Depuis 2012, la république du Mali est certainement dans une impasse sociopolitique et sécuritaire. L’Imam Mahmoud Dicko, dans une récente sortie médiatique sur NewAfrican, attribue cette triste situation à la faillite de l’élite politique. D’où son initiative de réunir, le samedi 28 août 2021, chez Ousmane Madani Haïdara, le président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM), l’ensemble des leaders des confessions religieuses du Mali, en l’occurrence : le Cardinal Jean Zerbo, archevêque de Bamako et le Révérend Nouh Ag Infa Yattara, le Représentant des Eglises évangéliques du Mali, afin qu’ils puissent, avec les acteurs politiques et les forces vives de la nation, se mettre au chevet de la République du Mali agonisante. Au terme de leur rencontre, les leaders religieux appellent les maliens à : « un sursaut national, un changement de comportement et une mobilisation pour la paix et la stabilité au Mali. ». Mais peut-on réellement créer entre les sphères : politique et religieuse, une synergie pour provoquer ce sursaut politique national dont la République laïque du Mali a tant besoin?
La religion appartient au domaine spirituel, elle régit les rapports entre les hommes et Dieu, tandis que la politique relève du pouvoir temporel, de l’organisation de la société terrestre. C’est la politique qui permet aux hommes, vivant dans une société organisée, de gérer les affaires publiques. Les deux sphères ont des objectifs communs, mais elles ne relèvent pas du même pouvoir. Toutefois, la religion et la politique ont des aspirations et des vocations communes. Les deux sphères tentent constamment de relier les hommes, de les rassembler autour de projets communs ou de visions du monde communes. Ainsi la collusion entre religion et politique est devenue très forte dans une grande partie du monde. C’est notamment le cas spécifique du Mali avec une population majoritairement de confession musulmane.
Ainsi depuis l’avènement de la Démocratie multipartiste dans notre pays, les leaders religieux (notamment de confession musulmane) et les Hommes politiques n’ont eu de cesse d’être de connivence pour la gestion concertée du pays. Les guides religieux, bénéficiant d’une grande influence au sein de la population (majoritairement analphabète), ont fini par avoir un ascendant sur les hommes politiques désormais en manque de légitimité politique. Les religieux sont-ils capables d’aller au-delà de leur influence politique ?
De toute façon, la Constitution malienne interdit la création de partis politiques d’obédience confessionnelle. Néanmoins de nombreux leaders religieux sont devenus des acteurs phares dans des prises de décisions politiques majeures. Ces guides religieux notamment musulmans ont pris goût à jouer le rôle de décideurs politiques officieux. Vont-ils continuer de se contenter de leur substantiel privilège ? Où bien seront-ils in fine amener à descendre à visage découvert dans l’arène politique ? Sans être un acteur politique formel, un important Guide religieux de la place n’a-t-il pas déjà averti publiquement qu’aux prochaines élections, il donnera des consignes aux membres de son importante association religieuse afin qu’ils votent notamment pour le candidat de son choix !