Les versions divergeaient jeudi sur l'accrochage ayant impliqué la veille dans le nord du Mali des militaires maliens à des hommes en armes, l'armée malienne affirmant "sécuriser" la zone contre des "bandits", les rebelles touareg du MNLA se disant attaqués par elle.
Ces incidents armés se sont déroulés mercredi à Léré, dans le nord-ouest du Mali, près de la frontière mauritanienne, à une semaine d'une cérémonie prévue à Bamako, le 19 septembre, en présence de nombreux chefs d'Etat, pour marquer l'élection d'Ibrahim Boubacar Keïta comme président.
Dans la capitale malienne, deux responsables de l'armée ont expliqué que des patrouilles de sécurisation ont été lancées depuis quelques jours face à la recrudescence de vols de bétail et autres actes de banditisme, notamment dans le Nord qui a été occupé une grande partie de 2012 par des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda.
Dans un premier temps alliés aux rebelles touareg, les jihadistes les ont ensuite évincés, puis ont été chassés à leur tour à partir de janvier 2013 par une intervention militaire lancée par la France, ensuite appuyée par des troupes africaines, toujours en cours.
D'après l'armée, c'est une des patrouilles de sécurisation qui est tombée mercredi sur "des bandits" vers Léré, conduisant à l'accrochage.
Bilan: trois blessés légers parmi les militaires, trois "bandits" tués, selon le lieutenant-colonel Diarran Koné, du ministère de la Défense. Une dizaine de ces hommes ont aussi été arrêtés, d'après le lieutenant-colonel Souleymane Maïga, porte-parole de l'armée malienne.
Une version réfutée par le MNLA, qui a accusé l'armée de l'avoir attaqué dans la zone de Léré.
Plusieurs militaires maliens ont été tués et deux hommes du MNLA blessés, selon Mahamadou Djeri Maïga, vice-président de la rébellion touareg, joint par l'AFP à Ouagadougou.
"Nous avions demandé aux combattants qui ont des armes de poing de se regrouper pour un cantonnement. L'armée en a profité pour les attaquer et, selon nos informations, d'autres attaques se préparent", a-t-il expliqué.
Une source militaire africaine, membre de la force de l'ONU déployée dans le nord du Mali, ainsi qu'une source humanitaire ont confirmé à l'AFP l'accrochage vers Léré, mais elles ont précisé ignorer l'identité des hommes armés qui ont fait face à l'armée.
Véhicule avec près d'une tonne d'explosifs détruit dans le Nord
"Nous n'avons pas eu en face des combattants du MNLA. Nous avons eu en face des bandits armés qui empêchaient les populations de vivre", a insisté le lieutenant-colonel Souleymane Maïga.
Pour Mahamadou Djeri Maïga du MNLA, les incidents de Léré fait peser une menace sur l'accord signé en juin à Ouagadougou entre ce mouvement, un autre groupe touareg et le gouvernement de transition du Mali.
Cet engagement tripartite a permis le cantonnement à Kidal (nord-est) des hommes du MNLA, l'arrivée début juillet de soldats maliens, puis de l'Administration dans cette ville dont le MNLA a pris le contrôle en février 2013, y refusant alors la présence des armée et Administration malienne.
"Nous, nous sommes dans la logique de cet accord. Nous ne voulons pas nous lancer dans un conflit parce que nous voulons respecter notre parole. (...) Si les attaques se poursuivent, nous prendrons tous les risques sur les positions de l'armée", a prévenu Mahamadou Djeri Maïga.
L'accord de Ouagadougou a permis la tenue de la présidentielle sur deux tours sur l'ensemble du territoire. Le second tour, le 11 août, a été remporté par Ibrahim Boubacar Keïta, qui a prêté serment le 4 septembre, en faisant de la priorité "la plus pressante" de son mandat la réconciliation nationale.
Le 19 septembre, M. Keïta sera l'hôte de plusieurs de ses homologues, dont le Français François Hollande, et de plusieurs chefs de gouvernement qui n'avaient pu faire le déplacement pour son investiture le 4 septembre.
Jeudi à Paris, l'état-major de l'armée français a indiqué que lors d'une opération de contrôle, les soldats français ont découvert "un véhicule qui pouvait servir d'engin explosif" dans une localité entre Gao (nord-est) et Kidal.
Le véhicule contenait près d'une tonne d'explosifs, il a été détruit par les Français, ont précisé jeudi soir à l'AFP deux sources militaires - une malienne, une africaine - jointes par l'AFP dans le Nord.