Le 18 août 2020-18 Août 2021. Un an après la chute d’IBK, nous avons tendu le micro aux populations pour connaitre leur opinion sur la situation du pays. Lisez plutôt !
Madani Camara, membre du conseil d’administration de Fafpa
« Un an après la démission forcée d’IBK, les maux qui ont conduit à sa chute demeurent toujours. La situation sécuritaire semble toujours être hors de contrôle. La transition tarde à donner un signal fort dans la lutte contre la corruption. S’agissant de l’emploi des jeunes, la situation reste à désirer. Mais l’espoir est permis si nous nous mettons ensemble pour regarder dans la même direction. Je vois qu’ils se comportent comme un régime normal ; or ce n’est pas le cas. En ce qui concerne la prorogation de la transition, on n’a pas le choix car sur les 18 mois, on a déjà perdu 12 dans l’immobilisme…. Je demande aux autorités de transition d’aller vers l’essentiel, c’est-à-dire : la sécurité et l’organisation d’élections libres et apaisés ».
Coulibaly Diaba Diakité, assistante médicale à l’Iota
« Par sa gestion calamiteuse du pays (corruption, népotisme, la mal gouvernance et son incapacité à résoudre la situation sécuritaire du pays), l’ancien Président, Ibrahim Boubacar Keïta s’est vu renversé. Aujourd’hui, nous apprécions l’évolution des choses. Ce que je demande à la population, c’est d’aider ces jeunes à sortir le pays du gouffre. A mon humble avis, il faut leur donner le temps nécessaire pour mettre le pays sur les rails, car ils ont la ferme volonté de réussir. Le fait d’harmoniser les salaires des travailleurs a été quelque chose de bien, qui a beaucoup apaisé le front social. Je fais partie de la première promotion du Service national des jeunes. Il faut cultiver le patriotisme en les jeunes encourageant à travailler dur. Il est une nécessité de donner du temps à cette transition. Il ne sert à rien de se précipiter pour aller aux élections sans l’apaisement et la quiétude en amont…».
Seydou Diakité, enseignant
« Un an après la chute de ce régime décrié que certains qualifiaient de moribond et désastreux, la situation reste la même. Aucun changement significatif.
Cette transition n’est pas capable de faire bouger les lignes. Je pense qu’il faut partir aux élections. La transition, plus ça dure plus, plus il aura des problèmes. Dans un Etat, les problèmes ne finissent jamais. Le mieux serait d’organiser les élections et donner le pouvoir aux civils. Ils ont pris un engagement envers le peuple et la communauté internationale. Le front social, c’est autre chose. Une transition ne peut pas tout gérer. Les militaires doivent être dans les casernes. Leur mission, c’est au front. J’en veux aussi à la classe politique qui est la source de beaucoup de nos malheurs. En tout état de cause, dans une démocratie le pouvoir doit être dans la main des politiques ».
Kanstou Fofana, étudiante,
« L’arrivée des militaires au pouvoir avait suscité beaucoup d’enthousiasme au sein de la population. Pour le moment, à mon humble avis je n’ai pas vu de grand changement sur le plan social, la situation est exécrable. Tout est cher dans nos marchés. Cette cherté s’explique par plusieurs raisons dont la pandémie du Covid-19 qui couple avec la crise politique et institutionnelle.
Le point positif que j’ai noté c’est le travail du procureur Touré de la commune 4, qui œuvre sans relace pour mettre fin aux laisser-aller, à la corruption et à l’impunité. Je crois qu’on peut leur faire confiance pour la suite car, ils savent qu’ils sont condamnés à réussir… »
Mahamadou Keita, Comptable
«Certes les acteurs du coup d’Etat de l’année dernière n’ont pas un bâton magique pour changer radicalement les choses. Mais les maux qui ont fait partir IBK demeurent toujours. L’appel que j’ai lancé aux autorités de la transition c’est le respect de la charte. Pour moi, tout homme est jugé en fonction de sa parole. Il faut qu’ils respectent le délai de cette transition. Elle doit être une période courte, car plus c’est long, plus on ne serait pas l’abri d’autres sanctions. De ce fait, on leur demande juste d’organiser les élections et partir à la date convenue. Si tout est bloqué, c’est à cause de la transition car les bailleurs de fonds, les multinationales, les partenaires du Mali ne vont jamais prendre le risque de faire des investissements chez nous dans cette situation d’instabilité permanente.
