière.
Pour le maintien en état des routes nationales et des liaisons régionales, l’Autorité routière assure régulièrement, grâce au Fonds d’entretien routier, les opérations d’entretien préventif pour maintenir praticabilité des ouvrages en toute sécurité. De même, la structure effectue des opérations de réhabilitation des sections dégradées. C’est le cas actuellement sur l’axe Bamako-Dakar qui passe par Kayes et Diboli. Communément appelé Route nationale 1 (RN1), cet axe est long de 810 km.
L’Autorité routière effectue en ce moment des travaux d’entretien sur l’ensemble du corridor Bamako-Diboli à la frontière sénégalaise sous la maîtrise d’ouvrage délégué de l’Agence d’exécution des travaux d’entretien routier (Ageroute). Les travaux sont divisés en lots. Les tronçons Ludo-Sébabougou-Diéma-Sandaré bénéficient d’un entretien courant tandis que ceux de Sandaré-Kayes-Diboli font l’objet d’un entretien périodique échelonné sur 4 ans. Le coût de l’entretien courant des tronçons Ludo-Sébabougou-Diéma-Sandaré est estimé à 700 millions de Fcfa.
L’entretien périodique des tronçons Sandaré-Kayes-Diboli va coûter 21 milliards de Fcfa sur les 5 prochaines années. Pour 2013, l’Autorité routière entend financer à hauteur de 5 milliards de Fcfa l’entretien périodique des tronçons concernés. « C’est notre plus gros financement de l’année. Car cette route est stratégique pour l’approvisionnement de notre pays par le port de Dakar », explique un responsable de l’Autorité routière.
« Une chose est de veiller à l’entretien de nos routes, une autre est de veiller à la limitation des surcharges des véhicules. Nous avons beau réparer les voies, si les usagers ne tiennent pas compte de l’effet néfaste de la surcharge sur nos routes, tous nos efforts seront vains », observe le directeur général de l’Ageroute, Modibo Kéïta, précisant que la structure qu’il dirige veille à la praticabilité, en toute période, de tous les corridors d’approvisionnement du pays dont celui reliant notre capitale à Dakar.
Pendant la longue crise ivoirienne, c’est par Dakar que près de 70% de nos marchandises transitaient. L’accroissement du trafic des gros porteurs a sérieusement dégradé cet axe routier.
Mais aujourd’hui, le trafic est moins dense. Tout de même, chaque jour 150 à 200 gros porteurs sont enregistrés au poste de péage et pesage de Diboli, comptabilise Alpha Dolo, le chef d’équipe de ce poste. Et malgré son entretien courant, la route est abimée sur certains tronçons. Ainsi, si la voie est sérieusement dégradée par endroits entre Bamako et Diéma, avec des nids de poule plus ou moins grands, il est agréable de rouler entre Sandaré et Diboli. Par ailleurs, une équipe de techniciens opère actuellement sur le tronçon reliant Kayes à Diboli pour le renforcer.