A la Pharmacie populaire du Mali (Ppm), on est loin du temps où l’actuel Pdg, Mamady Sissoko, qui venait à peine de déposer ses valises, déclarait avec emphase après la tenue du Conseil d’administration, un bénéfice de 1,3 milliard en se réjouissant que c’est une première dans l’histoire de la Ppm. A l’heure actuelle, c’est l’inverse, la Ppm est au bord de la faillite avec des dettes cumulées de plus de 26 milliards de nos francs, en plus du bradage de son patrimoine immobilier. Ce qui justifie qu’il soit moins loquace à présent.
La Pharmacie populaire du Mali, c’est la descente dans l’abîme et les travailleurs qui apprennent que leurs salaires de ces derniers mois ont été sauvés grâce à des découverts bancaires, sont inquiets et veulent une intervention urgente de l’Etat avant qu’il ne soit trop tard. Ces découverts bancaires ont provoqué un niveau d’endettement à court terme auprès de deux banques de la place, notamment Ecobank et la Bms-sa, à hauteur de plus de 6 milliards et demi, plus précisément 6 milliards 687 millions Fcfa, avec respectivement 3 milliards au niveau d’Ecobank et 3,687 milliards à la Bms-sa.
Un passif déjà trop lourd qui vient s’ajouter à une ardoise fournisseur qui renvoie à un gouffre financier : près de 20 milliards de nos francs. Exactement : 19 353 774 120 Fcfa. Il s’agit des encours fournisseurs hors médicaments pour 279 765 301 Fcfa ; les encours fournisseurs de médicaments pour les années 2019, 2020 et 2021 qui s’élèvent respectivement à : 4 062 131 317 Fcfa, 6 247 114 971 Fcfa, 8 764 762 531 Fcfa. Alors que le premier semestre de l’année 2021 vient à peine de se terminer, l’on se demande bien jusqu’où peut aller la profondeur du gouffre.
Pourquoi donc ce niveau d’endettement dans les banques ? Le paiement des salaires justifie-t-il autant de dettes en cash ? A quel taux d’intérêt ? Avec l’avis, disons l’aval, de qui ? Le ministère de tutelle, notamment le Ministère de la Santé ou le Conseil d’administration ? Reste à voir !
C’est vrai que l’on peut utiliser comme prétexte les encours du Ministère de la Santé et du Développement social à hauteur de près de 14 milliards, en plus de quelques autres encours qui ramènent les créances à près de 19 milliards Fcfa. Mais de 19 milliards de créances à 26 milliards de dettes, le calcul est vite fait pour tomber dans un gouffre financier assez profond.
L’inquiétude des travailleurs est d’autant plus grande qu’en plus des difficultés financières rencontrées, la Pharmacie populaire du Mali a perdu une bonne partie de son patrimoine immobilier mise en bail de 99 ans. La question qui se pose d’ailleurs à ce niveau est de savoir si, en tant que Pdg de la Pharmacie populaire du Mali, il a le droit de céder ainsi les immeubles à des tiers et les autoriser à les casser.
Que dire des deux camions neufs de la PPM contenant des stocks de médicaments d’une valeur de 109 millions Fcfa disparus sur la route de Mopti ? La suite de ce dossier est toujours attendue.
Par ailleurs, où en est le projet des entrepôts initiés par son prédécesseur, le Dr Sanogo, qui devait les inaugurer à la veille de son départ ? Et les petits travaux de finition de bâtiments dans les régions ?
Des questions auxquelles, certainement, les services d’inspection et de vérification auront à répondre puisque nous apprenons qu’au niveau du Ministère de la Santé et du Développement social, l’alerte y est parvenue et on a donc décidé d’y voir désormais plus claire dans la gestion de la Ppm, en attendant de se pencher sur le sort de l’actuel Pdg qui n’est pas du tout enviable parce qu’au vu de ses rapports d’activités des 1er et 2ème trimestres 2021, dont nous détenons copie, il ne peut être assis que sur un fauteuil éjectable.