La solution est très simple. Si nous acceptons de faire un sursaut, et parler le même langage, nous sortirons vite de cette situation qui n’a que trop duré. »
Oumar Tangara, Ouvrier
« Je comprends l’impatience des uns et des autres, car on a tous soif de paix et de justice. Il y a déjà une amorce de changement. Donnons du temps aux militaires ; je suis sûr qu’ils vont amener le bateau Mali à bon port. Il y a des difficultés certes, mais ensemble nous pouvons relever les défis. Pas question de parler d’élections en ces temps-ci. Pendant plus de 30 ans, les mêmes hommes politiques ne se soucient que d’élections. Il nous faut un Mali refondé, libéré et uni. Peu importe le temps que cela prendra. D’ailleurs, l’espoir est en train de renaitre entre les Maliens pour le Mali Koura. Le changement est un processus continu. On ne peut pas dire que les lignes n’ont pas bougé avec l’arrivée du Premier ministre Choguel. Et personne ne peut dire que tout pouvait changer en si peu de temps ».
Yacouba Diarra, opérateur économique
« Il est trop tôt pour dire quoi que ce soit, sauf si on est de mauvaise foi. IBK et sa famille ont passé 7 longues années à nuire à ce pays. Vous comprendrez aisément qu’une année ne suffit pas pour remédier à tous ses maux. Presque rien n’a marché pendant les années dites démocratiques, on a tous compris que tous ces bruits de gauche à droite, ce sont les mêmes qui ont mis ce pays à terre, et ils vont tous répondre de leurs actes. Pour moi, parlez d’élections maintenant est une insulte aux populations des zones occupées. La majeure partie du pays nous échappe. Il faut donner 3 ans aux militaires, afin de poser les jalons d’un nouveau Mali avant de penser aux élections ! »
Par Solo Minta
Diallou Sacko, restauratrice
La trentaine révolue, Diallou Sacko est une restauratrice au quartier Bougouba, en commune I du district de Bamako. « Je fais ce boulot depuis l’âge de 18 ans. Actuellement, on se débrouille avec la cherté de la vie. Depuis le coup d’Etat, les prix des denrées de première nécessité ne font qu’augmenter » a-t-elle déploré. Avant de poursuivre qu’avant, le prix du kilogramme de la viande avec os était vendu à 2200 FCFA, actuellement il est vendu à 3000FCFA et la viande sans os était vendue à 2800FCFA/kg ; aujourd’hui, le kilo est cédé à 3500FCFA. « Depuis que j’ai commencé à faire la restauration, je n’avais pas acheté la viande de bœuf à ce prix. On ne trouve presque plus de bénéfice dans la vente de viande avec brochettes et du sandwich», précise-t-elle. Parlant du prix du riz gambiaka, la restauratrice dira que le sac de 50 kilogrammes est vendu à 25 000 FCFA. Avant la transition, c’était vendu à 20 000 FCFA. « Le sac de 50 kilogrammes de riz d’une autre qualité, jadis vendu à 15 000 FCFA, est cédé aujourd’hui à 20 000FCFA », a-t-elle ajouté. Elle dira «L’huile aussi fait partie de cette cherté actuelle. Avant, le litre d’huile était vendu à 900 FCFA et même 800 FCFA. Actuellement, le litre d’huile est vendu à 1200 FCFA. « On ne sait plus quoi faire de cette situation. On prépare pour ne pas perdre la clientèle, sinon on n’arrive plus à s’en sortir », a-t-elle expliqué. Avant de conclure que les autorités actuelles doivent trouver une solution à la situation qui fait souffrir tout le monde.
