Face à la cherté du prix de la viande sur le marché, les vendeurs de poissons fumés en profitent et se frottent les mains.
Mardi 17 août 2021, sous une fine pluie, nous nous sommes rendus au marché de Banankabougou. En ces moments d’hivernage, il n’est pas facile de faire des achats dans ce marché en raison de son environnement malsain. Qu’à cela ne tienne, nous nous sommes rendus. Ici, ce qui crève les yeux dès qu’on met les pieds, c’est bien les flaques d’eau çà et là avec son lot de mouches.
Dans une ambiance très animée, le marché de Banankabougou donne la possibilité aux clients de s’octroyer toutes sortes de condiments ainsi que la viande, le poisson fumé sec. Le hic est que le prix des condiments est hors porté. Tout est cher.
Face à cette situation, les ménagères sont généralement tentées de se rabattre sur le poisson fumé pour agrémenter leurs sauces. Le long des rayons réservés aux poissons se dresse une file de vendeuses de poissons de différentes qualités. Installées sous des parapluies, ses bonnes dames et messieurs sont assis sur des tabourets ou sur de longues chaises.
Vendeuse de poisson, Maïmouna Diarra, la cinquantaine, assise sous un hangar, expose son produit : des poisons fumées sur un grand étal de 3 mètres. Bien connue des clients, celle qui a passé 20 ans dans la commercialisation du poisson, étale diverses variétés de poissons fumée sec : les carpes, les capitaines, les silures. Si d’ordinaire, il n’y avait pas d’affluence, le box de Maïmouna grouille aujourd’hui de monde. « Depuis que le prix du kilogramme de la viande rouge a connu une augmentation, mon stand est pris d’assaut par de nombreux clients », affirme-t-elle.
Elle témoigne que dans un passé récent, le kilogramme du poisson fumé était vendu à 2 400 F CFA. Mais aujourd’hui, il est cédé à 3 000 F CFA et l’espèce de poisson appelé « capitaine ».
Contigu à Maïmouna, le hangar de Rokia Diallo ne désemplit pas. Celle qui avait de la peine à écouler deux cartons de poisson par jour, arrive à vendre actuellement jusqu’à 5 cartons.
A quelques mètres de là, une autre vendeuse de poissons, H. K qui se dit être la vendeuse de poisson fumé le plus célèbre du marché, laisse entendre « qu’il arrive à tirer son épingle du jeu ».
A ses dires, au départ, le kilo du gros poisson fumé venant de Mopti vendu à 2500 F CFA est aujourd’hui liquidé à 3 500 F CFA et le petit poisson fumé à 1 800 F CFA selon les vendeurs et selon les marchés.
Interrogé sur cette augmentation brusque du prix du poisson fumé sec, H.K l’attribut à des facteurs exogènes dus à la pandémie du Covid-19 et la cherté du prix de la viande.
Si les vendeurs de poisson fumé se frottent les mains, les clients expriment leur désarroi. Pour Annemah Yacouba, le poisson fumé devient cher et les prix de condiments ne leurs permettent pas des dépenses supplémentaires dans l’achat de la viande. Il ajoute :« je préfère acheter du poisson qu’un petit morceau de viande qui n’aura pas un goût dans la sauce ».
En attendant que les autorités de la transition pensent au panier de la ménagère, à prendre des mesures pouvant diminuer les prix des condiments et de la viande, plusieurs familles continuent à manger du poisson fumé sec.