Aminata Doumbia, comptable
Agée d’une quarantaine d’années, elle dira qu’en tant que mère de famille, avant la chute d’IBK, les prix des denrées de première nécessité augmentaient en un certain temps, mais après ça diminuait. « Après cette chute, ce n’est plus le cas. Dès qu’un prix augmente, ça ne diminue plus. Nous sommes dans cette situation ça vaut une année. L’exemple frappant est le prix du kilogramme de la viande de bœuf…», a-t-elle fait le constat. Elle a aussi mis l’accent sur le prix du bidon de 20 litres d’huile. « Avant la chute du régime d’IBK, le bidon d’huile (20 litres) était vendu entre 14000 FCFA ,15000 FCFA parfois 16000 FCFA. Maintenant, ça fait à peu près une année que le bidon d’huile de 20 litres est vendu jusqu’à 21000 FCFA, voire 22000 FCFA, et le bidon de 5 litres était vendu entre 4000 FCFA et 4500 FCFA. Aujourd’hui, il est vendu à 6000 FCFA », dira-t-elle. « Vraiment les femmes souffrent alors que les prix de condiments journaliers que nos maris nous donnent ne changent pas. Tout ce que je peux dire par rapport à la chute d’IBK, est que la vie est toujours dure. Sur certains plans, ça s’est même aggravé », conclut-elle.
Par Fatoumata Fofana
Désiré Guelly, directeur et fondateur du complexe scolaire Henoc et Pascal (Sokorodji et Magnambougou)
« Un an près IBK, ce qui a changé c’est la rigueur. Après la rigueur, la situation est telle qu’elle est. Au temps d’IBK, les gens mangeaient, tout le monde était rassasié, et tout le monde avait les bureaux de part et d’autres. Maintenant toutes les portes sont verrouillées, c’est-à-dire fermées. Les gens se contentent de leurs salaires. Pour la première fois dans l’histoire également, les collègues des écoles publiques ont décidé de boycotter les examens. Et par la grâce de Dieu, les tenants du pouvoir aussi ont appliqué la rigueur. Et les examens se sont tenus. Ce qu’on n’a jamais assisté dans ce pays. En un mot la corruption a diminué, c’est tout. A part ça, rien. Nous souhaitons que celui qui est là actuellement, puisse mettre « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » aujourd’hui.
En conclusion, il faut que le régime en place nous aide par la grâce de Dieu, à avoir une main mise sur la masse. Le Malien que nous sommes, nous n’avions plus besoin de quoi que ce soit, si ce n’est que renouveler nos mentalités. Le vrai problème c’est les mentalités. C’est ça qui nous reste dans ce pays, que nous puissions avancer dans la gloire, dans la dignité, dans l’amour du père. Nous remercions Dieu, nous remercions le régime en place. Que Dieu soutient ce régime, qu’il les aide à aller jusqu’au bout. Amina Yarabi.
Karim Tolo boutiquier à Sokorodji
Un an après IBK, rien à changer. Tous les problèmes qu’on reprochait à IBK, n’ont pas connu de solution. C’est toujours les mêmes problèmes, le problème du nord, qui s’aggrave de jour en jour à des tueries qui n’ont pas cessé. A Nioro c’est pareil. Autres problèmes reprochés à IBK, c’est le problème de l’école malienne. On n’a pas connu le boycott des examens au temps d’IBK.C’est l’école qui doit être la première solution et après on trouvera la solution à d’autres problèmes. L’article 39 qui l’a signé ? Moi personnellement je n’ai vu aucun changement depuis qu’IBK est parti. A cela, s’ajoute le prix de viande qui a connu une augmentation. Le kilo de viande vendu à 3 500 F CFA, du jamais vu au temps d’IBK. Si à un an bouclé on n’a pas vu de changement, ce n’est pas en six mois que nous verrons le changement. Le « Mali Koura »dont on parle ne se fait pas comme ça. On est entrain de détruire « Mali kôrô » au détriment du « Mali Koura ». Le « Mali Koura » ne se bâti pas comme ça. On est loin du « Mali Koura »Ceux qui prétendent qu’on ne peut pas organiser les élections en temps de guerre, d’insécurité. A part Alpha Oumar Konaré, toutes les élections organisées au mali se sont déroulées en temps de guerre ou d’insécurité.
Moussa Doumbia taximan à Sokorodji
Depuis le départ d’IBK, selon moi le Mali n’a connu aucun changement. C’est toujours le même problème au nord qui sévit. Nous les chauffeurs de taxi, sommes confrontés à trop de problèmes. L’état des routes, les tracasseries policières qui s’aggravent de jour en jour. Les policiers n’hésitent pas à venir nous arrêter jusqu’au feu. A cela s’ajoutent les problèmes des Motos – taxi qui ne sont pas en ordre. Il va falloir les régulariser. C’est comme IBK est parti, c’est un autre IBK qui est venu. A l’heure actuelle, la solution est loin d’être atteinte. Me prononçant sur la durée de la transition, si les autorités actuelles changent de fusil d’épaule, on pourrait opter pour la prolongation de la transition. Mais si c’est le même scénario, on refusera la prolongation de la transition.
Par Almihidi Touré
Tatou Diawara
« Pour moi, les attentes des Maliens n’ont pas été comblées. Le régime des nouveaux bourgeois. Chaque régime a son bourgeois. On assiste en lieu et place des actions sérieuses à des campagnes de propagande et l’émergence de nouveaux bourgeois. Ils n’ont posé jusque-là aucun acte qui rassure les Maliens. Ils n’ont pas besoin de clubs de soutien car quand on parle de Malikoura, il faut faire table rase des actions qui ont conduit à l’échec du régime déchu. Par exemple, quand tu parles de l’incompétence d’un ministre de la transition, au lieu d’apporter des arguments de contraires, ils répondent en disant que l’incompétence dans le pays date depuis le temps d’IBK. C’est pour le changement qu’IBK est parti. On ne doit même plus parler de lui pour justifier les problèmes qu’ils n’arrivent pas à résoudre aujourd’hui. Tout ce qui a été fait par et sous IBK doit être balayé. On ne doit même plus parler de lui ou se comparer à lui. On ne peut pas vouloir faire le changement et trouver toujours comme bouc émissaire l’ancien régime pour justifier son incompétence face aux problèmes du pays. C’est pourquoi je dis qu’ils ne font que de la propagande. Ils ont cloué le peuple au recto verso.
C’est dommage aussi que ni les politiques ni les militaires ne posent d’acte concret.
Malick Konaté, Journaliste-activiste
Les attentes des Maliens sont énormes et rien n’a été fait. Rien n’a été fait entre le 18 août et maintenant. Et les autorités de la transition ne font actuellement rien sur aucun plan.
Abou Bagayoko, réparateur de motos à Kalaban-coro-Koulouba
Absolument rien n’a changé. La situation a au contraire empiré. Parce qu’ils sont venus avec l’espoir d’un changement dans le pays. Au lieu de ce changement, nous assistons au contraire à la cherté de la vie avec l’augmentation des denrées de première nécessité dont le riz par exemple. Ça aurait été mieux si Boua (IBK) était resté. Même pour le respect du délai de la transition, rien n’est certain. Ce qui ne présage rien de bon. Et je n’ai aucun espoir du changement promis.
Diasson Magassa,
conseiller communal de la mairie de Dioumara-Koussata (cercle de Dièma, région de Nioro)
Sur la gestion de la chose publique, on peut dire que les choses commencent à changer et on a espoir que beaucoup d’autres choses vont changer.
Le changement ne se fait du jour au lendemain. Mais je suis contre la prolongation du délai de la transition.